Critique

Pourquoi faut-il voir le polar Misanthrope au cinéma ?

02 mai 2023
Par Lisa Muratore
"Misanthrope" de Damian Szifron, en salles depuis le 26 avril.
"Misanthrope" de Damian Szifron, en salles depuis le 26 avril. ©Metropolitan FilmExport

Sorti le 26 avril dans les salles obscures françaises, Misanthrope est un polar étonnant qui mérite le coup d’oeil de par sa mise en scène, son casting et son sujet.

Ari Aster a fait son retour sur grand écran avec Beau is Afraid, le 26 avril dernier. Toutefois, le réalisateur américain à qui l’on doit Hérédité (2017) et Midsommar (2018) n’est pas le seul artiste a avoir fait son come-back dans les salles obscures. Presque de dix ans après Les Nouveaux Sauvages, film présenté à Cannes en 2014, Damian Szifron vient de sortir Misanthrope.

Loin du film à sketch nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, ce nouveau long-métrage suit Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. Incarnée par Shailene Woodley (Divergent, Big Little Lies…), cette dernière va rejoindre le FBI en tant qu’agent de liaison alors que l’enquête piétine. De plus en plus impliquée dans l’affaire, Eleanor va découvrir que ses démons vont pouvoir aider le Bureau à cerner l’état d’esprit du tueur et à le coincer.

Bande-annonce VF de Misanthrope.

Dans la continuité de Szifron

C’est un changement de décor total pour Damian Szifron qui troque l’aspect déjanté bien qu’acerbe des Nouveaux Sauvages pour celui du polar. Une photographie sombre, des personnages torturés, d’horribles crimes… Tout est réuni pour que le cinéaste s’amuse des codes classiques du thriller. Si sur ce point Misanthrope ne se distingue pas des films à suspense présentés chaque année sur nos écrans de cinéma – on est loin de Prisoners, Gone Girl, ou encore de Spotlight – le long-métrage parvient toutefois à nous surprendre vis-à-vis du traitement de ses personnages, mais aussi par rapport au regard que porte le réalisateur sur la société de consommation.

Sur ces deux points, Misanthrope s’inscrit parfaitement dans la filmographie de Damian Szifron. L’Argentin démontre toute l’introspection de son cinéma, et sa faculté à capter ce que l’humanité a de plus sombre en elle. La vengeance des Nouveaux Sauvages incarnée par Pasternak fait écho à celle du tueur, désireux de faire payer à la société capitaliste ses excès.

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Misanthrope est aussi plus globalement une critique des États-Unis dans ce qu’ils ont de plus aberrants. La crise climatique, la surconsommation, les tueries de masses… Tous ces sujets résonnent finalement avec la quête du tueur, et apporte davantage de poids au polar. On notera aussi la mise en scène du long-métrage dans laquelle la symétrie rappelle étrangement celle d’un David Fincher obsédé et obsédant. Porté par un casting convaincant parmi lequel on retrouve également l’excellent Ben Mendelsohn (The Place Beyond the Pine, Rogue One…), Misanthrope est un polar solide, loin des films à la sauce Netflix, qui malgré un final attendu, promet de marquer son public grâce à sa mise en scène et un propos sociétal fort.

Misanthrope de Damian Szifron avec Shailene Woodley et Ben Mendelsohn, 1h58, en salles depuis le 26 avril 2023.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste