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Pourquoi le documentaire Netflix sur Cléopâtre fait-il autant polémique ?

18 avril 2023
Par Apolline Coëffet
L'actrice britannique Adele James incarne Cléopâtre dans une série documentaire qui sortira le 10 mai 2023.
L'actrice britannique Adele James incarne Cléopâtre dans une série documentaire qui sortira le 10 mai 2023. ©Netflix

Avant même d’avoir été diffusée, la série documentaire Netflix Queen Cleopatra suscite déjà la polémique. En cause ? La couleur de peau de l’actrice choisie pour incarner la reine d’Égypte.

Premier épisode d’une saga documentaire consacrée aux femmes puissantesQueen Cleopatra sera disponible sur Netflix à compter du 10 mai 2023. Cependant, la diffusion de sa bande-annonce a déjà fait couler beaucoup d’encre. Jada Pinkett Smith, qui produit et raconte la série, a choisi Adele James, une actrice noire, pour incarner la reine d’Égypte, et cette décision a suffi à relancer les multiples débats autour de son apparence.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont accusé Netflix de s’adonner à une réécriture militante de l’histoire. Une pétition a même été lancée pour contraindre la plateforme de streaming à annuler la série. Seulement, à l’instar de l’étendue du mythe qui gravite autour de Cléopâtre, un autre mystère demeure tout aussi vaste et ne cesse de fasciner. 

Une ascendance partiellement inconnue

Souvent représentée sous les traits d’une femme aux longs cheveux bruns et au teint hâlé, nul ne sait à quoi ressemblait véritablement la dernière reine d’Égypte, des doutes sur son ascendance subsistant encore aujourd’hui. Fille de Ptolémée XII, descendant direct du général macédonien du même nom, Cléopâtre est issue de la dynastie lagide.

« On ne peut pas exclure que Cléopâtre ait été une blonde aux yeux bleus, puisque les Macédoniens sont plutôt des gens au teint et aux yeux clairs. Ce n’était peut-être pas une blonde oxygénée, mais on peut l’imaginer avec des cheveux clairs, ou alors bruns avec des reflets roux », expliquait Anne Bielman Sánchez, professeure d’histoire ancienne à l’université de Lausanne, en Suisse, dans le magazine universitaire UNIL

Toutefois, l’identité de sa mère reste inconnue. « En fait, tout dépend de l’origine de [celle-ci]. On ne sait pas si c’était la femme du roi ou une concubine égyptienne », précisait l’enseignante. S’il est donc plus probable que Cléopâtre ait été blanche ou métisse, tant que la tombe royale n’aura pas été formellement identifiée, personne ne pourra trancher.

L’œuvre du mythe

Qui plus est, les textes anciens qui nous sont parvenus ne font pas mention des caractéristiques physiques de la reine. Ceux-ci évoquent davantage son charisme et son esprit. « Elle était jolie, mais pas plus que d’autres jeunes femmes, et c’est l’ensemble de sa personne qui séduisait. Selon les écrits de Plutarque et de Dion Cassius, ce qui faisait son charme, c’était sa voix et sa conversation », étayait Maurice Sartre, professeur spécialiste de l’Antiquité et du monde romain oriental à l’université de Tours, dans les colonnes de Géo.

Si Adele James ne ressemble peut-être pas à celle qui a inspiré ce rôle, alors il en va très certainement de même pour Elizabeth Taylor, Monica Bellucci ou encore Sarah Bernhardt, qui ont également incarné la souveraine. « C’est comme s’il y avait deux reines : une Cléopâtre de l’histoire, et un univers de romans, de films et de BD qui s’inspire de Cléopâtre, mais qui n’a rien à voir avec l’histoire », soulevait à juste titre Maurice Sartre dans le même entretien. Une conclusion qui rappelle sans doute la destinée des mythes : dépasser la figure originale pour nourrir les imaginaires et traverser les siècles.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste