C’est peut-être l’exclusivité PS5 la plus attendue de l’année. Marvel’s Spider-Man 2 tisse sa toile d’araignée le 20 octobre sur la console de Sony et avance des arguments imparables pour les joueurs et joueuses. Mais, avant d’en arriver là, le super-héros a vécu une longue traversée du désert.
Souvent considéré comme le plus populaire des super-héros, Spider-Man revient de loin. Apparu pour la première fois aux États-Unis en août 1962 dans le comics Amazing Fantasy #15, Peter Parker doit ses pouvoirs à la morsure d’une araignée radioactive. Cela, tout le monde le sait, tant le personnage a réussi à s’incruster dans notre inconscient collectif au gré des adaptations les plus diverses.
Son parcours mouvementé en bande dessinée et ses apparitions incessantes au cinéma ou en dessin animé en ont fait une figure appréciée de toutes les générations. Mais si Spider-Man est une véritable icône de la pop culture, il a longtemps peiné à trouver une place digne de ce nom sur nos machines de jeux.
Une consécration tardive en jeu vidéo
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir littéralement inondé le marché des jeux vidéo depuis le tout premier Spider-Man sorti sur Atari 2600 en 1982. Si l’on observe le nombre de softs estampillés « Spider-Man » depuis le début des années 1980, on se rend compte que le Tisseur est quasiment omniprésent.
C’est bien simple, hormis une absence remarquée entre 1996 et 2000, il ne se passe pas une année sans que l’araignée la plus sympa du quartier ne vienne jouer les trouble-fêtes sur le marché vidéoludique. Le nom fait vendre, mais qui se souvient vraiment des titres dédiés à Spider-Man avant la reprise en main de la licence par le studio Insomniac Games en 2018 ?
La préhistoire des jeux Spider-Man
Comme toutes les grandes franchises à succès, la licence Spider-Man a été approchée dès le début des années 1980 par les premiers studios de développement spécialisés dans les jeux électroniques. Marvel Comics y voit alors un bon moyen de gagner de l’argent en profitant de l’aura du personnage pour divertir les plus jeunes avec des titres encore très rudimentaires. Lorsque le jeu Spider-Man sort sur Atari 2600 en 1982, l’éditeur se fend même d’une publicité avec des acteurs costumés pour en faire la promotion.
Le jeu est évidemment très archaïque et se résume à escalader des immeubles en évitant la collision avec les badauds qui nous épient depuis leur fenêtre et les pièges tendus par le Bouffon Vert. L’Homme-Araignée s’essaie ensuite au jeu d’aventure textuel dans Questprobe featuring Spider-Man en 1984 sur des machines comme l’Amstrad CPC, le Commodore 64 ou l’Apple II. La vue subjective a de quoi impressionner les joueurs de l’époque, mais il s’agit d’écrans fixes et la progression se limite à des choix textuels saisis manuellement.
Malgré son titre à rallonge, The Amazing Spider-Man and Captain America in Dr. Doom’s Revenge! est le premier à oser l’action en temps réel en 1989. Il a également le mérite d’inclure des séquences narratives dans le style des comics originaux.
Le rythme des sorties s’accélère dès 1990 et reflète l’engouement croissant du public pour les comics en général. Mais, quantité rimant rarement avec qualité, aucun de ces titres ne parvient à rester dans les annales pour s’ériger au rang de jeu culte.
Malgré tout, l’évolution des technologies permet à l’Homme-Araignée d’élargir progressivement sa palette de mouvements pour grimper aux murs ou voler brièvement dans les airs avec sa toile. La puissance de l’arcade le dote notamment d’une panoplie de coups digne d’un héros de jeu de baston dans Spider-Man: The Video Game, lancé en 1991 par Sega.
La malédiction des adaptations de licences
Bien qu’il soit aussi omniprésent sur ordinateurs que sur consoles de salon et consoles portables, Spider-Man ne fait pas vraiment rêver les joueuses et joueurs. Et les choses ne vont pas s’arranger avec l’arrivée des longs-métrages dédiés au Tisseur. Ces derniers contribuent à relancer l’engouement pour le personnage, mais l’industrie du jeu vidéo tient tellement à surfer sur la vague des sorties cinéma qu’elle ne s’accorde plus du temps nécessaire pour livrer un résultat de qualité.
À une époque où les adaptations de films en jeux vidéo étaient quasiment systématiques, Spider-Man ne fait pas exception et se décline dans des titres vite joués et vite oubliés. Pour ne rien arranger, cela coïncide aussi avec les premières tentatives de jeux réalisés à partir d’une 3D encore balbutiante et rarement maîtrisée. À partir des années 2000, les joueurs voient ainsi débouler une série d’adaptations globalement très moyennes, éditées sous la houlette d’Activision.
Mais la licence fait vendre, quoi qu’il arrive, et les jeux s’écoulent facilement parce qu’ils portent le nom de Spider-Man, indépendamment de la qualité de leur contenu. On a beau y percevoir l’ébauche de ce qui deviendra plus tard le socle des adaptations entièrement repensées par Insomniac Games, les possibilités techniques n’aident pas à apporter l’immersion nécessaire pour convaincre les fans.
Fun fact : lorsque la société Activision rompt son contrat d’exclusivité avec Marvel après la sortie de The Amazing Spider-Man 2 en 2014, elle estime que personne n’arrivera jamais à faire mieux – c’est en tout cas ce que rapporte Steven L. Kent dans le deuxième volume de son ouvrage Ultimate History of Video Games.
Comment Insomniac Games a sauvé la réputation de Spider-Man
Bien que la franchise Spider-Man soit passée entre les mains d’une multitude de studios de développement différents depuis ses débuts, aucun de ces jeux n’a su marquer les esprits. Ce n’est que lorsque l’équipe d’Insomniac Games s’en voit confier les commandes que les choses évoluent réellement.
Lorsque les créateurs de Ratchet and Clank dévoilent le premier Marvel’s Spider-Man en exclusivité sur PlayStation 4, en 2018, on sent que quelque chose est en train de se passer. Pour beaucoup de joueurs et de joueuses, ce titre est à l’Homme-Araignée ce que le jeu Batman Arkham Asylum est à la Chauve-Souris : un vrai blockbuster vidéoludique.
Voilà le genre de proposition que l’on attendait désespérément depuis des décennies. Pour la première fois, un jeu Spider-Man se déroule dans un open world vertigineux offrant une liberté de mouvement totale. Le fil rouge narratif est complété par une myriade d’activités annexes que l’on a plaisir à accomplir parce que chacun des éléments du jeu se révèle soigneusement maîtrisé.
Pour la première fois aussi, le joueur ou la joueuse a vraiment le sentiment d’entrer dans le costume du personnage, les concepteurs et conceptrices ayant tout particulièrement travaillé la physique de la toile pour permettre des envolées incroyables entre les immeubles. Rien n’est laissé au hasard et l’aventure fait preuve d’une diversité appréciable dans ses phases de jeu. C’est le début d’une nouvelle ère pour un personnage que la plupart des joueurs et joueuses avaient déjà enterré sans pouvoir imaginer une telle renaissance.
Après avoir frappé si fort en 2018, Insomniac Games réitère en 2020 avec Marvel’s Spider-Man : Miles Morales sur PS4 et PS5. Cet épisode autonome prend le risque de changer brutalement de point de vue en passant de l’iconique Peter Parker au tout nouvel alter ego de Spider-Man.
Mais, avec Miles Morales dans le costume de l’Araignée, la série se révèle encore plus en phase avec son époque et permet de créer un lien étroit avec le nouveau long-métrage d’animation Spider-Man : New Generation. Le titre est bien reçu auprès des joueurs et des joueuses, qui attendent surtout l’arrivée d’une vraie suite aux ambitions supérieures, ne serait-ce qu’en termes de durée de vie.
Programmé pour le 20 octobre 2023, Marvel’s Spider-Man 2 a justement tous les arguments pour s’imposer comme le nouveau fer de lance de la PS5. À commencer par la possibilité de jongler entre les deux super-héros, chacun ayant sa propre façon de se battre à travers un éventail de compétences bien spécifiques.
Avec deux surcouches narratives au lieu d’une et de tout nouveaux quartiers accessibles dans la ville de New York, le titre fourmille de références destinées aux fans. La volonté des développeurs et développeuses de rendre hommage à une franchise malmenée depuis trop longtemps sur nos machines de jeu est plus que palpable. Il était temps !