Apple prend enfin la parole et explique clairement ce que le Digital Markets Act va changer pour l’entreprise et ses clients dans les prochains mois.
C’est assurément un jour à marquer d’une pierre blanche. Après avoir déjà consenti à lever les barrières d’iMessages pour autoriser des conversations avec les smartphones Android, Apple s’exprime aujourd’hui sur un autre sujet brûlant : l’App Store, et plus particulièrement les magasins d’applications alternatifs.
Un App Store assoupli
La marque américaine a publié un long communiqué de presse détaillant par le menu comment le Digital Markets Act (un cadre législatif particulièrement préventif contre la création de monopoles de la tech en Europe) allait concrètement s’appliquer dans son cas. Voici ce qu’il faut en retenir, côté consommateur.
En mars prochain, Apple publiera sur ses appareils iOS 17.4. Une mise à jour qui chamboulera pour de bon l’App Store, hégémonique sur iPhone depuis 2008. D’ici deux mois, les magasins d’applications alternatifs auront droit de cité sur les appareils du groupe. Tout possesseur d’iPhone pourra télécharger un magasin tiers et s’en servir pour gérer ses applications. Si lesdites boutiques doivent être validées par Apple (et les applications scannées pour s’assurer qu’elles ne contiennent pas de virus), vous pourrez y télécharger ce que vous voulez — y compris des applis qui violent les règles de l’App Store, précise The Verge.
Un fonctionnement qui évoque forcément la politique d’Android en la matière depuis maintenant une bonne dizaine d’années. La différence est qu’Apple va chercher à tout prix à garder un œil bien ouvert sur ce qu’il se passe sur ces magasins alternatifs. D’une part, pour éviter que l’iPhone devienne une foire aux applis piratées et malwares, mais aussi pour espérer tirer un bénéfice des ventes qui s’y feront.
C’est l’une des pierres d’achoppement qui oppose notamment Apple à Epic depuis des années : les développeurs souhaitent échapper à la commission de 30% que prélève la Pomme sur chaque transaction effectuée sur l’App Store. En Europe, les développeurs pourront bientôt choisir de contourner les systèmes d’Apple pour les transactions, qu’elles se fassent sur l’App Store ou sur un magasin alternatif. Dans le premier cas de figure, un système tiers pourra être implémenté et Apple ne ponctionnera plus que 17% du montant des ventes. Sur les boutiques alternatives, il sera possible pour les développeurs d’échapper totalement à la « taxe Apple ». À moins qu’ils décident de conserver le système de paiement intégré de la firme, auquel cas ils renonceront à 3% de la transaction.
Les navigateurs tiers vont voler de leurs propres ailes et les services de cloud gaming arrivent nativement
Vous l’ignorez peut-être, mais Chrome ou Firefox sur iOS ne sont en réalité que des costumes pour Safari. Apple interdit en effet sur son système tout navigateur web utilisant un autre moteur que WebKit, celui utilisé par Safari. En tout cas, jusqu’à mars prochain et la sortie d’iOS 17.4.
Une nouvelle ère va ainsi s’ouvrir pour les navigateurs tiers sur les iPhone en Europe. Chrome pourra utiliser le moteur Chromium, comme sur ordinateur. Même chose pour Firefox et son moteur Gecko. Apple nous informe que nous serons invités à sélectionner notre navigateur de choix lors du premier lancement de Safari sur iOS 17.4. Cela ouvrira par ailleurs potentiellement la voie aux extensions pour navigateur tierces sur Firefox, comme on peut déjà en trouver quelques unes sur Android.
Enfin, Apple ouvre officiellement les vannes des plateformes de jeux en streaming sur l’App Store. En d’autres termes : fini de profiter du Game Pass ou de GeForce Now depuis Safari. Ces services, et bien d’autres, auront bientôt droit à de véritables applications natives rendant l’expérience utilisateur plus agréable au quotidien. Un changement décorrélé du cadre du DMA, précise Apple, en ajoutant que ces applications seront disponibles au niveau mondial, pas seulement européen.