À l’occasion de la journée européenne pour la protection des données, l’UFC-Que Choisir avance des chiffres inquiétants.
Vertigineuse, inquiétante, surréaliste, et pourtant rigoureuse, la nouvelle enquête menée par l’association de consommateurs lève le voile sur l’ampleur de la collecte de données personnelles pour la journée type d’un internaute français sur ordinateur ou smartphone.
« Je ne suis pas une data »
Les chiffres paraissent trop gros pour être vrais. Selon l’UFC-Que Choisir, un internaute français qui consulte les 10 sites les plus populaires en France est pisté plus de 4000 fois. Des points de données (par exemple l’adresse IP, ou l’historique de navigation) partagés selon l’association avec quelque 1000 entreprises tierces. Des courtiers en données, dont la principale activité est d’amasser un maximum d’informations sur les internautes pour les vendre à prix d’or aux annonceurs, lesquels déploient de la publicité ciblée de plus en plus pertinente.
Et elles en ont besoin, les entreprises, de nos données personnelles pour dresser des profils extrêmement précis de nos goûts et de nos habitudes de consommation. L’UFC-Que Choisir explique : « la filiale de Microsoft spécialisée dans la publicité classe les consommateurs en fonction de plus de 650 000 traits de personnalité et situations personnelles. Nombre de ces traits sont très personnels, voire intimes, tels que « réceptif aux messages émotionnels », « problèmes d’argent », « dépendance au jeu de hasard », « dysfonction érectile », « dépression », « gros acheteur de test de grossesse », « sympathisant de syndicats », ou encore « dépendance aux opioïdes. »
De petites cases dans lesquelles nos simples habitudes de navigation sur le web nous inscrivent à notre insu, et desquels on ne sort pas. Même en cliquant sur la fameuse case « refuser les cookies » présente à l’entrée de n’importe quel site web.
Les droits des consommateurs bafoués
L’UFC-Que Choisir ne se limite pas à un exercice comptable. L’association est allée vérifier à quel point les consommateurs peuvent obtenir un accès facile et éclairé aux données personnelles qui leur échappent. Un droit européen, rappelons-le, qui n’a pourtant pas l’air de provoquer des suées aux entreprises pointées du doigt, comme le démontre ce graphique.
« Sur plus de 1 000 tiers examinés, plus de la moitié d’entre eux (54 %) ne proposent aucun moyen de contact ou ignorent tout simplement les demandes qui leur sont adressées », ajoute l’association, avant d’exiger des sites Internet et des applications plus de transparence sur la collecte, le partage et l’utilisation des données personnelles sur le web.
L’UFC-Que Choisir rappelle pour conclure qu’un outil gratuit développé par ses soins permet d’exercer ses droits en matière de protection des données personnelles.