Décryptage

Mais qui sont ces mystérieux Pikmin si chers au créateur de Mario ?

20 juillet 2023
Par Valérie Précigout (Romendil)
“Pikmin 4” sort le 21 juillet sur Switch.
“Pikmin 4” sort le 21 juillet sur Switch. ©Nintendo

La sortie de Pikmin 4 le 21 juillet sur Switch, dix ans après le précédent volet, prouve que Nintendo n’a pas l’intention de lâcher cette franchise si chère au cœur du créateur de Mario. Mais qui sont réellement ces créatures et que représentent-elles pour Shigeru Miyamoto ?

Ils poussent, germent et fleurissent lorsqu’ils boivent du nectar. On peut même les déterrer, mais ce ne sont pas des plantes. On les différencie par leur couleur et seuls certains d’entre eux ont une bouche, tandis que d’autres ont juste un nez ou des oreilles. Ils sont aussi petits que des insectes et il faut bien les connaître pour percevoir leurs capacités. Parfois comparés à tort à des lemmings fonçant droit vers la mort sans réfléchir, ils sont bien plus semblables à des fourmis, car ils peuvent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité s’ils sont pilotés par un esprit leader bien intentionné.

Pikmin Short Movies – Trésor en bouteille

Chez eux, l’union fait la force et ils sont capables de venir à bout de créatures mesurant dix fois leur taille s’ils agissent en groupe de manière coordonnée. Aussi adorables que vulnérables, les Pikmin viennent d’ailleurs, d’une planète bien trop éloignée de la nôtre pour que l’on ait une chance de les rencontrer. Ou peut-être sont-ils là, juste sous nos pieds, et que nous les côtoyons tous les jours sans même nous en rendre compte, qui sait ?

Des fourmis comme source d’inspiration

On a tous assisté au ballet insolite de colonnes de fourmis circulant entre nos pieds pour accomplir leurs besognes titanesques à une échelle microscopique. Au pire, nous les écrasons ; au mieux, nous les ignorons. Shigeru Miyamoto, lui, a eu un déclic. Le génial créateur de Mario y a vu la pièce de puzzle qui manquait au concept révolutionnaire qu’il avait en tête depuis bien longtemps pour réaliser son prochain jeu.

Mais il faut avoir un esprit qui vagabonde naturellement vers les contrées de l’imaginaire pour inventer un concept tel que celui de Pikmin. Un jeu dans lequel les points de vue sont inversés pour faire comme si l’on ne savait plus rien de ces objets qui nous sont pourtant familiers, comme si chacun de nos pas nous entraînait vers de nouvelles découvertes en terra incognita.

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Dans le passé, déjà, Shigeru Miyamoto s’était inspiré de ses excursions de jeunesse en pleine nature et de ses souvenirs d’errances dans de sombres grottes pour dresser les contours du monde de The Legend of Zelda. Mais si le royaume d’Hyrule est en quelque sorte son jardin secret, l’infiniment petit qu’il imagine pour Pikmin incarne sans doute sa vision personnelle de ce que la nature renferme de plus précieux. Le créateur de Mario semble d’ailleurs la voir comme la source d’innombrables mystères, invisibles aux yeux de ceux qui ne prendraient pas le temps de la contempler pour en percer les secrets.

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Car l’une des trouvailles les plus amusantes de la série Pikmin est qu’elle prend la forme d’une gigantesque chasse au trésor à la découverte d’objets que n’ont jamais vus les personnages du jeu, mais qui, du point de vue des joueurs, sont aussi communs qu’une brosse à cheveux ou qu’une Gameboy Advance.

Tout se passe comme si cette grande aventure spatiale censée se dérouler sur une planète inconnue était perçue du point de vue d’un extraterrestre découvrant notre propre monde. Et cela à une échelle microscopique, pour que même les environnements les plus familiers nous paraissent étranges.

S.O.S. d’un capitaine en détresse

Le journal du capitaine Olimar renforce encore plus cette impression d’assister à un événement majeur dans l’histoire de l’exploration spatiale. Shigeru Miyamoto détourne les codes de la science-fiction pour nous livrer le récit morcelé d’un voyageur perdu sur un monde inconnu qui craint pour sa vie à chaque pas.

« En déterrant la pousse, j’ai découvert que c’était en fait une créature ! J’ai essayé de l’écarter de moi, mais elle est revenue aussitôt et me suit depuis de près. Elle ressemble à une carotte Pikpik que j’adore. Je crois que je vais la baptiser « Pikmin ». »

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Dans un autre feuillet de son journal, le capitaine Olimar raconte également une histoire à glacer le sang : « Tenaillé par la faim, j’ai pris un Pikmin pour une carotte Pikpik, et j’ai failli le mordre ! Pour le moment, les Pikmin sont très amicaux avec moi, mais cette relation durera-t-elle ? Je me suis vite excusé auprès du Pikmin terrifié et je l’ai pris dans mes bras… »

Oscillant entre le terrible et le grotesque, l’histoire de Pikmin dessine la rencontre improbable entre trois univers que rien ne préparait à être réunis : celui de ces créatures de l’infiniment petit, celui d’Olimar et des autres voyageurs perdus aux confins de l’espace, mais aussi le nôtre à travers la vision qu’en a le joueur derrière sa manette.

Un concept hybride et révolutionnaire

Rien que dans sa manière de nous présenter ses créatures, on devine la fascination de Shigeru Miyamoto pour ces espèces de plantes vivantes fictives qu’il faut protéger à tout prix sous peine de les voir disparaître en un éclair. Brûlées, noyées, écrasées ou dévorées, elles sont aussi vulnérables lorsqu’elles sont isolées qu’elles peuvent être fortes une fois en groupe.

Mais là où les jeux de stratégie en temps réel nous invitent à commander des troupes d’unités lambda, Pikmin met entre nos mains le destin d’adorables créatures à qui l’on ne veut surtout pas faire de mal. Il faut alors réfléchir à la manière la plus astucieuse de combiner leurs talents respectifs pour progresser efficacement en réduisant les pertes au maximum.

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En bons petits soldats, les Pikmin semblent comme incapables de prendre des décisions par eux-mêmes et n’attendent qu’une directive de notre part pour entrer en action. Ils rappliquent alors dès le premier coup de sifflet et se lancent vaillamment dans la mêlée, quelles que soient leurs chances de survie.

Besogneux et disciplinés, ils ne rechignent jamais à la tâche et nous suivent partout à bord de leurs « oignons » aux allures de soucoupes volantes. Limités à trois espèces seulement dans le premier volet, ils se déclinent désormais en de très nombreuses variantes, Pikmin 4 introduisant justement les tout nouveaux Pikmin de glace et luisants qui ne sont visibles que la nuit.

Le jeu préféré du papa de Mario ?

Interrogé en 2004 sur les jeux dont il était le plus fier parmi tous ceux qu’il avait pu imaginer alors, Shigeru Miyamoto citait volontiers Donkey Kong, Super Mario Bros. et Pikmin. À l’évidence, ce dernier représente pour lui quelque chose d’encore plus important que le premier The Legend of Zelda.

Plus tard, lors de la sortie du troisième volet, le créateur a complété ces informations en expliquant que Pikmin 3 incarne vraiment l’essence de Nintendo, dans la mesure où « il vous donne assez de liberté pour que vous puissiez créer des façons de jouer que les développeurs eux-mêmes n’avaient pas prévues. »

Pikmin Short Movies – Le jus de la peur

Une idée que véhicule parfaitement le nouveau Zelda: Tears of the Kingdom, mais qui était alors complètement nouvelle chez Nintendo. Aux yeux de Miyamoto, Pikmin 3 offrait déjà aux joueurs une vraie liberté dans leurs choix stratégiques, pour les inciter à redoubler d’astuce en abordant les niveaux de manière créative. Exactement comme dans le dernier Zelda.

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Les nombreux ajouts proposés dans Pikmin 4 visent à améliorer encore davantage le concept en proposant toujours plus de possibilités stratégiques. On y découvre de nouvelles espèces et notre avatar peut désormais compter sur le soutien d’un allié canin aux talents évolutifs.

Les duels et les explorations nocturnes y font également leur entrée en scène. Bien plus ouverte que dans le tout premier volet de la série, la structure de ce nouveau jeu se veut plus accessible, mais aussi bien plus approfondie qu’elle ne l’était.

Bande-annonce de Pikmin 4

Même Yûji Naka, le cocréateur de Sonic, reconnaissait dans une interview datant de 2001 être particulièrement envieux du concept de Pikmin, expliquant que Nintendo lui avait coupé l’herbe sous le pied alors qu’il réfléchissait lui-même à un titre de ce genre. Un concept qui n’aurait peut-être pas suffi à rendre Pikmin aussi fascinant s’il n’avait pas bénéficié aussi d’un contexte de SF résolument absurde, d’environnements bucoliques truffés de références amusantes et de mascottes au design si singulier.

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