Chaque mois, un·e artiste (acteur·rice, auteur·rice, chanteur·se…) partage avec L’Éclaireur une dizaine d’œuvres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, et à l’occasion du Festival de Cannes, c’est la cinéphile et vidéaste La Manie du Cinéma qui se prête au jeu.
Nous l’avions rencontrée le mois dernier à l’occasion de la réédition de T’as la ref ? (2022, Hors Collection) en librairie, et la diffusion sur ses réseaux sociaux du documentaire Ciném’Accessible. Aujourd’hui, et alors que le Festival de Cannes touche presque à sa fin, L’Éclaireur a demandé à La Manie du Cinéma, alias Mélanie Toubeau, de se prêter au jeu de l’interview cinéphile. De son film culte à son plaisir coupable, en passant par le long-métrage incontournable qu’elle doit absolument rattraper, cette passionnée de septième art dévoile les films qui l’ont marquée. Rencontre.
Quel est votre film culte ?
C’est Sacré Robin des Bois (1993), réalisé par Mel Brooks. C’est une parodie du Robin des Bois avec Kevin Costner. Ce film, je l’adore. Je le connais par cœur et je suis fan de la version VF. C’est mon film culte, on l’a vu des centaines de fois avec mon frère quand on était jeune.
Un jour, on a téléchargé Sacré Robin des Bois, et on le regardait deux fois par mois ensemble, pendant des années. J’ai beaucoup de chance, car il y a un cinéma qui s’appelle le Club de l’Étoile à Paris qui m’a proposé de faire une projection en pellicule de la VF de Sacré Robin des Bois. Je n’avais jamais vu mon film culte avant sur grand écran en 35 mm et en VF.
Quel est le film qui vous a le plus touché ?
Je dirais Hook (1991) de Steven Spielberg, car l’un de mes livres préférés, c’est Peter Pan. Spielberg est mon réalisateur préféré, car il a tout compris sur le fait de parler d’enfance quand on est adulte. C’est magnifique, j’adore son imaginaire et Hook me parle énormément.
Plus je vieillis, plus il me parle sur le fait que ce n’est pas parce que tu grandis que tu dois oublier d’avoir des rêves d’enfant. C’est aussi un film fantastique avec Robin Williams, l’un des plus grands acteurs de sa génération. Je l’aime d’un amour sans fin et, dès les cinq premières minutes, je suis en larmes. Encore une fois, je l’ai vu en VF.
Quel est le film qui parle le mieux de la nostalgie du cinéma ?
Pour moi, c’est Cinéma Paradiso (1988), qui se rapproche d’un film parfait. J’ai une tendresse toute particulière pour lui, car c’est sur l’enfance et c’est une lettre d’amour au cinéma et à la projection, avec l’histoire de ce petit garçon qui veut devenir projectionniste dans son village. Il y a aussi le thème de Cinéma Paradiso, signé Ennio Morricone, qui est pour moi l’une des plus belles bandes-originales du cinéma. Je l’écoute sans arrêt. Ce film n’est que pétillement d’un petit garçon qui découvre la magie du cinéma.
Quel est le film que vous avez vu, mais que vous ne reverrez jamais ?
Il y a en a un qui m’a laissé de sacrées traces, c’est Melancholia (2011) de Lars Von Trier. Je l’ai vu pendant le Festival de Cannes quand il a été présenté. J’ai passé le film les ongles plantés dans mon siège à faire une crise de panique, tellement il a bien marché sur moi. J’ai le vertige, alors j’ai peur de l’espace et j’ai peur de la fin du monde. Le film mettait tout en même temps, j’ai été très mal tout le long. Je n’en ai pas dormi de la nuit. Je m’en souviens très bien, j’étais encore au lycée, j’avais un cours d’anglais, et j’ai fait une crise de spasmophilie pendant le cours tellement ça m’avait mis dans un état atroce.
Le film m’a retournée. Pourtant, il est splendide, mais bien trop efficace sur moi. Je ne le regarderai plus jamais de ma vie. J’avais eu la même chose avec 2001 : L’Odyssée de l’espace (1968). J’ai fait une crise de panique durant la scène finale. Je ne sais pas si je pourrais le revoir. Ce sont des films que j’ai vus en salles ; si je les avais vus chez moi, peut-être que ça n’aurait pas eu le même effet.
Quel est le film que vous devez voir, mais que vous n’avez toujours pas vu ?
J’ai essayé de rattraper pas mal des grands classiques. J’ai du retard sur tout ce qui est cinéma japonais, comme Akira Kurozawa. Je n’ai pas vu tous les Chaplin non plus, tout comme Truffaut, il m’en manque. Il y a des réalisateurs dans l’œuvre desquels j’ai du mal à me lancer. Il faut être dans le bon mood pour les voir. Par exemple, Truffaut, je n’ai pas encore été dans le mood, mais ça va arriver un jour. J’ai vu Les Quatre Cents Coups (1959). J’aimerai terminer la filmographie de Spielberg : je pense qu’aujourd’hui, il m’en manque trois.
Quel est votre film plaisir coupable ?
C’est un film que j’assume à 100%, car je suis une grande fan des teen movies. Je connais tous les High School Musical (2006) par cœur, Camp Rock (2008)… toujours en VF. Mon plaisir coupable, c’est de me faire les sagas des teen movies fantaisie comme Hunger Games, ou Labyrinthe. Je sais que c’est nul – sauf Hunger Games (2012) qui est bien –, mais Labyrinthe (2014), Rouge rubis (2013), même si ce n’est vraiment pas terrible, j’adore. Je le revendique, car ça fait du bien, et si tu n’as pas envie de te prendre la tête un soir, c’est parfait. Je pense aussi à Descendants : génération méchants (2015-2017), sur les méchants de Disney.
Quel le film qui vous a marquée récemment au cinéma ?
J’ai adoré Les Rascals que j’avais vu en septembre dans le cadre d’un festival de cinéma à Strasbourg et que j’ai revu ensuite. C’est un premier film, il a donc les défauts d’un premier film, mais c’est moindre par rapport au scénario. Ça raconte l’histoire d’une bande de loubards des quartiers de Paris dans les années 1980. C’est un peu les Jets de West Side Story (1961) qui ne vont pas avoir les Sharks face à eux, mais plutôt un groupe d’extrême droite, des nazis. C’est bien fait, les acteurs sont excellents, et c’est bien écrit.
C’est un premier film qui m’a appris une part de notre histoire. Il est ultra-intéressant dans sa manière de raconter du point de vue des Rascals, cette bande assez hétéroclite d’enfants d’immigrés et d’une jeune femme qui, elle, commence à se rapprocher de l’extrême droite. Leur deux histoires font peur, ce sont des choses qui arrivent encore maintenant. Je le recommande chaudement. Malheureusement, ça n’a pas trop marché en salles, mais, quand il sortira en DVD, il faut le voir, car c’est un très bon film. Je trouve que le réalisateur a un point de vue très engagé et intéressant. Il dit des choses magnifiques, ça a été mon dernier coup de cœur.