Bien connu des bidouilleurs (et des adeptes de piratage), Yuzu a enfin attiré l’attention de Nintendo. Les développeurs sont officiellement attaqués en justice.
L’émulation de jeux console sur PC (ou sur console hybride comme le Steam Deck ou la ROG Ally) est, et a toujours été une zone grise. La pratique est tolérée, si et seulement si la personne qui la pratique dispose bien d’une copie commerciale du jeu qu’elle cherche à lancer sur une autre machine. Mais Nintendo n’est pas né de la dernière pluie et s’est enfin décidé à œuvrer légalement contre Yuzu, l’émulateur Switch le plus populaire du marché.
Ce qui est reproché à Yuzu
Nintendo a officiellement déposé plainte contre les développeurs de Yuzu auprès de la Cour fédérale américaine, et ses intentions sont claires : faire disparaître l’émulateur disponible depuis 2018, qui permet de lancer facilement des jeux Nintendo Switch sur un PC.
Dans la plainte, relevée par le journaliste Stephen Totilo, Nintendo fait valoir une violation du Digital Millennium Copyright Act (DMCA) et accuse globalement Yuzu de piétiner sa propriété intellectuelle. Yuzu serait « conçu spécifiquement » pour contourner plusieurs barrières de la Nintendo Switch afin que des joueurs et joueuses puissent profiter de titres Nintendo, peut-on lire dans la plainte.
Nintendo demande à ce que la justice américaine mette un terme aux activités de Yuzu. Mais ce n’est pas tout. Très remontée, l’entreprise exige que le nom de domaine yuzu-emu.org et tous les médias sociaux du projet lui soient transférés et les disques dur de l’équipe détruits. Bien entendu, Nintendo estime également avoir droit à de juteux dommages et intérêts.
Quel avenir pour les émulateurs Switch ?
Yuzu pensait sans doute échapper au courroux de Nintendo en ne livrant pas les clés de chiffrement essentielles au lancement des jeux Switch. Pour profiter de l’émulateur, il est en effet nécessaire d’extraire un certain nombre de fichiers d’une console Switch, dont une clé sans laquelle les jeux ne peuvent se lancer. C’est notamment ce qui avait été reproché à d’autres émulateurs par le passé, comme Dolphin, dédié aux jeux Gamecube et Wii. Mais Nintendo estime que Yuzu n’est rien d’autre qu’un « facilitateur de piratage à une échelle colossale ».
Pour Richard Hoeg, avocat d’affaires spécialisé dans le secteur du jeu vidéo et interrogé par The Verge, Nintendo a de vraies chances de remporter son procès. La Cour va effectivement éplucher la façon dont Yuzu a été conçu et pourrait ainsi prouver qu’à un moment donné, une console Switch ou des jeux particuliers ont dû être piratés ne serait-ce que pour tester le logiciel.
Par ailleurs, Nintendo fait valoir que l’existence même de Yuzu nuit à sa réputation… et à ses finances. The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom aurait ainsi été téléchargé illégalement plus d’un million de fois avant même son lancement officiel et la page de soutien à Yuzu sur Patreon aurait doublé sur la même période.
Pour Richard Hoeg, de telles menaces agitées face à une petite équipe devraient être suffisantes pour que l’équipe responsable de Yuzu mette un terme au projet de poursuivre le développement de l’émulateur. Affaire à suivre.