Entretien

Katherine Jakeways : “The Buccaneers est une série d’époque qui parle d’amitié féminine”

08 novembre 2023
Par Agathe Renac
“The Buccaneers” est disponible sur Apple TV+ depuis le 8 novembre.
“The Buccaneers” est disponible sur Apple TV+ depuis le 8 novembre. ©Apple TV+

Créatrice, scénariste et productrice de la nouvelle série Apple TV+, Katherine Jakeways nous a ouvert les coulisses de The Buccaneers et nous a révélé les secrets de cette adaptation prometteuse qui a tout pour concurrencer les Bridgerton.

Retenez bien ce nom, car il pourrait bientôt créer la surprise. The Buccaneers nous plonge dans le Londres mondain des années 1870 et nous raconte l’histoire de cinq Américaines qui quittent leur pays d’origine pour trouver un mari en Angleterre. D’abord imaginé par la lauréate du prix Pulitzer de 1921, Edith Wharton, le récit a été adapté en série et promet une aventure drôle, touchante et captivante. L’Éclaireur a profité de sa sortie sur Apple TV+ pour interroger l’une de ses créatrices, Katherine Jakeways (Unforgotten), sur les secrets de sa conception.

Pourquoi The Buccaneers est-elle LA série à voir en ce début novembre ?

Parce qu’elle est irrésistible – du moins, je l’espère (rires) ! Les plans sont absolument sublimes, les lieux sont incroyables, les costumes sont magnifiques et les actrices et acteurs qui composent le casting sont ultratalentueux. C’est un drame d’époque très moderne. Quand on le regarde, on a la sensation de regarder une série contemporaine : les histoires sont très modernes et familières, et les protagonistes pourraient être des personnes qu’on côtoie dans notre quotidien. The Buccaneers est donc un parfait mélange entre ces deux époques, entre le passé et le présent, mais c’est aussi un show drôle et joyeux qui parle de la vie.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure ?

Beth Willis, qui est l’autre productrice exécutive de la série, a toujours voulu adapter ce récit en série. Ça fait plus de dix ans qu’elle transporte une version du roman original avec elle, où qu’elle aille. Elle m’a demandé de le lire et je suis immédiatement tombée amoureuse des personnages, et plus particulièrement de ces jeunes femmes. Edith Wharton les a imaginées il y a plus de 100 ans, mais elle les a tellement bien écrits qu’ils semblent familiers, modernes et accessibles. J’ai tout de suite eu envie de passer du temps en leur compagnie – ce qui est très bon signe.

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Elle nous raconte l’histoire de ces jeunes Américaines qui ont migré en Angleterre pour trouver un mari, et qui ont été confrontées à un choc culturel. D’un point de vue narratif, cette situation nous offrait un très bon ressort comique, mais aussi le point de départ de récits plus intimes, comme l’amitié entre ces filles et le chemin qu’elles vont parcourir pour découvrir qui elles sont vraiment. Elles vont faire des erreurs, se moquer des autres, se disputer, prendre les mauvaises décisions… Mais le plus important, c’est qu’elles seront toujours là les unes pour les autres et qu’elles prioriseront toujours leurs amies, malgré les relations romantiques qu’elles vivront.

The Buccaneers se déroule dans les années 1870 et la série est adaptée de l’œuvre d’Edith Wharton, lauréate du prix Pulitzer de 1921. Pourtant, le show est résolument contemporain dans ses dialogues et ses idées. Pourquoi cette modernité était-elle si importante pour vous ?

Le roman et ses personnages étaient déjà très modernes. Edith Wharton a écrit cette histoire dans les années 1920, donc 50 ans après que les événements se sont déroulés. Son intention était donc de présenter des jeunes femmes très contemporaines aux lecteurs de son époque. Notre job a été de continuer dans cette même lancée et de faire en sorte qu’elles le soient aussi pour des spectateurs de 2023, en ajoutant notamment des musiques très pop (comme Taylor Swift et Olivia Rodrigo).

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J’ai l’impression que les histoires que nous avons ajoutées au scénario auraient pu se trouver dans l’œuvre originale. Quelques intrigues et relations (les bonnes comme les mauvaises) n’auraient pas été racontées en 1870, mais ça ne veut pas dire qu’elles n’existaient pas. Elles étaient simplement tues. Nous avons aussi essayé de retranscrire le langage propre à cette époque.

Il n’y a pas de mots ni d’expressions qui n’auraient été utilisées à cette période, mais la façon dont les filles bougent, se parlent et se comportent les unes avec les autres peut sembler inhabituelle, car on ne voit pas ce genre de scènes dans les films et séries d’époque. Pourtant, on parle d’adolescentes qui partent pour une aventure avec leurs amies. Que ce soit aujourd’hui ou en 1870, la meilleure partie de leurs soirées est le fait de se préparer ensemble, de s’allonger sur le lit, de rire, d’échanger des potins et de se dire : “Oh, mon Dieu, tu réalises qu’on a vraiment fait ça ?”

Le show nous rappelle La Chronique des Bridgerton, avec ses costumes et ses histoires d’amour de la haute société. Pourquoi l’Angleterre du XIXe siècle passionne-t-elle autant les créateurs de séries que les spectateurs ?

Je pense que le principal avantage de ce genre d’histoires, c’est qu’elles nous plongent dans des univers qui sont très beaux. Les décors, les costumes, les châteaux, les maisons de campagne… D’un point de vue esthétique, ce que nous avons filmé est sublime. Je ne peux pas parler au nom des créateurs des Bridgerton, mais ce qui m’a plu, c’est de raconter l’histoire de ces jeunes Américaines qui ont quitté New York pour Londres dans les années 1870. Des historiens ont narré les faits, mais nous voulions nous mettre dans leur peau et essayer de comprendre ce qu’elles ont vraiment vécu. Qu’est-ce que cette aventure signifiait pour elles ? Étaient-elles anxieuses ? Excitées ?

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Elles pensaient qu’elles partaient pour un voyage incroyable avec leurs copines, ces “vacances” avaient ce premier goût de liberté, elles se faisaient des amis et rencontraient des partenaires pour de potentielles histoires romantiques… Mais, au final, elles se retrouvaient parfois mariées à des hommes qui ne voulaient pas d’elles, dans des familles qui étaient horribles et qui les isolaient de leurs proches, dans des maisons froides au milieu de nulle part. Cette période de l’histoire est fascinante, car toute cette joie et cette romance cachaient une réalité assez sombre.

La série est aussi une grande comédie romantique. Quels sont les ingrédients pour créer la rom com parfaite ?

Avouons-le : nous aimons tous les comédies romantiques. Certaines thématiques fonctionnent à tous les coups, comme les rencontres mignonnes et les malentendus. Il faut trouver le juste équilibre entre la romance et la comédie, et imaginer des personnages pertinents. J’espère que nous avons réussi à insuffler tous ces éléments dans ces filles et ces garçons de The Buccaneers.

Ce sont des protagonistes qui me semblent crédibles et accessibles, et qui se parlent d’une manière réaliste. Ils doivent faire des choix, parfois très compliqués, et c’est justement ces difficultés qui permettent aux spectateurs de s’identifier. Nous avons essayé de surprendre le public, mais je pense que si l’histoire est racontée avec justesse, que les dialogues sont bons, et que le jeu d’acteur est excellent, la rom com sera parfaite.

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Votre top 3 des meilleures comédies romantiques de tous les temps ?

Quand Harry rencontre Sally, évidemment. Récemment, ma fille m’a montré 10 Bonnes Raisons de te larguer et je dois admettre que c’était vraiment pas mal. Je ne sais pas s’il mérite sa place dans ce top 3, mais il m’est resté en tête. En revanche, Annie Hall est clairement sur le podium. C’est l’une de mes comédies romantiques préférées. Je l’adore ! J’aime aussi beaucoup Nuits blanches à Seattle, qui est un grand classique.

L’équipe créative de The Buccaneers est essentiellement constituée de femmes. Cette majorité féminine a-t-elle consciemment ou inconsciemment impliqué des changements dans la manière de travailler et de tourner la série ?

Quand j’ai commencé à parler de ce projet de série avec Beth, il n’était pas question de créer une équipe créative à 100% féminine. Ça s’est fait très naturellement et sans préméditation. La salle des scénaristes était entièrement composée de femmes, cette expérience était géniale. On riait beaucoup et on passait notre temps à nous raconter nos vies et celles de nos amis, que ce soit les moments drôles ou les choses horribles qui avaient pu arriver.

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Je ne dis pas que ces conversations ne pourraient pas avoir lieu avec des hommes, mais c’est juste plus simple quand on est entre femmes. On se raconte plus librement ce genre d’histoires. Après, il ne faut pas oublier qu’une grande partie de l’équipe (de production, de réalisation…) était constituée de mecs brillants ! The Buccaneers est une histoire centrée sur l’amitié féminine, mais tous ceux qui ont travaillé dessus l’ont fait avec énormément de passion.

EntreThe Buccaneers et Lessons in Chemistry, Apple TV+ développe des séries avec des personnages féminins forts. Quels sont ceux qui vous ont inspirée quand vous étiez adolescente ?

Quand j’étais petite, j’adorais les comédies. J’étais particulièrement fan de Victoria Wood, qui était très en avance sur son temps par rapport aux autres comédiennes. Marilyn Monroe était aussi mon idole, et Certains l’aiment chaud était l’un de mes films préférés. C’était une artiste incroyable, qui était vraiment sous-estimée. Elle était souvent considérée comme un sex-symbol en raison de sa beauté, mais c’était surtout une actrice très talentueuse et très drôle.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste