La programmation culturelle annonce une rentrée 2023 riche en surprises et nouveautés. Des troublantes sculptures hyperréalistes au Musée Maillol à l’Art déco au musée de l’Architecture, en passant par une rétrospective exceptionnelle sur la peintre Rosa Bonheur, voici notre sélection d’expositions à ne pas manquer.
1 Hyperréalisme – « Ceci n’est pas un corps » au musée Maillol
Jusqu’au 5 mars, le musée Maillol accueille une exposition sans précédent : Hyperréalisme – « Ceci n’est pas un corps ». Le mouvement hyperréaliste aborde la représentation du corps humain par des techniques qui le montrent au plus près du réel. Le vaste champ des possibles exploré par les hyperréalistes est ainsi à découvrir au fil d’une exposition en six sections unies par une ligne du temps.
Chaque section s’articule autour d’un concept formel, fournissant les clés de compréhension nécessaires pour appréhender les œuvres. Cette exposition itinérante a été présentée à Bilbao, Canberra, Rotterdam, Liège, Bruxelles et Lyon. Elle est aujourd’hui au cœur du musée Maillol.
(2) Art déco France-Amérique du Nord à la cité de l’Architecture et du Patrimoine
La cité de l’Architecture et du Patrimoine dédie une exposition monumentale à l’un des mouvements artistiques les plus fascinants du siècle dernier : l’Art déco. Dans cette exposition sont explorées en particulier les relations entre la France et l’Amérique du Nord, qui, grâce à des fructueux échanges, ont pu s’inspirer réciproquement et pousser ce style architectural à son apogée.
Dès les deux dernières décennies du XIXe siècle, l’École des Beaux-Arts de Paris forme en effet une centaine d’architectes américains et canadiens qui construiront et meubleront ensuite des buildings Art déco dans les métropoles américaines. Le parcours d’exposition s’intéresse à l’architecture, mais aussi à l’ensemble de la vie culturelle et artistique de cette période foisonnante.
Une attention particulière est portée à la construction du palais Chaillot, bâti en 1935 en ouvrant une esplanade et la percée d’une perspective grandiose sur la ville et la tour Eiffel, fusion parfaite entre le style français et l’architecture washingtonienne.
À voir jusqu’au 6 mars.
(3) Rosa Bonheur 1822-1899 au Musée d’Orsay
Si vous ne connaissez pas encore Rosa Bonheur, l’une des seules femmes peintre que l’histoire de l’art du XIXème siècle ait retenue, n’attendez plus : jusqu’au 15 janvier, une exposition exceptionnelle en retrace le parcours au Musée d’Orsay.
Rosa Bonheur est une véritable icône de l’émancipation des femmes, une artiste hors du commun ayant placé la nature et le vivant au centre de son œuvre. Connue et célébrée en Europe comme au-delà de l’Atlantique, elle fut un exemple de femme libre, mais aussi d’artiste de succès au propos bien trempé.
Elle s’engage pour la reconnaissance des animaux dans leur singularité et cherche à exprimer leur vitalité et leur âme à travers son art. Une œuvre abondante, fruit d’une cohabitation quotidienne avec les animaux, qui voit le jour dans ses ateliers successifs, sur le terrain, ainsi qu’au cours de ses voyages. Environ 200 œuvres (peintures, sculptures, photographies), issues de collections publiques et privées d’Europe et des États-Unis, sont à découvrir.
4 Les Portes du possible au Centre Pompidou-Metz
Le Centre Pompidou-Metz ouvre 2023 avec l’une des expositions les plus intéressantes de cette rentrée, à voir jusqu’au 10 avril : Les Portes du possibles. Avec cette exposition, la commissaire Alexandra Müller entend donner la voix à de jeunes artistes tournés vers le futur, lassés des dystopies et des cauchemars de la génération dite « no future ».
À travers plus de 200 œuvres, cette exposition parle de l’avenir, mais aussi du présent et des luttes qui animent la jeunesse, dans un monde dominé par les pensées réactionnaires. Un parcours qui est un portrait de l’humanité contemporaine plus que de celle à venir et qui dévoile ses ambitions, ses affres sociales, ses chances et ses périls. À mi-chemin entre art et science-fiction, l’exposition Les Portes du possible dresse des passerelles entre univers imaginés et réalité en esquissant une vision positive de l’avenir.
