Le nouveau film des studios Pixar, Élémentaire, sort ce mercredi 21 juin au cinéma. On a profité de l’occasion pour interroger le réalisateur Peter Sohn et découvrir son univers – aussi sensible que son œuvre.
Casquette vissée sur la tête, chemise blanche et veste Pixar zippée à moitié, Peter Sohn a reçu L’Éclaireur tout sourire pour nous présenter son dernier film. Réalisateur, scénariste, doubleur… Le cinéaste est un habitué des studios Pixar. Si son nom ne vous est pas familier, ses œuvres ont forcément bercé votre enfance.
Il a contribué au développement de Ratatouille (2007), du Voyage d’Arlo (2015), ou encore de Buzz L’Éclair (2022). Malgré ce CV en or, il croit beaucoup en son dernier long-métrage d’animation qui représente un travail bien plus personnel et intime. Sensible, beau et drôle, Élémentaire fait partie de ces petites pépites qui vous feront passer par toutes les émotions.
Qu’est-ce que ça vous fait de revenir à la réalisation, huit ans après Le Voyage d’Arlo ?
Je ne sais pas si je réalise vraiment ce que je suis en train de vivre. J’ai passé de super moments avec l’équipe d’Élémentaire et j’ai adoré travailler avec eux. Je suis très fier de cette aventure. L’expérience du Voyage d’Arlo était différente, car le film devait être fait très rapidement et ce n’était pas aussi personnel. J’essayais simplement de survivre et de faire honneur au matériel original des réalisateurs. Ce premier film a été développé durant 18 mois, alors qu’Élémentaire nous a demandé sept ans. Donc ces deux expériences n’avaient rien à voir, mais elles représentaient de gros challenges pour des raisons différentes.
Comment l’idée d’Élémentaire vous est-elle venue ? Pourquoi souhaitiez-vous parler de diversité dans ce film ?
Élémentaire est le résultat de deux événements particuliers. Quand j’étais enfant, je regardais le tableau périodique des éléments en cours de science et je n’avais qu’une envie : rendre ces petits blocs amusants et y dessiner des petits personnages. Je m’en souviens, ils ressemblaient à un complexe d’appartements, comme à New York. Dans cette ville, de nombreuses familles viennent d’un autre pays – comme mes parents. Je voulais raconter leur histoire à partir de cette idée d’enfant.
L’autre épisode marquant s’est déroulé lors d’un événement à New York. J’avais invité mes parents et, quand je les ai vus assis dans le public, j’ai ressenti beaucoup d’émotions. J’ai réalisé l’âge qu’ils avaient, à quel point ils avaient travaillé dur pour en arriver là. J’ai pensé à tous les sacrifices qu’ils ont faits pour mon frère et moi, et je les ai remerciés intérieurement.
Quand ils sont arrivés ici, ils n’avaient pas d’argent et ils ne connaissaient pas la langue du pays, mais ils ont tout fait pour nous offrir une vie stable. J’ai réfléchi à tout ça, et je me suis mis à pleurer. Quand je suis revenu dans les studios de Pixar, j’ai raconté cette histoire à mes boss et ils m’ont dit : “Tu tiens ton prochain film.”
Quel est le secret de Pixar pour créer des films qui touchent aussi bien les enfants que les adultes ? Est-ce le fait d’aborder des sujets universels ?
Oui, je pense que le fait de parler de sujets qui nous semblent vrais et sincères est la clé. J’adore les films que j’ai pu partager avec mes parents lorsque j’étais enfant. Il y en avait certains que je ne voyais qu’avec mon frère, d’autres qui étaient réservés aux adultes (et que je ne comprenais pas), et ceux qui rassemblaient toute la famille et qui nous permettaient de nous connecter les uns avec les autres en créant des souvenirs. Finalement, il n’y a pas de secret : il faut essayer de faire du mieux que nous pouvons pour que le film parle à tout le monde. J’espère que ce sera le cas pour Élémentaire.
De quel personnage vous sentez-vous le plus proche ? Flack ou Flam ?
Je dirais Flack. Je suis un pleurnichard, beaucoup de choses m’émeuvent.
De nombreux spectateurs ont comparé Élémentaire et Vice-Versa. Constatez-vous des points communs entre ces deux œuvres ?
Je me sens peut-être envieux vis-à-vis de Vice-Versa. Les deux films proposent des personnages anthropomorphiques, mais personne ne sait à quoi ressemblent les émotions. À l’inverse, tout le monde a déjà vu du feu ou de l’eau, donc on ne pouvait pas échapper à ces représentations. Finalement, je pense qu’Élémentaire était un plus gros challenge de ce point de vue là.
Quel est votre Pixar préféré ?
Ratatouille ! C’était formidable de travailler sur ce film et j’ai beaucoup appris durant son développement. Je crois beaucoup à la morale et aux sujets abordés dans cette histoire, et au fait que les idées et le talent peuvent venir de partout.