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Marty Japan, chasseur de figurines et de souvenirs

20 octobre 2021
Par Pierrot Popop
Jamais sans sa figurine : une “doll” Goku datant de 1986.
Jamais sans sa figurine : une “doll” Goku datant de 1986. ©Marty Japan

À la fois journaliste, YouTubeur, collectionneur et fan absolu de Dragon Ball, Marty Japan partage en direct de Tokyo sa passion pour les figurines et pour la culture manga.

Sur YouTube, ses abonnés peuvent le suivre à pied ou à vélo, déambulant dans les rues de Tokyo à la recherche d’une bonne affaire, ou chez lui, face caméra, en train de déballer ses trouvailles, le plus souvent des figurines Dragon Ball acquises à un prix dérisoire comparé au marché français. Depuis maintenant cinq ans, Martial Duchemin, alias Marty Japan, partage son amour pour les figurines et la licence d’Akira Toriyama avec une large communauté de fans francophones. Une évolution logique pour celui qui est tombé tout petit dans la marmite de la collection : « Je suis de la génération Club Dorothée, j’ai grandi avec tous ces dessins animés et ces héros incroyables. Et naturellement, quand tu es petit, tu veux les jouets qui vont avec. »

Au début des années 1990, le terrain de jeu du collectionneur est plutôt maigre (mis à part quelques figurines bas de gamme). Mais ça n’empêche pas le jeune Marty de se passionner pour une première gamme de Tortues Ninjas articulées, avant que son oncle ne vienne éclairer son chemin. « Il m’a montré ce que c’était d’avoir de vraies figurines et de les mettre en valeur, se souvient le trentenaire. Adolescent, j’ai commencé à importer des figurines du Japon, à une époque où le marché était beaucoup plus restreint et les canaux de distribution quasi-inexistants. »

Itinéraire d’un vrai passionné

Vingt ans plus tard, c’est donc à Tokyo que l’on retrouve Marty, devenu rédacteur en chef du site de jeux vidéo Gamergen.com. Un parcours logique en apparence, mais qu’il doit pourtant au hasard. « J’ai commencé à apprendre le japonais vers 12 ans, puis, après le bac j’ai fait une faculté de langues, explique-t-il. À cette époque, je n’avais qu’une idée en tête : aller au Japon. Mais pas pour y faire du tourisme. Je voulais découvrir le pays en tant que résident. Donc je me suis débrouillé pour obtenir un visa Working Holiday qui me permettait de rester une année sur place et d’y travailler. »

De fil en aiguille, de rencontres en rebondissements, sa vie s’est construite au pays du Soleil Levant. Il y a posé ses valises depuis maintenant plus d’une décennie. « Je suis tombé sous le charme du pays et de sa culture, même s’il y a aussi beaucoup de défauts, précise le jeune papa. Ce que je ne mesurais pas avant d’y vivre, c’est à quel point la culture manga est omniprésente au Japon : tu ne peux pas faire une course ou aller chercher ta fille à la crèche sans voir des mangas ou des figurines partout. Ici, c’est partagé par toutes les générations. Un jour, j’ai vu une mamie en train de pleurer dans le métro en lisant City Hunter (Nicky Larson en France, ndlr). J’ai trouvé ça complètement fou et beau à la fois. »

La chaîne YouTube de Marty Japan est un concentré d’unboxing et de reportages à Tokyo.©Marty Japan

Une chaîne pour partager et échanger

Année après année, Marty découvre les 1001 facettes de cette culture et se prend au jeu des game centers, ces centres commerciaux géants dédiés aux jeux vidéo et aux bornes d’arcade. On y trouve notamment les UFO catchers, équivalent des machines à pince de nos fêtes foraines mais qui permettent d’attraper des figurines. Il commence à écumer les vide-greniers et les conventions, fait le tour des supérettes pour acheter des tickets de loterie « Ichiban Kuji » dans l’espoir de gagner une figurine ou, à défaut, des goodies pas trop cheap.

Et quand, en 2016, sa femme lui suggère de partager sa passion en vidéo, il se lance presque sans réfléchir : « J’ai commencé par faire de simples déballages des produits que j’achetais, puis j’ai enchaîné sur des petits reportages dans certaines boutiques ou dans des conventions, pour présenter les prototypes ou les produits finaux aux collectionneurs, reprend l’expatrié. Une super communauté s’est créée autour de la chaîne et j’ai vu que les gens avaient vraiment envie de découvrir plus largement la vie au Japon. »

Une bulle de divertissement

Désormais, le YouTubeur met son expérience de journaliste au service de sa chaîne pour proposer des escapades nocturnes à vélo, des caméras cachées dans les boutiques officielles Nintendo ou des visites de sites emblématiques de Tokyo. Qu’importe le format, l’intention reste la même : partager des moments de plaisir. « Pour moi, les figurines, comme les mangas, les anime ou les jeux vidéo, c’est une bulle de divertissement. C’est quelque chose à mi-chemin entre le loisir et la nostalgie : quand tu regardes une figurine, tu repenses à l’œuvre, au moment qui est représenté, à l’émotion que tu as ressentie en la découvrant… C’est un raccourci direct vers un beau souvenir. »

Ce lien quasi-affectif, les fabricants l’ont bien compris et rivalisent d’ingéniosité pour ne pas lasser les collectionneurs tout en attirant de nouveaux publics. Une machine bien huilée, redoutable commercialement (surtout avec une licence aussi porteuse que Dragon Ball) et qui devrait permettre de maintenir la flamme de la passion pour de longues années – surtout en habitant à l’épicentre de la culture otaku. « Il n’y a qu’ici que tu peux arriver dans un centre commercial et te retrouver face à Masako Nozawa, doubleuse officielle de Goku depuis le début de la série et giga-star au Japon, en train de présenter des figurines, conclut Marty. Quand tu l’entends parler avec la voix de ton personnage préféré, forcément tu fonds. Et tu repars avec un joujou sous le bras. »

Portrait de collectionneur

  • La première figurine dont tu te souviens : « Un Donatello articulé que m’a offert mon père dans les années 1990. »
  • S’il ne devait en rester qu’une : « Une petite poupée de Goku enfant qui date de 1986, offerte par mon oncle et que les abonnés de ma chaîne connaissent bien. »
  • Ton dernier coup de cœur : « La Cooler de la dernière loterie Ichiban Kuji, un vrai mammouth comme je les aime. »
  • Ton dernier coup de gueule : « La Figuarts Zero (Bandai) de Gogeta, le prototype vendait du rêve et à l’arrivée, c’est la déception. »
  • La figurine dont tu rêves : « Sortez-nous des figurines des films Dragon Ball des années 1990 ! »
Article rédigé par
Pierrot Popop
Pierrot Popop
Journaliste