Comme attendu, Microsoft a levé le voile sur Windows 11 au cours d’une conférence en ligne. Sans réelle surprise, cette nouvelle mouture apporte néanmoins plusieurs nouveautés importantes.
Microsoft avait donné rendez-vous jeudi 24 juin 2021 à 17 heures pour la présentation du “prochain Windows”. Six ans après Windows 10, cette conférence était attendue… mais la firme de Redmond a connu quelques problèmes techniques avec sa retransmission en streaming. Il en aurait tout de même fallu plus que cela pour l’empêcher de dévoiler la nouvelle version majeure de son système d’exploitation. La grande fête imaginée par la société de Satya Nadella a toutefois été contrariée par la fuite d’un fichier ISO d’une version préliminaire du nouvel OS. Cette dernière, que nous avons déjà pu prendre en main, avait révélé la nouvelle interface en amont de la conférence. L’événement a malgré tout permis de confirmer toutes les nouveautés de la version 11.
Windows 11 : un contexte favorable
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de rappeler que Windows 11 arrive dans un marché du PC en très grande forme : les ventes ont bondi de 55 % au premier trimestre 2021 et Microsoft rappelle lui-même que “la façon dont nous utilisons nos PC a beaucoup changé” au cours des derniers mois. La crise sanitaire, marquée par plusieurs confinements et une explosion du télétravail, a en effet replacé l’ordinateur fixe ou portable au centre des attentions. Un retour surprise pour le célèbre système d’exploitation, comme en témoigne l’attente autour de Windows 11, après plusieurs années dans l’ombre du mobile (Android et iOS).
“Nos PC, qui ont toujours été des outils fonctionnels essentiels, sont devenus des objets personnels et émotionnels”, explique d’ailleurs Microsoft France, qui veut profiter de cet élan pour entrer dans une nouvelle ère. Voici Windows 11.
Windows 11 : plus personnalisable, moins complexe
La préversion avait permis de découvrir en avant-première la nouvelle interface de Windows 11. Point de surprise ici, la version finale présentée par Microsoft reprend la plupart des éléments et offre un nouveau design plus moderne et épuré. Lors de notre découverte de la préversion, force est de constater que nous avions plutôt l’impression d’être face à un Windows 10 modifié avec un thème plutôt qu’une nouvelle mouture. Windows 11 joue ainsi la carte de la continuité avec sa nouvelle interface, et c’est un bon point après l’accueil favorable réservé à son prédécesseur. Sans bousculer les codes, le nouvel OS apporte quelques changements esthétiques bienvenus dans le but d’offrir “plus de productivité, de créativité et de simplicité”.
Le changement le plus visible concerne le nouveau bouton Démarrer. Celui-ci est désormais centré (avec toujours la possibilité de le déplacer) et accompagne de nouvelles fonctions (Ancrage de Disposition, Ancrage de Groupes et Bureaux) conçues pour faciliter le travail en multitâches et optimiser l’espace disponible à l’écran. Microsoft améliore notamment la gestion des bureaux virtuels et apporte un nouveau système de gestion et d’affichage des fenêtres. Cette fonction, appelée Snap Layouts, est bienvenue et confirme la volonté du groupe américain de mettre l’accent sur la productivité. La gestion du multiécran a également été revue pour mieux prendre en charge un écran externe.
Cette tendance se confirme avec l’intégration de Teams, qui vient se loger directement dans la barre des tâches de Windows 11. Fortement mis en avant avec la crise sanitaire, il vient remplacer Skype et se positionne plus que jamais en concurrent de Slack.
Avec Windows ou Xbox, le jeu vidéo a toujours accompagné l’histoire de Microsoft. L’arrivée de cette version 11 doit également offrir “la meilleure expérience jamais proposée sur PC”. Afin d’améliorer l’expérience, l’OS va prendre en charge des technologies comme DirectX 12 Ultimate, l’auto HDR ou une fonction DirectStorage pour offrir des temps de chargement plus rapides. Également attendue, l’application Xbox va intégrer nativement le Xbox Game Pass ainsi que le Xbox Cloud Gaming pour jouer sans passer par son navigateur.
Windows 11 et Android se rapprochent
À l’instar d’Android et iOS, macOS et Windows n’ont jamais semblé aussi proches, tout en gardant leur philosophie respective. Windows 11 veut d’ailleurs renforcer ses liens avec l’univers mobile et le système d’exploitation mobile de Google. La version actuelle offre déjà la possibilité de garder le lien avec son smartphone Android via l’application Votre Téléphone. En plus de pouvoir gérer les appels, SMS ou les notifications, il est possible d’utiliser les applications d’un smartphone Android sur Windows 10.
Microsoft va aller encore plus loin en proposant pour la première fois, via le nouveau Microsoft Store, le support des applications Android. La firme explique que “plus tard dans l’année”, ses utilisateurs pourront installer des applications Android sur un PC Windows 11 grâce à un partenariat avec l’Amazon App Store. Le géant américain du e-commerce précise qu’une “sélection élargie d’applications” devrait être proposée. L’application TikTok a notamment été présentée, mais nous ignorons encore les modalités et la liste complète des applications concernées.
Le Microsoft Store fait sa révolution
“Aujourd’hui marque un jalon important dans l’histoire de Windows. C’est le début d’une nouvelle génération d’informatique, où tout est réimaginé”, estime le patron de Microsoft, Satya Nadella. Le fait de faciliter l’accès aux applications Android s’inscrit dans une volonté de relancer l’engouement autour du Microsoft Store. Ce dernier “a été totalement repensé” pour être plus simple d’utilisation, plus rapide et plus ouvert. Un changement de cap important pour le fabricant qui se démarque du modèle fermé d’Apple.
Autre différence majeure, Microsoft ne prendra pas de commission sur les applications distribuées sur le nouveau Microsoft Store. Les développeurs conserveront donc 100 % des revenus, à l’exception des jeux. Pour ces derniers, la firme américaine avait dévoilé sa nouvelle politique en mai : actuellement fixée à 30 %, cette commission va être ramenée à 12 % à compter du 1er août.
Le retour des widgets
Le nouvel OS n’oublie pas non plus son histoire et marquera le retour des widgets. Loins de ceux proposés sous le décrié Windows Vista, les widgets s’inspirent davantage de l’univers du mobile et d’Android. Microsoft va proposer un flux alimenté par de l’IA pour fournir en temps réel de l’actualité, la météo ou encore les notifications.
Le navigateur Edge sera mis à contribution pour ce qui ressemble à une évolution du widget Météo et actualité actuellement déployé avec Windows 10. Notez que le flux pourra être personnalisé, tandis que l’IA cherchera à adapter le contenu à afficher.
Quels changements techniques ?
La conférence de Microsoft était principalement tournée vers le grand public, mettant en avant la nouvelle interface et de nouvelles fonctions de productivité ou de divertissements. Sur le plan technique, Microsoft confirme cette évolution en douceur en expliquant que son nouveau système “a été construit sur une base cohérente, compatible et semblable à Windows 10”. La filiation est évidente, même si l’entreprise étasunienne promet plus de rapidité et une sécurité renforcée. Il est ainsi question d’une protection de bout en bout, de la puce au cloud, et d’un OS Zero Trust-ready “pour protéger l’ensemble des données des utilisateurs, et ce, sur tous leurs appareils”.
Pour les PC portables, la société assure que Windows 11 est plus économe en énergie et mieux adapté au multitâche. Des promesses qui devraient préserver l’autonomie des machines.
Notons également une amélioration de l’expérience sans clavier, avec davantage d’espace entre les icônes et la barre de tâches, l’ajout de cibles tactiles “plus grandes” et de repères visuels pensés “pour faciliter le redimensionnement et le déplacement des fenêtres”, ou encore de nouveaux gestes “plus intuitifs”. Microsoft a aussi décidé d’activer la technologie haptique avec Windows 11.
Prix et date de disponibilité de Windows 11
Désormais officiel, Windows 11 sera disponible dès cet automne sous la forme d’une mise à jour gratuite pour les PC Windows éligibles. Microsoft conserve sa politique et il devrait donc être possible de passer gratuitement de Windows 7 à Windows 11, à condition de disposer d’une licence.
Le constructeur a profité de l’annonce pour lever le voile sur les exigences matérielles et spécifications minimales de Windows 11. En plus d’un processeur 1 GHz ou plus, avec au moins deux cœurs, 4 Go de mémoire vive et 64 Go de stockage, il faudra disposer d’un ordinateur avec “démarrage sécurisé compatible UEFI” et d’une carte graphique compatible avec DirectX 12 (ou version ultérieure) avec pilote WDDM 2.0. Il est d’ores et déjà possible d’utiliser l’application Contrôle d’intégrité du PC pour vérifier si son PC actuel remplit les conditions requises.
Mon ordinateur est-il compatible ? La question du TPM
Avec cet outil, il est possible que le message “Ce PC ne peut pas exécuter Windows 11” s’affiche, et ce, même si vous disposez d’une machine puissante. Depuis quelques heures, la toile s’agite également au sujet du module de plateforme sécurisée TPM 2.0. Cette solution de sécurité fait partie des prérequis pour passer à Windows 11 et elle n’est pas toujours activée par défaut. Si un module physique existe – il est vendu par certains fabricants de cartes-mères –, il prend désormais la forme d’une solution logicielle (AMD fTPM ou Intel PTT).
Pour les PC disponibles depuis 2016, il suffit de se rendre dans le BIOS (UEFI) et de l’activer dans les paramètres. Selon votre carte-mère, la mention “TPM 2.0”, “PTT” ou “fTPM” devrait apparaître dans les réglages liés à la sécurité. Face aux critiques, Microsoft a également promis de faire évoluer son outil dans les semaines qui viennent.
Mise à jour ou nouvelle version ? Notre avis
Attendue comme la grande mise à jour de Windows 10, Sun Valley débarquera finalement sous les traits d’une nouvelle version. L’arrivée de Windows 11 est une surprise, dans la mesure où Microsoft avait régulièrement présenté Windows 10 comme le dernier Windows. Loin d’être abandonné, il était assimilé à un “service” et devait profiter régulièrement de mises à jour.
Ce changement de direction peut donc surprendre, même si Redmond n’avait jamais officiellement abordé le sujet. Seul Jerry Nixon, un responsable du développement de Microsoft, avait évoqué la fin des versions majeures. Il peut néanmoins s’expliquer par les récents événements qui ont chamboulé le marché du PC. Le lancement d’un nouveau système d’exploitation peut continuer de stimuler la demande sur un marché en pleine progression malgré la pénurie de puces et de composants.
Une évolution en douceur
Pour Microsoft, le lancement de Windows 11 revêt plus d’importance que l’annonce d’une simple mise à jour. Il confirme aussi que son OS est arrivé à maturité et que les bases solides posées par Windows 10 n’avaient besoin que de quelques ajustements. Si les améliorations peuvent paraître timides en apparence, elles visent à faciliter l’expérience d’utilisation. Il faudra donc attendre la sortie de Windows 11 et l’utiliser pendant quelques semaines pour mieux mesurer les changements apportés par Microsoft.