Quelques notes de guitare, une voix grinçante, de la fumée, des cornes de diable et une foule en délire : telle est la recette d’AC/DC, formation mythique qui harangue les foules depuis un demi-siècle. Un groupe à l’histoire si particulière, dans la plus pure tradition du rock.
C’est un fait presque vieux comme le monde : le Nouvel An est le jour parfait pour faire la fête. C’est assurément dans cet état d’esprit que beaucoup se sont rendus dans le club Chequers de Sydney (Australie) le 31 décembre 1973. L’occasion de profiter ce soir-là du concert d’un jeune groupe : AC/DC. L’association de quatre jeunes hommes qui n’en étaient qu’à leurs débuts dès qu’il s’agissait d’électriser les foules !
Le rock est (aussi) une histoire de famille
Un groupe né quelques semaines plus tôt dans l’esprit de Malcolm Young (guitare). Il enrôle son frère Angus, guitariste au sein de Tantrum, mais aussi Colin Burgess à la batterie, Larry Van Knedt à la basse et Dave Evans pour le chant.
Le quintet se baptise AC/DC, inspiré par une inscription présente… au dos d’un aspirateur. En anglais, AC-DC est en effet l’abréviation de courant alternatif-courant continu. Et, puisque l’on n’est jamais mieux servis que par sa famille, c’est la sœur d’Angus et Malcolm qui les encourage à porter ce nom. Quant au troisième frère, George Young, il ne rejoindra jamais réellement le groupe dans la durée, mais officiera en tant que producteur et participera à de nombreux enregistrements de disque.
Le 31 décembre 1973, donc, l’histoire commence réellement dans ce club australien, où le groupe joue des reprises des Rolling Stones, de Chuck Berry et des Beatles. Si la composition du groupe connaît quelques changements, AC/DC enregistre en juin 1974 les chansons Can I Sit Next to You Girl et Rockin’ in the Parlour, et sort son premier 45 tours.
C’est aussi pendant cette période qu’Angus Young adopte son célèbre uniforme d’écolier comme costume de scène – une idée qui vient là encore de sa sœur Margaret. Le personnage aurait pu être une très bonne inspiration pour un comics, mais que l’on retrouve volontiers en couverture du numéro de Pop Rock en BD consacré à AC/DC.
Un univers reconnaissable dès les premières notes
Les stades ne sont pas pour tout de suite et le groupe assure une tournée des clubs en Australie. C’est d’ailleurs lors d’un concert au Hard Rock Café de Melbourne que Michael Browning, propriétaire des lieux, devient le manager d’AC/DC. Conquis par la prestation des frères Young, mais déçu par celle de Dave Evans, il conseille aux frères d’origine écossaise de changer de chanteur.
Ex-membre de Fraternity, Bon Scott prend la place de Dave Evans et, le 5 octobre 1974, se produit pour la première fois avec AC/DC au Masonic Hall de Brighton Le-Sands. Sorte d’électron libre, nouveau venu dans le paysage rock, le groupe ne chôme pas et sort son deuxième album en décembre 1975 sous le nom de T.N.T., avec de nombreux titres emblématiques comme It’s a Long Way to the Top, T.N.T. ou encore High Voltage.
Très vite, la signature musicale se fait connaître : bien que le groupe soit classé dans le hard rock et considéré comme un pionnier de ce genre musical, notamment en raison des guitares saturées ou de la voix grinçante, ses membres ont toujours qualifié leur musique de rock’n’roll.
Mais on pourrait aussi la catégoriser dans le hard-blues, aussi bien dans les solos (Touch Too Much) que dans les riffs (The Jack, Stiff Upper Lip). Si la musique du groupe, dont on retrouve toutes les nuances dans le livre AC/DC, les piles électriques du rock, a évolué depuis sa formation, son orientation est restée la même : un son souvent imité, mais jamais égalé.
Plusieurs fois touché, jamais coulé
Mais que seraient le rock et ses idoles sans quelques tragédies ? Le décès du chanteur Bon Scott en 1980, dont le dernier album avec le groupe est le succès planétaire Highway to Hell, est inattendu et un potentiel coup d’arrêt pour le groupe. Mais AC/DC se relève, recrute Brian Johnson et frappe fort la même année avec l’album Back in Black.
Moins blues que Highway to Hell, le titre-phare joue énormément dans le succès de l’album : le plus vendu du groupe et, surtout, le deuxième album le plus vendu de tous les temps derrière Thriller de Michael Jackson, avec 50 millions d’exemplaires écoulés.
En 2015, le batteur Phil Rudd est condamné par la justice néo-zélandaise pour menaces de mort, avant d’être remplacé. Quelques mois plus tard, Brian Johnson lâche le micro en pleine tournée pour des problèmes très sévères d’audition, avant que Cliff Williams, bassiste historique, ne raccroche à son tour. Mais le coup le plus fatal porté au groupe vient en 2017, avec les décès à quelques semaines d’intervalle de George puis de Malcolm Young.
Mais, comme les Rolling Stones, AC/DC est ce papy du rock qui semble immortel. Après tout, c’est Rock or Bust (le rock ou la mort), comme le titre du quinzième album sorti en 2014. AC/DC est un phénix, ou plutôt un diable, qui renaît constamment de ses cendres : pour preuve, le groupe sera en Europe en juin prochain dans le cadre de sa tournée Power Up.
Un groupe à l’histoire si particulière, que l’on peut d’ailleurs revivre dans AC/DC @50, un ouvrage signé Martin Popoff. À travers 50 moments clés – les plus grands albums, les shows grandioses dans les stades ou les changements au sein du groupe –, ce livre richement illustré de photographies des concerts et des coulisses, de pochettes de 45 tours ou de billets de concert rend un bel hommage à ce groupe mythique du rock’n’roll.