Décryptage

Mission impossible : une saga aux 1001 visages

12 juillet 2023
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“Mission impossible : Dead Reckoning, Partie 1” est attendu ce mercredi 12 juillet au cinéma.
“Mission impossible : Dead Reckoning, Partie 1” est attendu ce mercredi 12 juillet au cinéma. ©Paramount Pictures

À l’occasion de la sortie de Mission impossible : Dead Reckoning, Partie 1, ce 12 juillet, retour sur l’évolution de la saga d’espionnage portée par Tom Cruise.

James Bond a toujours été l’espion le plus célèbre du grand écran. Pourtant, en 1996, lorsque Brian De Palma décide d’adapter sous forme de long-métrage la série Mission impossible, le réalisateur est sur le point de donner naissance à l’un des agents secrets les plus charismatique de l’histoire du cinéma.

À l’inverse de l’espion de Sa Majesté, lui est Américain et opère pour le compte de l’IMF (Impossible Mission Force). Son nom : Ethan Hunt, que l’on retrouvera sous les traits de la star hollywoodienne Tom Cruise. Alors au sommet d’une carrière quasiment impeccable et après avoir collaboré avec les plus grands cinéastes (Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Tony Scott…), l’acteur révélé par Top Gun revient au divertissement après avoir fait ses armes dans le cinéma d’auteur américain.

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Après avoir incarné un pilote d’avion de chasse devant la caméra de Tony Scott en 1986, l’acteur se glisse, dix ans plus tard, dans le costume d’un agent secret international devant celle de Brian De Palma. Le cinéaste de Scarface (1983) offre avec cet opus une nouvelle vision de l’action-hero, épurée, presque à hauteur d’homme, et qui se distingue de certaines invraisemblances auxquelles les films d’action des années 1990 nous avaient habitués.

Affiche du premier volet de Mission impossible. ©United International Pictures (UIP)

Une saga à l’image de ses réalisateurs

Car, dans le premier opus, Ethan Hunt est désavoué, abandonné par son administration qui le suspecte d’être une taupe. À l’époque, cette histoire prend le contre-pied des narrations classiques d’espionnage, pour adapter aux codes du genre l’épopée du héros seul contre tous.

Brian De Palma préfère ici explorer les notions de ruse et de trahison à la manière d’un thriller d’espionnage plutôt que de céder au grand spectacle. Cette vision convainc non seulement Tom Cruise, qui officie déjà à l’époque en tant que producteur, mais aussi les spectateurs, puisque Mission impossible premier du nom rapporte 450 millions de dollars au box-office mondial.

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Le succès commercial de ce premier volet permet aux studios de rapidement commander une suite. Réalisé par John Woo (Volte-Face, Chasse à l’homme, Broken Arrow…), ce deuxième chapitre sort en 2000 et connaît également un grand succès (546 millions de dollars récoltés), profitant de l’image de superstar de Tom Cruise, alors lauréat d’un Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Magnolia (1999).

Tom Cruise et Thandiwe Newton dans Mission impossible 2.©United International Pictures (UIP)

La patte de John Woo symbolise alors la première évolution de l’immense franchise qu’est Mission impossible aujourd’hui. La presse française de l’époque notera d’ailleurs que le long-métrage « parvient à se distinguer autant du feuilleton culte que du film de Brian De Palma » en assumant une identité proche du cinéma d’action, aussi jouissive que maîtrisée.

Dans la saga Mission impossible, chaque opus ressemble à son réalisateur. Si le volet de Brian De Palma se rapprochait du thriller, celui de John Woo faisait, quant à lui, référence au cinéma hong-kongais dont est issu originalement le cinéaste avant une carrière hollywoodienne.

Ce n’est pas non plus un hasard si la patte bleuâtre du troisième volet, dirigé par J.J. Abrams, futur réalisateur de Star Trek (2009) et de Star Wars (2015) – et à qui l’on doit la série Alias –, rappelle une forme de science-fiction autour de cette mystérieuse patte de lapin. Quant à Brad Bird, réalisateur connu pour son travail avec Pixar sur Les Indestructibles (2004) et Ratatouille (2005), difficile de ne pas voir dans Protocole fantôme (2011) le plus cartoonesque épisode de la franchise, entre l’explosion d’une partie du Kremlin et l’impressionnante ascension d’Ethan Hunt au sommet du Burj Khalifa de Dubaï.

Mission Impossible, Protocole fantôme

L’ère Christopher McQuarrie, l’ère de la durée

Il faut attendre l’arrivée de Christopher McQuarrie, réalisateur désormais emblématique de Mission impossible (on lui doit quatre épisodes), pour que la franchise opère une véritable transformation et assume pleinement son statut et sa forme de blockbuster.

Avec Christopher McQuarrie, Tom Cruise a trouvé un partenaire privilégié pour mettre au point sa vision de Mission impossible en tant qu’objet de divertissement, capable de fidéliser les cinéphiles après des années de baisse de fréquentation des salles dans les années 2010.

Action millimétrée, scénario d’espionnage maîtrisé, le tout porté par un casting cinq étoiles parmi lequel on retrouve Rebecca Ferguson, Jeremy Renner, Angela Basset, Vanessa Kirby, ou encore Henry Cavill… Les derniers volets de Mission impossible chez Christopher McQuarrie sont un mélange des premiers opus, auquel le cinéaste souhaite rendre hommage, et de la modernité qu’il veut insuffler à une saga qui gravite autour de son acteur phare.

Mission Impossible, Rogue Nation

Quand Tom Cruise devient Ethan Hunt

La renommée de la saga Mission impossible doit en effet beaucoup à son acteur principal, dont le statut d’icône du cinéma s’est de plus en plus confondu, au gré des épisodes, avec celui de son personnage. Ethan Hunt, c’est Tom Cruise, et, finalement, Tom Cruise, c’est Ethan Hunt.

Au milieu des années 1990, rien ne destinait la star hollywoodienne à devenir le prochain action-hero du XXIe siècle. Pourtant, son engagement de plus en conséquent au fur et à mesure des productions Mission impossible a complètement changé la vision que l’on possède de Tom Cruise.

Aujourd’hui, le comédien est le roi du divertissement. Officiant en tant que producteur ainsi qu’acteur principal, il représente l’essence même de la franchise, à l’image d’Ethan Hunt. Par ailleurs, il n’hésite pas à donner de sa personne, réalisant lui-même ses propres cascades et se mettant en danger pour le bien commun de l’entertainment.

Mission impossible : Fallout

Le destin de la saga Mission Impossible est tellement lié à la trajectoire hollywoodienne de Tom Cruise que le succès de la franchise a longtemps dépendu de sa propre image. Le succès des deux premiers volets va, par exemple, de pair avec l’atout commercial et critique qu’il représentait à l’époque, tout comme les retours mitigés de Mission impossible III (2006) étaient en partie liés aux polémiques scientologues ayant entouré la vie personnelle de l’acteur à la fin des années 2000.

Le renouveau de la saga à partir de 2011 et son Protocole fantôme s’est accompagné d’un retour sous le feu des projecteurs de Tom Cruise. À l’image d’Ethan Hunt qui, à plusieurs reprises, a été désavoué, abandonné ou trahi par sa propre administration (IMF/Hollywood), l’acteur a dû passer par une longue traversée du désert avant de revenir devant la caméra.

Après plusieurs déboires et un mariage raté avec Katie Holmes, l’acteur a en effet redoré son blason et retrouvé le chemin des plateaux de cinéma, notamment pour des films à gros budget.

Edge of tommorow

Si, depuis 2011, Tom Cruise a tourné cinq nouveaux volets de Mission impossible (en comptant le 7 et le 8), le comédien a également participé à Jack Reacher (2012), Oblivion (2013), Edge of Tomorrow (2014), ou encore Top Gun: Maverick (2022). Toutes ces productions hollywoodiennes ont permis à Tom Cruise d’assoir son statut de roi de l’action, statut qui fonde aujourd’hui le succès de la saga Mission impossible et qui a participé à son évolution en tant que blockbuster d’espionnage.

Mission impossible : du thriller au blockbuster d’espionnage

La saga Mission impossible a réellement connu un changement capital à partir de Rogue Nation, après un début entamé par Protocole fantôme. Ce changement de stratégie de la part des studios – et de Tom Cruise – à partir des années 2010 va de pair avec l’évolution du cinéma à grand spectacle qui a vu les franchises Marvel, Fast & Furious, ainsi que James Bond gagner en puissance.

Si des sagas comme Kingsman, (2014), ou The Man from UNCLE (2015) sont revenus à des formats proches du thriller et de la comédie d’espionnage, Mission impossible a compris qu’elle devait s’orienter vers le genre des blockbusters pour avoir une chance d’exister sur grand écran.

Mission Impossible, Dead Reckoning, Partie 1 

Toutefois, la saga n’a jamais fait l’erreur de tomber dans le (trop) sensationnel. Malgré des cascades impressionnantes et des situations abracadabrantesques, Mission impossible reste crédible et a fait le choix d’humaniser son agent principal, sans en faire un sur-homme ou une machine à tuer. Ethan Hunt échoue, un gage d’humilité qui pourrait rappeler celle dont fait aujourd’hui preuve son alter-ego, Tom Cruise (et sa folie des grandeurs).

Ce mélange métaphysique est fascinant de nos jours. C’est d’ailleurs pour cette raison que la saga Mission impossible fonctionne toujours aussi bien, presque 30 ans après sa création. En plus d’être un véritable objet de cinéma, marqué par la patte de ses réalisateurs, la franchise bouscule par la proximité qu’elle entretient entre Ethan Hunt et Tom Cruise. Toutes ces personnalités, investies ces 20 dernières années sur la saga, sont les principaux témoins de l’évolution de la saga Mission impossible.

Tom Cruise dans Mission impossible : Dead Reckoning, Partie 1. ©Paramount Pictures.

Bien évidemment, les nouvelles considérations du cinéma blockbuster au début des années 2010 ont également joué un rôle important dans cette transformation. Dernière preuve en date, d’ailleurs : l’ultime volet de Mission impossible : Dead Reckoning, Partie 1 s’attaquera à l’intelligence artificielle. Un choix loin d’être hasardeux et qui montre encore une fois la capacité de Mission impossible à s’adapter à son temps et aux problématiques de l’industrie du cinéma.

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