Le géant du jeu vidéo enchaîne les polémiques depuis quelques années. Le PDG Bobby Kotick entend redorer l’image d’Activision en annonçant des mesures pour plus d’inclusivité et d’égalité.
En juillet dernier, l’annonce tombe : Activision-Blizzard doit faire face à des accusations de harcèlements sexuels et de discrimination. Le groupe doit désormais y répondre devant la justice californienne, ses actionnaires et ses salariés. Le géant du jeu vidéo avait tenté de suspendre ces poursuites judiciaires mais la demande a été refusée il y a quelques jours. C’est dans ce climat de tension et de polémique que le PDG Bobby Kotick a publié une lettre ouverte où il promet plusieurs mesures pour prévenir et lutter contre le harcèlement dans Activision-Blizzard. Il annonce la mise en œuvre d’une « politique de tolérance zéro » pour que l’entreprise « montre l’exemple en matière de diversité et d’inclusion. »
Une réduction de salaire drastique et plus d’inclusivité
La société américaine est un géant dans l’univers du jeu vidéo. Elle est notamment connue pour Call of Duty (dont le dernier opus sera bientôt disponible) ou encore World of Warcraft. Elle est néanmoins au coeur de polémiques depuis quelques années. À l’occasion du procès qui oppose Activision-Blizzard à l’État de Californie, Bobby Kotick a rédigé une lettre ouverte dans laquelle il annonce de nombreuses mesures pour changer son entreprise. Son salaire, déjà réduit à 875 000 dollars en avril, passera désormais à 62 500 dollars par an, soit le minimum autorisé par la loi californienne. « Pour être clair, il s’agit d’une réduction de ma rémunération globale, pas seulement de mon salaire, précise-t-il. J’ai demandé à ne recevoir aucune prime ou capitaux propres pendant cette période. » À noter que le PDG possède toujours des centaines de millions de dollars d’actions Activision qu’il pourra revendre en cas de besoin financier.
Son plan d’action pour redorer l’image de l’entreprise et améliorer les conditions de travail tient en cinq axes. Première promesse : l’instauration d’une politique de « tolérance zéro » sur le harcèlement au travail. Un employé qui exerce des représailles contre une personne ayant déposé une plainte sera immédiatement licencié. Il promet aussi un meilleur suivi des plaintes et une meilleure protection des plaignants. « Nous augmenterons aussi de 50% le pourcentage de femmes et de personnes non-binaires dans notre personnel et nous investirons 250 millions de dollars pour accélérer les opportunités des talents de la diversité. » Aujourd’hui, seulement 23% des employés s’identifient comme des femmes ou des personnes non-binaires.
La promesse d’une égalité salariale et plus de transparence
Suite à la demande des employés, l’entreprise a annoncé qu’elle renonçait à l’arbitrage obligatoire des plaintes pour harcèlement sexuel et discrimination. Aux États-Unis, cette clause est souvent ajoutée aux contrats de travail et interdit aux travailleurs de poursuivre leur employeur s’ils sont victimes de harcèlement sexuel au travail. Dans le cas d’une action en justice, la société appelle un arbitre privé pour résoudre le problème. Activision poursuivra aussi ses efforts pour plus d’égalité salariale et Bobby Kotick a précisé qu’en 2020, les femmes d’Activision gagnaient en moyenne légèrement plus que les hommes. Dans un objectif de transparence, il a promis que ces résultats seraient communiqués chaque année. Il fera d’ailleurs le point sur l’ensemble des progrès réalisés à travers des comptes rendus trimestriels.
Des polémiques en série
Ces derniers mois, plusieurs groupes américains ont enquêté sur les accusations d’harcèlement sexuel et de discrimination à l’encontre des employés d’Activision. Une action en justice contre le géant du jeu vidéo a été ouverte en juillet dernier et la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi (EEOC) a déposé une plainte en septembre. Depuis le début du procès, au moins 20 employés sont partis. Bien avant cette affaire, Bobby Kotick et son groupe faisaient déjà parler d’eux. Selon CtW Investment Group (qui dénonce les comportements irresponsables à la tête des entreprises), la rémunération du PDG en 2020 était beaucoup trop importante alors que l’entreprise effectuait de nombreux licenciements ces dernières années.
190 employés d’Activision-Blizzard ont été licenciés en mars 2021 et 800 avaient déjà perdu leur emploi en 2019. Aussi, un développeur en Californie touchait 40 000 dollars annuels moyens tandis que le PDG avait gagné 96,5 millions de dollars en quatre ans (uniquement en salaire). Si le verdict du procès est attendu, les salariés et le public attendent aussi de voir si le géant tiendra ses promesses.