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Pourquoi achète-t-on des livres que l’on ne lit pas ?

19 mars 2023
Par Lisa Muratore
Qu'est-ce que le "tsundoku" ?
Qu'est-ce que le "tsundoku" ? ©Shutterstock/RG-vc

Le « tsundoku » aussi appelé « le syndrome de la pile à lire » est devenu un véritable phénomène depuis plusieurs années. Retour sur cette habitude littéraire étonnante.

Vous ne le saviez peut-être pas, mais il existe un mot pour qualifier cette étrange habitude qui consiste à acheter des livres que nous ne lirons jamais. Les boulimiques de l’achat compulsif littéraire appellent cela « le tsundoku ». Ce concept, considéré comme un véritable syndrome, est un terme japonais consistant à mélanger les mots « tsunde-oku » qui désigne le fait d’accumuler des choses pour les utiliser plus tard et « doku-sho » qui signifie livres. Apparu au XIXe siècle, il désignait auparavant l’habitude de la bourgeoisie japonaise, qui afin de se créer « une légitimité intellectuelle » comme le souligne Khalil Mouna, achetait des livres afin de se distinguer des classes plus modestes.

Un véritable syndrome

Depuis quelques années maintenant, on assiste au retour de ce terme qui désigne aujourd’hui les gens qui achètent des livres de manière compulsive sans les lire. Aussi appelé « le syndrome de la pile à lire », il concerne beaucoup de lecteurs d’après l’application de lecture Gleeph. Selon ses fondateurs, des milliers de lecteurs auraient plus de 100 livres non lus dans leur bibliothèque, les femmes étant davantage touchées par ce phénomène, surtout celles âgées entre 28 ans et 35 ans.

Le syndrome du « tsundoku » se traduit par « le syndrome de la pile à lire ». ©Shutterstock/Morakod1977

Le tsundoku doit cependant se différencier de la bibliomanie qui consiste de son côté à acheter des livres simplement pour les acheter. Car outre son aspect compulsif, le syndrome de la pile à lire représente également un achat d’interêt pour le lecteur qui au départ a une réellement intention de lecture. Il y a un aspect réconfortant et un réel besoin culturel qui transparaît à travers cette habitude.

Pourquoi acheter des livres sans les lire ?

Mais alors pourquoi achetons-nous des livres sans jamais les lire ? D’après Ruben Rabinovitch,« c’est avant tout parce que les individus préfèrent passer du temps en collectif, qu’ils ne lisent pas les livres qu’ils achètent ». Auprès de RadioFrance, le psychologue explique : « La lecture est un moment où nous sommes débranchés des autres, c’est un exercice solitaire qui peut générer de l’angoisse et du vide. Au contraire, quand on regarde une série, par exemple, on peut en parler avec les autres, la commenter et c’est rassurant ».

Ce constat encourage des initiatives telles que le Quart de lecture, mis en place à l’occasion du 10 mars, depuis deux ans. Par ailleurs, face à lui, les lecteurs s’organisent pour lutter contre cet étonnant syndrome. Regarder les recommandations avant l’achat, trier ses livres, s’obliger à une routine de lecture… sont autant de conseils à suivre pour combattre une habitude sur laquelle il est tout de même important de relativiser, car comme le rappelle le Centre national du livre, en 2021, les Français ont lu en moyenne 18 livres, tandis qu’en 2022 les jeunes Français ont montré qu’ils lisaient de plus en plus : entre 4 et 5 livres tous les trois mois.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste