Entretien

Victor Meutelet pour Heureux Gagnants : “C’est un film dans lequel on se fait avoir sans arrêt”

07 février 2024
Par Lisa Muratore
Victor Meutelet dans “Heureux Gagnants”.
Victor Meutelet dans “Heureux Gagnants”. ©Pascal Chantier / 2023 Les improductibles - Marvelous Productions - France 2 cinéma - C8 films

Lauréat du prix de la Région Auvergne-Rhône-Alpes au Festival de l’Alpe d’Huez, Heureux Gagnants a marqué la compétition grâce à un dispositif scénaristique surprenant et sa thématique autour du jeu d’argent et de hasard. À l’occasion du sacre de ce film à sketchs, et du lancement de sa bande-annonce, L’Éclaireur a rencontré l’un de ses acteurs, Victor Meutelet.

Qu’est-ce que ça vous fait d’être présent au Festival de l’Alpe d’Huez et de venir présenter Heureux Gagnants 

Ça fait longtemps que je veux participer à ce festival. Il y a une grande réputation autour de cet événement, mais j’ai toujours été la victime qui n’avait jusqu’à aujourd’hui jamais eu de film sélectionné au Festival de l’Alpe d’Huez [rires]. Quand le producteur d’Heureux Gagnants m’a annoncé que l’on partait dans les Alpes, j’étais super content. Ce festival est vraiment à la hauteur de sa réputation.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de la présentation du film ? 

J’ai déjà vu Bis Repetita et Nous, Les Leroy. Je n’ai pas la pression, parce que le travail a déjà été fait. Je pense plus au duo de réalisateurs, Maxime Govare et Romain Choay, qui va présenter pour la première fois le film. J’ai très hâte de le découvrir, car je ne l’ai pas encore vu, et la présence du public dans la salle ajoute vraiment quelque chose. 

Heureux Gagnants a dévoilé sa bande-annonce.

En plus, c’est un film à sketchs, donc j’imagine que vous avez moins la pression. Vous n’êtes pas le rôle principal ! 

Vous voulez dire que j’ai des excuses [rires] ? C’est vrai que c’est un film à segments. Chacun a son sketch et sa propre partition. D’ailleurs, c’est un film à sketchs, à segments, mais pas que ! Il y a des situations différentes, des personnages différents, mais il y a quand même ce fil rouge. Tous les personnages gagnent au loto et vont voir leur vie bouleversée. Les personnages de chacun des segments vivent dans le même monde. On pourrait presque penser qu’ils se croisent dans cette ville.

Dans le jeu, je ne me suis pas dit que j’allais jouer dans un film à sketchs, d’ailleurs. Je me suis préparé de la même manière que sur d’autres projets. En plus, ce format permet aussi d’aller vers plusieurs types de comédies.

Est-ce justement ce format à segments qui vous a donné envie de vous lancer sur le projet ? Qu’est-ce qui vous a marqué à la lecture du scénario ? 

La vision de Maxime et Romain, les deux réalisateurs, m’a beaucoup séduit. Ils avaient envie de traiter chacune des parties à fond, en poussant les curseurs du genre. En ce qui concerne mon segment, il joue beaucoup sur l’ADN de la comédie romantique. Je campe un personnage qui est très intéressant, car on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. À la lecture, à chaque page, je changeais d’avis sur ce personnage. Il y a beaucoup de twists et de situations dans lesquelles on n’arrive pas à comprendre ses véritables intentions. C’est un film dans lequel on se fait avoir sans arrêt !

« J’aime quand les scènes et les films, notamment les comédies, ressemblent à la vie ! »

Victor Meutelet

Ce qui m’a beaucoup séduit, c’est aussi de faire partie de cet ensemble de comédiens. Je pleurais de rire en lisant le scénario. J’avais déjà tourné avec Fabrice Éboué, qui est dans le segment principal avec Audrey Lamy, et je connaissais son génie comique. J’avais la pression, car je me disais que notre segment, face au leur, devait être à la hauteur [rires]. Heureusement, Pauline Clément, avec qui je partage l’affiche, est une tueuse ! 

Comment avez-vous travaillé à ses côtés, d’ailleurs ?

J’adore ce qu’elle propose en tant que comédienne. Elle est très forte. C’est super d’avoir des machines de guerre en face de soi. J’espérais avoir son timing comique. J’ai toujours peur que mes partenaires se disent : “Il n’est pas doué, lui”, mais elle a réussi à me mettre en confiance. On a beaucoup répété ensemble et je n’avais pas de doutes quant à son talent. Elle est à l’écoute. On proposait des choses, on cherchait, on se plantait sur le tournage. On avait une certaine liberté de jeu, bien que le scénario ait été très précis. On pouvait s’amuser ! 

Tweet de Victor Meutelet après la projection au Festival de l’Alpe d’Huez d’Heureux Gagnants.

Je pense à la scène du restaurant. Nous avons fait beaucoup de prises. Dans certaines séquences, nous avons testé l’improvisation et ça partait dans tous les sens. Parfois, nous étions très proches du texte. Je ne suis pas le genre d’acteur qui se pose un milliard de questions sur le texte ou le passé du personnage. En revanche, je m’attache toujours à rendre juste la scène que nous tournons, afin que le moment paraisse le plus naturel possible. J’aime quand les scènes et les films, notamment les comédies, ressemblent à la vie !  

Avec Heureux Gagnants, on ne peut pas s’empêcher de penser aux Nouveaux Sauvages de Damián Szifrón. Quel rapport entretenez-vous avec ce film aujourd’hui ?

C’est l’une des choses qui m’ont convaincu ! Les Nouveaux Sauvages est l’un de mes films préférés, et quand les réalisateurs d’Heureux Gagnants m’ont parlé de faire un long-métrage à la manière de Damián Szifrón, j’ai tout de suite accepté. Je me souviens l’avoir vu au cinéma. À la base, je ne voulais pas aller voir ce film, mais il n’y avait plus de place pour ce que je voulais voir, le jour où je suis allé au cinéma. 

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Je me suis donc retrouvé dans la salle des Nouveaux Sauvages et j’ai trouvé ça grandiose ! Depuis, je l’ai montré à tout le monde. Il y a ce truc de film à sketchs, mais on sent qu’il y a une thématique générale, qu’il y a un même réalisateur, un même scénariste et qu’ils forment le même ensemble. J’imagine Heureux Gagnants de la même façon. Ce ne sont pas quatre courts-métrages mis bout à bout. Il y a un réel travail de long-métrage. Comment des êtres humains vont se révéler après avoir gagné au Loto ? C’est ça le fil rouge d’Heureux Gagnants !

Quelle est votre attente culturelle pour 2024 ? 

J’aime beaucoup la troupe de théâtre Les Chiens de Navarre à qui l’on doit le film Oranges sanguines (2021). C’était incroyable dans le genre macabre. J’avais adoré. Par la suite, j’ai vu la pièce Tout le monde ne peut pas être orphelin, qui était dingue. Ils font une nouvelle pièce cette année, et je pense que c’est l’œuvre que j’attends le plus en 2024.

Heureux Gagnants de Maxime Govare et de Romain Choay, en salles le 13 avril 2024.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste