Mortal Kombat 1 marque le retour du jeu de combat le plus violent de l’histoire. Voici cinq anecdotes étonnantes à son sujet.
Avec l’annonce du reboot Mortal Kombat 1, Warner et le créateur de la saga, Ed Boon, s’apprêtent à raviver la flamme nostalgique de millions de joueurs. Le jeu de combat a fêté récemment ses 30 ans, mais il garde une aura particulière, se permettant même d’inviter les figures les plus violentes de la pop culture. Après Robocop, Terminator et autres gloires passées dans ses épisodes précédents, Mortal Kombat vit avec son époque et convie les personnages de The Boys, Invincible ou Peacemaker à ses pugilats toujours plus gores.
Surtout, la série reste la plus vendue dans sa catégorie, avec la somme impressionnante de 79 millions d’exemplaires écoulés depuis ses débuts, dont 15 rien que pour son dernier épisode, Mortal Kombat 11. À titre de comparaison, Street Fighter n’a vendu « que » 50 millions de jeux. La violence paie.
Tant pour les plus jeunes, n’ayant pas connu l’ascension de la licence, que pour les vétérans, qui gardent un souvenir ému de leurs premières fatalités, l’histoire de la saga est riche d’anecdotes. Nous avons sélectionné pour vous les cinq plus « Markantes », forcément. Alors pour reprendre le célèbre cri du ninja Scorpion, « Come here ! », et bonne lecture.
1 JCVD, le rendez-vous manqué
Aujourd’hui, dire que Jean-Claude Van Damme était lié à Mortal Kombat a tout du secret de polichinelle. Pourtant, beaucoup ignorent les détails de cette incroyable histoire. Au-delà de l’évidente similitude entre le personnage de Johnny Cage et la star de Kickboxer, il y avait surtout un accord commercial dans lequel l’éditeur Midway devait adapter le film Universal Soldier (1992). Dès le départ, l’équipe de développement, constituée d’Ed Boon, John Tobias, John Vogel et Dan Forden, part sur des graphismes digitalisés.
À l’époque, la plupart des jeux, tous en 2D, utilisent des sprites dessinés à la main, souvent liés à la technique du pixel art. User d’images réelles pour alimenter les jeux est une nouveauté révolutionnaire, perçue à l’époque comme une forme de photoréalisme.
L’idée est également de donner un caractère plus sérieux et mature, par opposition aux jeux traditionnels. Le développement suit tranquillement son cours, jusqu’à la rupture du deal. Mais les développeurs ne lâchent pas leur projet, même orphelin de titre et de star. Une opiniâtreté payante.
2 Qui aime bien châtie bien
À sa sortie, Mortal Kombat fait grand bruit, mais pas uniquement pour de bonnes raisons. Les joueurs en arcade sont fascinés par ces graphismes novateurs et les commandes cachées qui permettent d’exécuter les fameuses Fatalités pour achever son adversaire, mais les associations y voient surtout une violence insupportable.
Le Congrès américain est saisi à de multiples reprises devant la prolifération de jeux vidéo proposant un contenu violent ou à caractère sexuel. L’ESA (Entertainment Software Association), l’organisation des éditeurs aux États-Unis, ne compte pas se laisser déborder par le phénomène et voir son propre navire couler.
De ce constat naîtra l’ESRB, pour Entertainment Software Rating Board, destiné à classifier les jeux en fonction de leur contenu et aider les parents dans leurs choix. Aux côtés de titres tels que Doom ou Night Trap, on peut donc affirmer que Mortal Kombat a contribué à la création de ce système devenu incontournable.
Son pendant en Europe, le PEGI, pour Pan European Game Information, débutera quant à lui sa carrière en 2003, uniformisant les barèmes de chaque pays de la communauté. Loin d’être impacté par cette sulfureuse réputation, Mortal Kombat en tire au contraire une notoriété sans précédent. Un peu à l’image de films classés X à leur sortie, tels qu’Orange mécanique ou Massacre à la tronçonneuse, pour rester dans le ton.
3 Le garage de vaincre
Mortal Kombat a largement inspiré son époque, suscitant des vocations plus ou moins couronnées de succès. Deux jeunes créateurs précoces, Andy Gavin et Jason Rubin, qui ont commencé leurs petites productions dans leur garage au milieu des années 1980, sont tentés de reproduire le succès de Mortal Kombat.
Après un premier titre réussi sur la Megadrive de Sega, Rings of Power (1991), ils croient en leurs chances. Mais, avec des moyens infiniment plus modestes, qui aboutissent à l’improbable Way of the Warrior en 1994 sur la console 3DO, les jeunes développeurs ne parviennent pas à la hauteur de leur modèle.
Cependant, ce premier titre édité par Universal Studio débouche sur d’autres collaborations à venir. L’une d’entre elles sera un jeu de plateforme en 3D, Crash Bandicoot, qui assurera l’avenir d’une « petite boîte » californienne répondant déjà à l’époque au nom de Naughty Dog. Car oui, en quelque sorte, Mortal Kombat a contribué, sans le savoir, au destin de l’un des plus grands studios de jeux vidéo jamais créés, à l’origine d’Uncharted ou The Last of Us. Rarement un échec n’aura été aussi fondateur.
4 Un premier film Kulte
Moquée à sa sortie, mais réhabilitée par la suite, la première adaptation hollywoodienne du jeu vidéo fut un immense succès. La musique techno-dance rythmée par les cris « Mooooortal Kombaaaat ! » a fait partie intégrante de l’univers et du folklore développé autour de la licence au cinéma. Cette musique iconique, désormais à peine audible, a pourtant contribué au succès du premier film en 1995.
Avec elle, un acteur dont la performance a marqué les esprits : notre Christophe Lambert national (Subway, Highlander) dans le rôle de Raiden, le dieu du Tonnerre. Si marquant que bien des années plus tard, pour la sortie du jeu Mortal Kombat 11, le marketing a eu l’idée géniale de faire appel à lui pour un spot français hilarant. Ponctuée par son fameux rire, devenu culte.
Avec 122 millions de dollars au box-office, une vingtaine de plus que Street Fighter The Movie (1994), Mortal Kombat a surtout gagné son duel filmique contre son éternel rival. Le long-métrage coproduit par l’éditeur du jeu de combat Capcom était pourtant porté par Jean-Claude Van Damme, alors au sommet de sa popularité. Une anecdote amusante, puisque l’un des personnages emblématiques de Mortal Kombat, Johnny Cage, est largement inspiré de la star belge. JCVD a refusé la proposition de ce rôle pour interpréter Guile dans Street Fighter.
5 Le pire adversaire de Mortal Kombat : la 3D
Les trois premiers volets de la saga opèrent une colossale montée en puissance de la franchise Mortal Kombat. Avec un contenu toujours plus riche, tant par son nombre de personnages que ses possibilités, les concepteurs s’amusent et le public les suit. Aux côtés des traditionnelles Fatalités apparaissent des transformations de l’adversaire en bébé (Babalities) ou encore des scènes de fraternisation (Friendhsip).
De quoi donner une ambiance potache à une série par ailleurs toujours aussi macabre et violente. En outre, l’univers de la saga devient vite central, gravitant autour du NetherRealm, le royaume démoniaque d’une autre dimension, et les multiples figures qui en sont issues.
Hélas, un énorme virage attend l’industrie du jeu vidéo, que Mortal Kombat a bien du mal à aborder. Le passage progressif de tous les développements ou presque en 3D force les développeurs, avec Mortal Kombat IV (1997), à effectuer cette délicate transition. Terminée la technique de digitalisation jadis si novatrice, il s’agit désormais de transposer l’univers sanguinolent en polygones, d’abord bien trop rudimentaires.
Un sacré coup d’arrêt dans un succès jusqu’ici insolent. Il faut attendre 2002 et Deadly Alliance pour voir la série se relever d’un long KO technique. Avec l’accent mis sur une expérience solo bienvenue et un développement judicieux de son univers, Mortal Kombat repart alors pour des années de litres d’hémoglobine versés. Le « Kombat » ne fait que commencer.