Chaque semaine, L’Éclaireur présente les titres en sélection pour le prochain Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême. Aujourd’hui, trois albums qui s’intéressent aux conflits, aux guerres et à leurs conséquences.
1 Et l’île s’embrasa de John Vasquez Mejias
Cette année, le Festival d’Angoulême met en avant plusieurs titres traitant de conflits armés ou militaires, à travers la voix d’auteurs et autrices engagés. Avec Et l’île s’embrasa (Éditions Ici-bas), John Vasquez Mejias signe sa première bande-dessinée et s’intéresse au soulèvement dans plusieurs villes de Porto Rico contre l’occupant dans les années 1950, et met en lumière un chapitre méconnu de la lutte anticoloniale étasunienne.
L’auteur, graveur et professeur d’art, utilise justement un style inspiré de la gravure sur bois pour donner vie à son histoire, avec une approche en noir et blanc appuyée, dense, et une composition de planches et de cases répondant au choix esthétique de l’œuvre.
2 Le ciel dans la tête d’Antonio Altarriba et Sergio García Sánchez
Le ciel dans la tête (Denoël) s’intéresse au parcours et à la vie de ces enfants soldas, enrôlés de force pour participer aux conflits armés. L’œuvre suit le destin de Nivek, secouru d’une exploitation minière à l’âge de 12 ans et contraint de rejoindre la milice locale, puis vendu comme esclave. Derrière le postulat tragique du titre, un long périple attend Nivek, de l’Afrique à l’Europe, entre espoirs, déconvenues, dangers et désolations.
Antonio Altarriba, auteur du plébiscité L’Épopée espagnole (2021), continue de s’intéresser à des personnages trop souvent ignorés par l’histoire, et pose un regard quasi-onirique sur un sujet particulièrement fort, aidé par les dessins figuratifs et intenses de l’artiste Sergio García Sánchez, qui conserve un trait délicat et joue avec les proportions des personnages et des lieux.
3 Dum dum de Lukasz Wojciechowski
Dum dum (Éditions çà et là) est une œuvre des plus minimalistes. L’architecte polonais Lukasz Wojciechowski livre une troisième bande-dessinée conceptuelle, en prenant le parti pris d’utiliser les lignes et les figures géométriques pour raconter son histoire. L’album est ainsi une succession d’inventivité, clair et lisible, qui alterne entre la création graphique et les cases de textes pures.
Dans Dum dum, l’auteur s’intéresse à la vie de son grand-père avec une fiction librement inspirée, et traite d’un soldat traumatisé par la Première Guerre mondiale dans les années 1930 en Allemagne, en pleine montée du nazisme. En traitant des conséquences de la guerre, Lukasz Wojciechowski s’offre un récit poignant et touchant, et le Festival d’Angoulême met en avant une bande-dessinée audacieuse, créée intégralement avec le logiciel AutoCAD. Une façon pour ce rassemblement de rester à la pointe de l’innovation artistique.