5 Nous, les fleuves au Musée des confluences
Jusqu’au 27 août 2023, à Lyon, une exposition au Musée des confluences mène une réflexion sur la figure du fleuve, personnage central du paysage de la ville. Berceau des civilisations, les fleuves ont permis le développement des activités humaines aux quatre coins de la planète en fertilisant les sols nécessaires à l’agriculture.
Situé à la confluence du Rhône et de la Saône, le Musée des confluences de Lyon invite ses visiteurs à se balader le long d’un fleuve imaginaire. Au fil de l’eau, le public perce peu à peu les mystères de ces fascinants cours d’eau : de la source des fleuves aux couleurs des confluences, en passant par la force du courant, aidé par une scénographie immersive composée de pirogues, animaux aquatiques, personnages mythologiques, œuvres d’art et films documentaires.
À l’heure du changement climatique, Nous, les fleuves permet de réfléchir aux enjeux de préservation de l’environnement de ces zones fertiles, comme les estuaires et deltas, aussi soumis aux conflits géopolitiques qui en découlent.
6 Devenir fleur au MAMAC de Nice
Pour continuer dans cette exploration de la nature, nous recommandons aussi l’exposition Devenir fleur faisant partie de la Biennale des arts de Nice. À quelques foulées du célèbre marché aux fleurs du cours Saleya et de l’iconique promenade des Anglais, théâtre de la bataille des fleurs lors du Carnaval, le musée d’Art moderne et d’Art contemporain (MAMAC) invite à une réflexion écologique et anthropologique autour des fleurs à partir de 80 œuvres d’artistes historiques, contemporains et émergents, des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
Une balade poétique, qui invite à préserver les environnements et nous ouvre les yeux sur un ensemble d’artistes ayant fait des fleurs le cœur de leur réflexion artistique : de Nona Inescu à Uriel Orlow et ses rêves botaniques, jusqu’à Isa Barbier, Yto Barrada, Hicham Berrada, Minia Biabiany, Melanie Bonajo et bien d’autres.
Jusqu’au 30 avril au MAMAC.
7 Ghada Amer au Mucem
L’exposition Ghada Amer, au Mucem jusqu’au 16 avril, est la première rétrospective de l’artiste en France. Déployée dans trois lieux (Mucem, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et la chapelle du centre de la Vieille Charité), elle réunit les différents modes d’expression plastique de l’artiste franco-américano-égyptienne, depuis ses débuts jusqu’à ses créations les plus récentes.
La broderie, la peinture, la céramique, le bronze et la création de jardins sont au cœur de son art. À travers son travail, elle interroge les rapports de domination, les processus d’assimilation, d’opposition, d’inspiration au cœur des cultures qui la traversent.
Aujourd’hui, cette artiste est l’une des principales porte-voix des représentations post-coloniales dans l’art contemporain.
Née au Caire en 1963, Ghada Amer s’installe à Nice avec ses parents en 1974. Elle s’y forme à la Villa Arson avant de rejoindre l’Institut des hautes études en arts plastiques à Paris. Révoltée par la difficulté de s’affirmer comme peintre dans les années 1980 – et a fortiori comme femme peintre –, Ghada Amer élabore une œuvre de toiles et d’installations brodées ainsi que de sculptures et de jardins, à travers lesquels la peinture s’affirme progressivement. En 1999, elle est invitée par Harald Szeemann à exposer à la Biennale de Venise, où elle reçoit le prix Unesco pour la promotion des arts. Depuis 1996, elle vit et travaille à New York.
8 Momies, corps préservés, corps éternels au Muséum de Toulouse
L’exposition Momies, corps préservés, corps éternels, à voir jusqu’au 2 juillet, fera la joie de tou·te·s les passionné·e·s d’histoire. Archéologie, anthropologie, thanatopraxie, médecine légale, ethnologie, biologie, génétique, sociologie… Ce n’est pas une exposition d’égyptologie que le Muséum de Toulouse propose, mais une réflexion plus vaste sur le corps humain et sa conservation.
Qu’il s’agisse de momies artificielles, témoins de rites funéraires anciens, ou de momies naturelles formées par l’action du gel, du sel, de la tourbe ou même de l’ambre, cette exposition s’intéresse à la conservation des corps, qu’ils soient humains ou animaux.
Elle se penche également sur les techniques de préservation contemporaines et pose des questions éthiques et déontologiques. L’exposition puise dans les collections du musée et en ressort trois momies parfaitement conservées, et bénéficie de plusieurs prêts d’exception, qui forment une scénographie interactive et innovante.