Une décision officiellement contestée par l’intéressé, qui a confirmé son intention de faire appel dans les prochains jours.
Hier, alors qu’Apple dévoilait justement ses nouveaux MacBook Air équipés de puces M3, la Commission européenne rendait son avis sur une plainte pour abus de position dominante déposée par Spotify. Mais, alors qu’on s’attendait à une amende autour des 500 millions d’euros, la note est presque trois fois plus salée.
1,8 milliard d’euros requis contre Apple
C’est la plus grosse amende infligée à l’entreprise américaine. Ce qui est reproché à Apple, c’est en particulier son « abus de position dominante sur le marché de la distribution d’applications de diffusion de musique en continu auprès des utilisateurs d’iPhone et d’iPad […] par l’intermédiaire de son App Store », précise l’avis de la Commission.
En clair, Apple empêcherait les utilisateurs et utilisatrices d’être en pleine connaissance que des offres moins coûteuses que ses propres produits (en l’occurrence : Apple Music) existent. Puisque c’est Spotify qui est à l’origine de la plainte, ce dernier accuse en particulier Apple de l’empêcher d’expliquer à ses clients qu’un abonnement moins cher, duquel est déduit la commission d’Apple, est disponible sur son site web. Pour la Commission, cette politique de la firme de Cupertino a conduit ses clients à « payer des prix nettement plus élevés pour les abonnements de diffusion de musique en continu ».
Un argument difficile à entendre pour Apple qui, dans un communiqué publié hier, rappelle que Spotify ne paie aucune commission sur ses transactions pour la simple et bonne raison qu’il ne permet pas de s’abonner depuis l’application. Les nouveaux clients doivent obligatoirement souscrire à un abonnement depuis la version web du service, échappant de fait à la « taxe Apple ». Par ailleurs, Spotify et Apple Music sont deux services proposés à partir de 10,99 €.
Le torchon brûle entre Apple et l’Union européenne
L’entreprise la plus valorisée du monde est sous le coup de nombreuses attaques ces dernièrs temps. Et cette amende arrive dans une semaine particulièrement décisive pour la marque, qui doit publier dans les prochaines heures iOS 17.4 afin de se conformer au Digital Markets Act (DMA), lequel ouvrira – entre autres – la possibilité d’installer des applications depuis d’autres sources que l’App Store.
Apple se défend de toute position dominante, faisant valoir que Spotify doit son succès et ses 56 % de parts de marché du streaming musical en Europe en partie à l’App Store et à la visibilité qu’il offre. Une défense toutefois teintée de mauvaise foi, Apple allant jusqu’à rappeler que Spotify profite de nombreuses API d’iOS dont… la connexion au Bluetooth.
Adoptant un ton plus ferme encore, la fin du communiqué rappelle à la Commission européenne qu’Apple emploie « plus de 2,5 millions » de personnes en Europe. À bon entendeur, sans doute.