Films, séries, albums, spectacles, mangas, comics… Chaque mois, des centaines d’œuvres sont diffusées dans les salles obscures, sur les plateformes ou dans les librairies. Face à cette offre colossale, le choix est difficile. La rédaction de L’Éclaireur vous dévoile ses trouvailles du mois.
1 La BD Patience, de Daniel Clowes
Au premier abord, la bande dessinée Patience (Delcourt, 2016) étonne par ses couleurs bigarrées. Instantanément hypnotisés par la tête blonde de la couverture, nous voilà plongés dans l’univers de Daniel Clowes. L’auteur signe ici une œuvre aboutie dans laquelle l’amour de Jack et de Patience va voler en éclats, forçant le premier à voyager à travers l’espace et le temps pour empêcher l’irréparable.
Avec cette aventure, Daniel Clowes joue avec les codes de la science-fiction, proposant une bande dessinée façon Retour vers le Futur (1985) aussi rythmée que profonde. Ici, le voyage dans le temps n’est qu’un prétexte pour mettre en lumière les sentiments des personnages et pour exprimer des thématiques profondes telles que la quête d’identité, le deuil, et bien sûr l’amour.
Le graphisme futuriste est bluffant, tout comme l’intrigue à travers les années. En effet, le lecteur est transporté d’une décennie à une autre avec une poésie passionnante, toujours accessible. Patience parvient à nous faire voyager et réfléchir ; une bande dessinée qu’il était temps de rattraper. Fort heureusement, sa réédition ce mois-ci nous a permis de découvrir l’auteur, à qui l’on doit également Comme un gant de velours pris dans la fonte (2004), ainsi que Ghost World, réédités chez Delcourt cette année.
2 Le documentaire Le Fils Prodige avec Michael Douglas
Sans surprise, son passage au Festival de Cannes nous a donné envie de nous replonger dans sa filmographie. De Wall Street (1987) à Basic Instinct (1992) en passant par Ma Vie avec Liberace (2013), la carrière de Michael Douglas est pavée de chefs-d’œuvre. C’est d’ailleurs ce que retrace le documentaire Le Fils Prodige, diffusé actuellement sur Arte, et projeté sur la Croisette dans la sélection Cannes Classics 2023.
Réalisé par Amine Mestari, le documentaire retrace la carrière de Michael Douglas, mais aussi sa trajectoire inédite débutée dans l’ombre de son père, Kirk Douglas, puis affranchie de l’image de la star hollywoodienne. En parcourant sa vie tourmentée, ce documentaire nous montre comment Michael, acteur et producteur comme son père, a dû, tout au long de son exceptionnelle carrière, accepter leur ressemblance pour affirmer sa différence.
Les aficionados comme les néophytes de la Douglasmania découvriront une nouvelle facette de l’artiste américain. Il faudra cependant ne pas trop tarder à le regarder, puisque le documentaire est disponible jusqu’au 14 juillet 2023 sur Arte.
3 Le film Simple comme Sylvain de Monia Chokri
Simple comme Sylvain est l’un de nos coups de cœur du Festival de Cannes. C’est simple : depuis qu’on l’a vu, on en parle tout le temps et à tout le monde. Monia Chokri (La Femme de mon frère) nous a fait passer par toutes les émotions. On a ri, on a pleuré, on s’est aussi (beaucoup) remis en question. Ses dialogues sont percutants, ses personnages sont touchants et le tout est très bien écrit et réalisé.
Dans ce nouveau film, elle nous raconte l’histoire de Sophia et Sylvain. La première est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis dix ans. Le deuxième est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Malgré toutes leurs différences, les deux héros ont un vrai coup de foudre et tombent éperdument amoureux l’un de l’autre.
Après la passion des premiers jours, de premières tensions font leur apparition et, avec elles, de nombreuses interrogations. Un couple peut-il perdurer quand on ne partage aucun centre d’intérêt avec l’autre ? Deux personnes provenant de milieux sociaux différents peuvent-elles être heureuses ensemble ? Une relation basée sur le désir et le physique est-elle saine ? Autant de questions qui vous resteront en tête, longtemps après la fin du générique.
4 Le webtoon Jungle Juice
Depuis qu’ils ont engagé leur révolution, les webtoons ont conquis de nombreux pays, dont la France. Sur les plateformes, les abonnés se comptent en dizaine de millions et certaines histoires sont devenues cultes. C’est le cas de Jungle Juice, l’un des plus gros succès de Naver. Diffusé sur cette dernière en 2020, il a été vu plus de 20 millions de fois et a récolté une note de 9,79/10.
