Entretien

Dirty Dancing, Corps vivante, Transat… Les recommandations d’été de Lili Sohn

13 juillet 2023
Par Clara Authiat
Lili Sohn a fait paraître la BD “Sultana” le 17 mai 2023.
Lili Sohn a fait paraître la BD “Sultana” le 17 mai 2023. ©Morgane Renou

Lili Sohn, autrice de bandes dessinées féministes, nous partage ses recommandations culturelles estivales. BD, livres, films et festivals : voici son programme pour un été qui pétille de plaisir.

Après La Guerre des tétons (Michel Lafon, 2015), Vagin Tonic (Casterman, 2018) ou Partir : sur les chemins de Compostelle (Casterman, 2022), l’autrice Lili Sohn offre un récit solaire dans sa nouvelle bande dessinée, Sultana (Steinkis). Véritable ode à la ville de Marseille, cet album dissèque la question du célibat féminin à travers le vécu d’une trentenaire. C’est une lecture qui donne envie de se prélasser, de ralentir. C’est complètement dans le mood de l’été et, à cette occasion, son autrice nous a dévoilé son programme culturel estival.

Y-a-t-il une œuvre qui vous inspire l’été ?

Chaque été, je revois Dirty Dancing (1987). L’histoire de cette fille qui part dans un club de vacances avec ses parents, pour un dernier été, qui tombe amoureuse… C’est un peu mon film confort et le petit plus : c’est écrit et produit par une femme [Eleanor Bergstein, ndlr] !

Avez-vous déjà constitué votre “PAL” (pile à lire) ?

Je viens de commencer Éloge de la surface (Dargaud, 2023) de Tilila Relmani et Stella Lory. En été, j’aime lire des magazines people… c’est mon plaisir coupable. Et cette bande dessinée décortique pourquoi on aime la téléréalité, ce qui fait qu’on en a un peu honte, notre fascination pour ces histoires… C’est super sympa, hilarant et très bien vulgarisé. Au lieu de m’acheter des magazines, je vais plutôt me tourner vers cette BD !

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Sinon, j’ai prévu de lire Nelly Arcan. C’est une autrice québécoise, aujourd’hui décédée, que je n’ai encore jamais lue, mais j’ai bien envie de m’intéresser à ce qu’elle a fait cet été. J’ai également ajouté Corps vivante (Pow Pow, 2022) à ma PAL, la dernière bande-dessinée de Julie Delporte, dans laquelle elle retrace l’histoire de sa sexualité et de son lesbianisme.

Votre dernier coup de cœur culturel ?

Récemment, j’ai découvert le travail d’Elsa Noyons sur Instagram. Cette artiste travaille avec des tissus, des grandes surfaces, avec des compositions. C’est très beau. En ce moment, elle élabore un projet de cabanes dans le parc national des Calanques, visibles à la fin de l’été. J’habite à Marseille, donc j’ai hâte de voir ça.

C’est la saison des festivals. Sont-ils au programme de votre été ?

Oui, bien sûr ! D’abord, j’ai prévu de me rendre aux Rencontres d’Arles, le festival de photo. J’ai notamment envie d’aller voir l’exposition consacrée à l’ouvrage POTS de Robert Auguste et Gyn Gausserand (Idris éditions). Dans cet ouvrage, dont les photos sont exposées à l’Hôtel Présent, la petite fille de ce couple replonge dans les souvenirs familiaux, retrace le travail de ses grands-parents qui étaient potiers et répertorie tout ce qu’ils ont créé. Elle confronte d’anciennes et de nouvelles photos. Ça a l’air très beau.

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J’ai aussi très envie d’aller voir #Génération(s), le spectacle de Bastien Guadagnino à Avignon. Ça parle d’adolescence et, quand je pense aux vacances d’été, c’est cette période de ma vie dont je me souviens le plus. L’ennui des longues journées d’été… Enfin, comme chaque année, lorsque je rends visite à mes parents, j’en profite pour aller au festival AfriCajar. Il y a toujours une programmation un peu folle, ils sont vraiment à la pointe. J’y ai découvert, par exemple, le groupe Staff Benda Bilili de Kinshasa. 

Y a-t-il des sorties de la rentrée littéraire que vous attendez avec impatience ?

Oui ! Notamment la bande dessinée Le Grand Incident de Zelba (Futuropolis). C’est une histoire de femmes nues dans les tableaux qui se mettent en grève… Ça parle du rapport à la nudité dans l’art selon les différentes époques, tout en étant drôle. Je l’attends avec impatience !

Couverture de la BD Le Grand Incident de Zelba. ©Futuropolis

Vous avez fait une BD dans laquelle vous racontez être partie solo sur les chemins de Compostelle… Quel autre ouvrage vous donne envie de partir à l’aventure ?

Je conseille sans hésiter Transat d’Aude Picault (Delcourt, 2009). Elle raconte qu’à l’approche de ses 30 ans, elle avait envie de chambouler son quotidien en partant en transat, un genre de bateau à voile, avec son copain. Comme j’ai bien envie de me mettre à la voile moi aussi, c’est une lecture qui me fait voyager et me motive à sauter le pas. 

Pour vous l’été, est-il synonyme de déconnexion ? Loin des écrans et carnet de croquis en main ?

Ce n’est pas évident, mais comme lorsque j’étais partie sur les chemins de Compostelle, sans téléphone, j’essaie de le tenir loin de moi. Quand je suis en vacances, mon envie est de remplir mon carnet de croquis, en dessinant sans but productif. Ça me permet de retrouver le plaisir de dessiner simplement sur moi. Durant l’année, je travaille beaucoup sur ordinateur. Là, je veux rester simple, prendre un crayon, une plume, de l’encre et aller à l’essentiel. 

Sultana, de Lili Sohn (autrice) et Élodie Lascar (dessinatrice), éditions Steinkis, 2023, 134 p., 22 €.

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