Les créateurs nous embarquent dans une aventure pleine de mystère, de magie et de monstres étranges, tout en jouant avec les codes des réseaux sociaux.
De l’écran à l’écrit, il n’y a qu’un pas. Ces dernières années, de nombreux créateurs de contenu ont fait un pas de côté pour s’aventurer dans le monde de la littérature. En 2020, le nom de Léna Situation figurait parmi les plus grosses ventes de livres avec son Toujours plus + = +. Les youtubeurs se tournent aussi vers le genre de la BD : Cyprien a ouvert la voie avec Roger et ses humains, et d’autres grands noms ont suivi, comme Squeezie avec Bleak (dans lequel il adapte son célèbre format des threads horreur en bande dessinée).
Ce nouveau terrain de jeu continu de séduire les créateurs, dont Dooms et Sora. Avec respectivement 1,98 million et 2,39 millions d’abonnés sur YouTube, ils sont connus pour leurs vidéos gaming et de divertissement. Exit les challenges, les reacts et les parties de Loup garou grandeur nature ; avec Les Pierres du cauchemar, ils signent leur premier scénario d’une BD qui nous rappelle Jumanji, Ready Player One et Les Mondes de Ralph – rien que ça.
Des héros réalistes
Bois de Vincennes, 1750. Tout commence quand deux inconnus, dissimulés sous de larges capes sombres, enterrent un mystérieux coffre pour se « débarrasser vite de ce cauchemar ». 273 ans plus tard, les chiens de Dooms et Sora déterrent l’objet, qui suscite la curiosité de leurs maîtres. Est-il piégé ? Cache-t-il une bombe ? Ou des millions de pièces d’or ?
Après avoir tenté de l’ouvrir avec tous les outils possibles et imaginables (de la scie au chalumeau en passant par la casserole), les deux amis sont aspirés par ce fameux coffre, qui les téléporte dans un univers parallèle. Perdus au milieu du cosmos, une seule information apparaît : « Si vous voulez rentrer chez vous, affrontez les épreuves des Pierres du Cauchemar ».
Face à cette situation étonnante, les héros ont une réaction logique (contrairement à 99% des personnages de BD et de manga) : ils flippent. Sorra admet avoir « archi peur » et espère « juste qu’on évite de mourir ». Cette attitude très réaliste nous permet de nous identifier immédiatement aux deux protagonistes, et vivre d’autant plus intensément leurs aventures. Leur mission est simple : rentrer chez eux. Pour ce faire, ils devront retrouver ces fameuses pierres magiques.
Instadram, des pirates et un kraken
Dans leur première BD, les youtubeurs s’amusent avec un sujet qu’ils ne connaissent que trop bien : les réseaux sociaux. Ils font des clins d’œil à des plateformes populaires (qui sont ici personnifiées) et jouent avec les codes. Par exemple, LinkedIn devient LinkedOut, WhatsApp, What’s Upp, et Google, Gougueule.
Les héros s’aventurent dans des espaces comme Ouiquipedya ou Fakebook, « un lieu assez particulier » où une armée de personnes âgées leur court après pour les « poker ». À l’inverse, Instadram est un endroit ultra-stylé où « tout est beau, on est beaux, vous êtes beaux », avec des studios très spéciaux qui permettent d’embellir notre vie en direct (ça nous rappelle quelque chose, ça).
Pour retrouver leur liberté, Dooms et Sora vont devoir réussir toutes sortes d’épreuves, comme affronter une créature monstrueuse dans un ring, trouver un trésor maudit avec un équipage de pirates ou encore combattre un kraken.
« C’est vraiment nous dans la vraie vie »
Chaque tome est très différent et nous plonge dans des univers variés. Malgré ces changements de décors et d’ambiances, un élément fait le lien entre tous les volumes : le ton léger et l’humour des protagonistes. Les dialogues, simples et fluides, nous donnent l’impression de voyager avec les vrais Dooms et Sora. Des petits mots et expressions comme « frère », « la villa de la mama » ou encore « meuf » ne font que renforcer ce caractère réaliste.
Dans une interview bonus à la fin du premier tome, le youtubeur a d’ailleurs admis que « tout est authentique. Si tout ça s’était passé en vrai, on aurait fait et dit tout pareil ! » De son côté, la créatrice de contenu a confié que sa page préférée était « l’instant émotion avec Sora. Quand j’ai un coup de mou et qu’il me remotive, c’est vraiment nous dans la vraie vie ! On se soutient toujours. »
Les pierres du cauchemar est une BD drôle et légère, qui se lit d’une traite. On sent que les amis se sont réellement amusés à écrire cette histoire, et qu’ils l’ont surtout créée pour leur communauté. L’œuvre est clairement faite pour les adolescents et les fans des youtubeurs, qui pourront aussi apprécier les dessins, très colorés, qui se dégustent visuellement comme des bonbons.