Comme nombre de ses prédécesseurs, le webtoon a connu une nouvelle vie, en format papier. Panini Toon a cru en ce titre et a décidé de publier un premier volume, le 17 mai dernier – et on ne peut que saluer cette décision.
Jungle Juice suit le quotidien de Suchan Jang, un étudiant « hyper populaire » (selon ses propres dires) qui cache un lourd secret. Quelques années auparavant, le jeune homme a inhalé un insecticide qui le transforme peu à peu en libellule. S’il dissimule ses longues ailes à coups de bandages, il a développé des capacités propres à l’insecte. Quand ses amis découvrent sa vraie nature, ils le rejettent et le traitent de monstre.
C’est alors qu’il fait la rencontre de Park Heejin, une femme-insecte qui lui fait découvrir une université peuplée d’étudiants comme lui. Ici, le major de promo peut accéder au « remède Cendrillon », un antidote qui permet de redevenir humain. Suchan Jang se lance alors dans la quête de la première place (et tente de survivre dans cet environnement plus hostile que prévu).
D’abord sceptiques, on a décidé de donner sa chance à Jungle Juice. Résultat : on l’a dévoré d’une seule traite. Entre Carnival Row et Hunger Games, ce webtoon est ultra-efficace. Il réussit à capter notre attention dès les premières pages et nous laisse avec un énorme cliffhanger qui nous pousse à commander le deuxième volume.
Les personnages sont intéressants, les scènes de baston sont prenantes et c’est visuellement très beau. Jungle Juice parle aussi de thématiques importantes et dans lesquelles on se reconnaît, telles que la différence ou le besoin d’appartenir à un groupe. Après sa lecture, vous ne verrez plus jamais les insectes de la même façon.
5 La série La Reine Charlotte : un chapitre Bridgerton sur Netflix
La Chronique des Bridgerton fait partie de ces plaisirs coupables que l’on regarde en sachant pertinemment que l’on ne va pas découvrir une série qui va révolutionner le genre. La première saison nous avait conquis, mais la deuxième était plus décevante, avec un goût de déjà-vu. Quand Netflix a annoncé l’arrivée d’un spin-off, on était très (très) sceptiques. Cependant, la promesse d’un show centré sur la volcanique reine Charlotte nous a intrigués et nous a poussés à sauter le pas.
Verdict : on a été agréablement surpris. La série nous propose des personnages intéressants et vraiment fouillés. On prend plaisir à retrouver des visages familiers, tels que Charlotte, Agatha ou encore Violet Bridgerton.
Ces flashbacks nous permettent aussi de mieux comprendre le passé de chaque héros, et les histoires qui les unissent. Ce spin-off propose donc plusieurs petites intrigues, tout aussi intéressantes les unes que les autres. Notre préférée est évidemment celle de Charlotte et George, qui est au centre du show.
On y découvre l’ascension au trône de la jeune femme, ses difficultés à entretenir une relation avec son mari et la maladie du roi. Les dialogues, les costumes et les scènes de bal sont dignes d’un vrai Bridgerton et on ne peut s’empêcher d’enchaîner les épisodes. La série aurait mérité une coupe d’une ou deux heures, mais elle reste néanmoins un très bon divertissement qu’on a bingé – sans aucune honte, cette fois.
6 Le manga Villainess Level 99
Dans Villainess Level 99, une jeune étudiante est réincarnée dans son jeu de drague favori. Petit bémol : elle se retrouve coincée dans le corps d’Eumiella Dolkness, la super méchante de l’œuvre. La partie romantique du jeu ne l’intéresse pas ; tout ce qu’elle veut, c’est changer son destin. Dans le scénario initial, son personnage était en effet devenu le boss ultime. Elle n’a donc qu’une chose en tête, repartir de zéro et faire en sorte de ne pas tomber du côté obscur de la force.
Son objectif lui paraît simple, car elle connaît déjà toute la trame, les dynamiques et les relations entre les personnages. Il lui suffit de suivre l’histoire, d’aider les héros, puis de s’échapper avant que ça ne tourne mal. Cependant, elle n’avait pas anticipé un léger problème : toutes ses actions ont des conséquences sur le scénario – et elle est en train de tout chambouler.
Le manga est beau, drôle et prenant, d’autant plus qu’on suit un personnage féminin ultra-badass qui met tout le monde KO sans le moindre effort. Son aura fascine autant qu’elle effraie, et ce rejet peut faire écho à nos propres peurs, comme la différence et la solitude. Villainess Level 99 est notre petite pépite manga du mois, qui est parvenue à nous rendre accros en seulement quelques chapitres.
