Entretien

David Voinson, notre talent du mois : “Je n’imagine pas ma vie sans scène ni réseaux sociaux”

24 février 2024
Par Anaïs Viand
L'humoriste David Voinson durant son spectacle “David Voinson”.
L'humoriste David Voinson durant son spectacle “David Voinson”. ©Florent All

Faire découvrir de nouveaux talents du monde de la culture, telle est la mission de L’Éclaireur. Aujourd’hui, coup de projecteur sur David Voinson, un humoriste français de 26 ans qui s’est fait connaître sur les réseaux sociaux, notamment avec son personnage de la blonde. Entretien avec cette jeune star montante qui cumule plus de 1,2 millions d’abonnés sur TikTok.

Qu’est-ce qui vous a amené à la scène ? Pourquoi le stand-up ?

J’ai grandi dans le milieu artistique. Lorsque j’étais enfant, mon père était agent de sécurité à l’Olympia d’Arcachon. Je me souviens l’avoir attendu en coulisses et avoir vu défiler des personnalités. Je savais que je voulais être sur scène ou en coulisses. C’est aussi un endroit que je connaissais un peu grâce à la musique, quand je faisais de la batterie. J’ai grandi avec l’humour de Gad Elmaleh ou d’Élie Kakou. Puis, à mes 15 ans, je me suis lancé sur la scène du Café-Théâtre d’Arcachon, sur les pas de Kev Adams, car je voulais parler de sujets qui concernent les jeunes.

Sur scène comme sur vos réseaux, vous évoquez le quotidien d’une génération, votre génération. Vous partagez des anecdotes parfois bien précises. Sont-elles autobiographiques ?

Absolument. Le spectacle porte mon nom et prénom – il n’y a pas de sous-titre. J’y évoque ce que je suis en train de vivre. Je parle notamment de ma relation avec mes parents, avec mes amis ou encore avec les filles. Polyamour, couple libre ou exclusif…

« Toutes les femmes que je rencontre sont mes muses. »

David Voinson

Je ne m’interdis aucun sujet et j’aime parler de la complexité des relations amoureuses. Finalement, ce sont les relations qui nous construisent. Je raconte tout, les difficultés personnelles comme professionnelles… On me connaît par les réseaux sociaux, donc il fallait qu’on en apprenne davantage sur moi. Cela me tenait à cœur et ce premier spectacle était parfait pour cette mise à nu.

Non-communication, sexisme, harcèlement… Vous traitez de sujets épineux et actuels. Comment parvenez-vous à trouver le juste équilibre entre l’humour, la sensibilité et les zones infranchissables ?

Il est vrai que j’aborde des sujets très complexes où je peux vite basculer. J’essaie d’être sincère dans ce que je dis et dans ce que je montre. Par exemple, après de longues hésitations, j’ai choisi de révéler mon côté dragueur. C’est un défaut terrible et, sur scène, on a tendance à vouloir se mettre en valeur, mais cela fait partie de moi. J’ai aussi réalisé des vidéos sur des sujets moins personnels et plus lourds comme le harcèlement et l’endométriose. Des problèmes de société dont je devais m’emparer avec mes mots.

Sur vos réseaux, vous incarnez le personnage de la blonde, comment est-il né ?

La blonde est arrivée parce que je faisais des vidéos sur les relations hommes-femmes et que j’avais envie d’incarner une femme. Aussi, le blond me va beaucoup mieux que le brun et le roux, capilairement parlant [rires].

Par ailleurs, j’ai vécu plusieurs années avec une colocataire. Ensuite, je me suis mis en couple avec une femme. Toutes deux m’ont apporté beaucoup de thèmes. J’ai reçu des punchlines magnifiques qui m’inspirent celles de mes vidéos ! Je voulais leur rendre hommage, en quelque sorte. Toutes les femmes que je rencontre sont mes muses. Je suis conscient que ce personnage peut paraître caricatural et qu’on peut y voir des clichés de genre, mais ce n’est pas mon problème si mon travail est interprété au premier degré. J’essaie de mettre au maximum le pronom “je” et de faire une démarcation entre les vidéos et la réalité.

C’est en faisant la promotion de votre spectacle que vous êtes arrivé sur les réseaux sociaux. Vous avez même déclaré que votre vie avait changé avec ces derniers. Est-ce qu’ils impactent encore votre vie ? Quels rapports entretenez-vous avec eux aujourd’hui ?

Ils me sont indispensables. Je ne m’imagine pas un quotidien sans réseaux sociaux, au même titre qu’une vie sans scène. Les deux sont complémentaires et le rapport au public est différent. Sur les réseaux sociaux, on reste attentif aux commentaires, aux statistiques, au nombre de likes et de partages.

Avec la scène, le contact est véritable, on se parle à la fin du spectacle. Le public a l’impression de me connaître parce que l’on me voit quasiment quotidiennement sur les réseaux. De mon côté, j’ai l’impression de reconnaître certaines personnes avec qui j’ai pu avoir un échange virtuel. Tout cela est touchant. J’aime bien avoir un contrôle total sur mes réseaux sociaux – depuis la création des contenus jusqu’à leur diffusion –, alors que lorsque je monte sur scène, il y a une équipe derrière.

En plus de vos casquettes de musicien et d’humoriste, vous étiez chroniqueur radio dans le bassin d’Arcachon. Vous avez aussi imaginé une shortcom, En terrasse, et écrit un livre recensant vos meilleures punchlines, Les Balles perdues de David Voinson. Est-ce qu’il y a d’autres médiums qui vous intéressent ?

Mon objectif principal est de finir la tournée – je joue mon spectacle jusqu’à mi-2025 en France, mais aussi en Belgique et en Suisse. J’adore jouer dans de plus petites communes. C’est important que le spectacle soit vu par le plus grand nombre. En parallèle, je continue de développer des projets de séries et de films. J’ai eu la chance de faire En terrasse, disponible sur Prime Video, une série que j’avais écrite après le confinement. C’est un premier pas dans la fiction – un peu plus concret que les vidéos diffusées sur mes réseaux sociaux. Mon objectif ultime ? Écrire et tourner pour le grand écran. J’apprends en jouant.

Aux côtés de qui ou pour qui aimeriez-vous jouer ?

Je suis un grand fan de la nouvelle génération, celles et ceux qui font et jouent de la comédie actuellement. Je pense notamment à Igor Gotesman et à sa série Fiasco ou encore à François Civil et Pierre Niney. J’ai été bercé par l’ancienne génération aussi. Jean-Paul Belmondo et Louis de Funès continuent de m’inspirer.

Quels sont vos derniers coups de cœur culturels ?

J’ai eu un coup de cœur pour Laura Felpin dans Ça passe. Elle incarne plusieurs personnages à la perfection et j’ai ri durant tout le spectacle ! Côté musique, j’aime beaucoup Emma Peters qui s’est fait connaître avec des remix de covers sur sa chaîne YouTube. Sa voie est enivrante !

David Voinson, en tournée dans toute la France, du 15 mars 2024 au 1er juin 2025.

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