7 Le film Peur primale sur Netflix
Cela faisait longtemps que le film squattait notre watchlist Netflix. Après plusieurs semaines, il était temps de se lancer dans le long-métrage réalisé par Gregory Hoblit avec Richard Gere, Edward Norton et Laura Linney. Sorti en 1996, il suit Martin Vail (Gere) qui se porte volontaire pour défendre un jeune homme accusé du meurtre de l’archevêque Rushman, un des plus éminents dignitaires de la ville. Aaron Stampler (Norton), le présumé coupable, provincial timide et naïf, bénéficiait de la protection de l’archevêque qu’il considérait comme son père. Vail est vite convaincu de l’innocence de son client. Cependant, après certaines révélations troublantes, il sera amené à manipuler et à piéger la partie adverse.
Les amateurs des polars des années 1990 retrouveront tout ce que le genre à offrir : une enquête, du suspense, des personnages torturés et un retournement de situation calibré. Par ailleurs, la patte rétro et les costumes viennent appuyer l’aspect nostalgique d’une époque cinématographique marquée par des thrillers mythiques.
Richard Gere offre l’une de ses meilleures prestations. S’il n’est jamais très loin de son image de beau gosse du cinéma, l’acteur de Pretty Woman (1990) dévoile une facette plus émotive et tourmentée. De son côté, Edward Norton, comédien débutant à l’époque, montre qu’il a déjà du potentiel pour devenir un grand acteur, et la palette de jeu nécessaire pour s’illustrer dans un projet futur, un certain Fight Club (1999).
8 Le jeu de société Bla5t Radiations
C’est le jeu à embarquer dans sa valise cet été. Bla5t Radiations est un jeu de cartes imaginé par trois lausannois pouvant réunir trois à cinq joueurs. Le principe est simple : une partie de Bla5t se déroule en plusieurs manches au fil desquelles les joueurs doivent éviter d’accumuler des points. La partie se termine quand l’un des joueurs atteint 100 points. Le gagnant est alors celui qui en a le moins.
Stratégie et calcul sont au cœur de ce jeu de société qui promet de faire travailler vos méninges. Chaque joueur pourra alors adopter sa propre technique pour pouvoir « blaster » et faire gagner un maximum de points à ses adversaires. Des combinaisons de cartes, des actions et des pénalités sont cependant à redouter, d’autant plus que chaque joueur ne connaît pas l’intégralité de ses cartes en débutant la partie.
Facile à emporter dans sa valise à l’approche des vacances scolaires, Bla5t Radiations est un jeu de société amusant qui, malgré la stratégie qu’il nécessite, est très facile à comprendre. C’est la garantie d’un bon moment entre amis, malgré les quelques coups bas qu’il promet.
9 L’album That! Feels Good! de Jessie Ware
Qu’on se le dise, la vie manque de disco. Heureusement, la Londonienne Jessie Ware est de retour en même temps que les beaux jours avec un cinquième album, toujours aussi dansant. Trois ans après le succès critique de What’s Your Pleasure ? (2020) qui voyait la chanteuse incorporer du groove dans sa pop, la recette reste la même pour notre plus grand bonheur. Plus court, plus concis que son prédécesseur, That! Feels Good! (2023) mixe brillamment des éléments de funk, de pop et de disco pour un résultat solaire et élégant.
Free Yourself, premier single de l’album, annonce la couleur : Jessie Ware a bien compris que le disco est une musique d’émancipation, plus qu’une simple bande-son de dance-floor. Tout au long de ses 40 minutes, le cinquième album de la Britannique rend hommage à tout cet héritage, sans jamais tomber dans le caricatural. Un vent d’air frais sur la pop, parfait pour se laisser aller à un peu de paresse au soleil.
10 Le film Spider-Man: Across the Spider-Verse
Sorti le 31 mai, le dernier film d’animation de Sony Pictures a réussi l’exploit de mettre d’accord toutes les critiques, en surpassant son prédécesseur. Pourtant, Spider-Man: Into the Spider-Verse avait été encensé à sa sortie en 2018, devenant instantanément l’une des meilleures adaptations cinématographiques de la célèbre araignée.
Loin d’être en panne d’inspiration, réalisateurs et animateurs livrent un petit bijou à la richesse sans limites. Outre les multiples versions du super-héros venues de toutes les dimensions, le film s’appuie également sur des personnages et un scénario solides, des thématiques fortes… Le tout dans un écrin confinant au sublime tant sur les plans techniques qu’artistiques. Peut-être déjà le meilleur film de super-héros de cette année. Immanquable.