Il faut croire que les fans de Saint Seiya sont encore nombreux à s’avouer nostalgiques de l’œuvre de Masami Kurumada car ils ont répondu massivement à l’appel de la déesse Athéna sur smartphones. Disponible depuis cet automne sur iOS et Android, Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac n’est pas seulement une très bonne adaptation de la série : c’est aussi l’un des meilleurs exemples de free-to-play qui peut s’apprécier pleinement sans passer par les micro-transactions.
Licence maudite parmi tant d’autres, Saint Seiya – Les Chevaliers du Zodiaque – figure en bonne place parmi les mangas les moins bien lotis en matière d’adaptations vidéoludiques. Aucune des tentatives réalisées ces trente dernières années n’étant parvenue à restituer ne serait-ce qu’un soupçon de l’aura mythique de la série, l’espoir de voir la courbe s’inverser paraissait désormais illusoire. Une fois n’est pas coutume, c’est finalement sur mobile que les nostalgiques ont choisi de se donner rendez-vous afin de partager leur engouement pour une saga qui n’a pas encore dit son dernier mot.
Saint Seiya, en toute humilité
Des modes de jeux à foison, une réalisation impeccable, un concept résolument accrocheur et un respect étonnant de l’œuvre originale. Difficile de trouver par où commencer lorsqu’on aborde Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac, un titre qui, sans prétention aucune, a de quoi faire rougir n’importe quelle adaptation de la licence sur consoles. À première vue pourtant, la proposition ne semble rien avoir de bien grandiloquent. Format mobile oblige, le gameplay en lui-même se veut relativement concis et prévisible, poussant le joueur à construire une équipe de chevaliers suffisamment homogène et équilibrée pour tenir la distance en PvE et PvP.
Et pourtant, dès le lancement du scénario, nous voilà surpris. Surpris d’abord de constater que le titre embarque non seulement les voix japonaises, mais aussi et surtout les musiques originales de la série animée. Voilà déjà un point qui joue énormément en faveur de cette adaptation qui, même en s’autorisant quelques digressions par-ci par-là pour étoffer sa formule, reste toujours incroyablement respectueuse du matériau d’origine.
Mon Dieu, c’est plein d’étoiles !
Tout n’est donc pas « canon » dans Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac, mais c’est un écart que l’on pardonne facilement dans la mesure où, chaque fois que le jeu prend des libertés avec les codes de la franchise, c’est dans une volonté pure et simple d’offrir quelque chose d’inédit au joueur. Des bonus que l’on s’empresse d’accepter d’autant plus volontiers que la formule s’avère d’une densité rarement atteinte sur un free-to-play. Sans exagération aucune, le foisonnement de contenus accessibles gratuitement est tel que l’on peut jouer trois ou quatre heures quotidiennement sans pour autant parvenir à faire le tour de la totalité des modes de jeu à chaque fois ! L’efficacité du titre réside ainsi autant dans l’exploitation remarquable de l’œuvre de Kurumada que dans l’équilibre entre le challenge et les récompenses qu’il nous offre.
Tout est évidemment paramétrable à volonté afin de réduire au maximum les pertes de temps, par exemple en automatisant les défis répétitifs ou dont on connaît l’issue à l’avance pour se focaliser sur les combats les plus intéressants. Et rien qu’avec ses chapitres scénarisés, répartis entre la trame principale très fidèle au manga et les épisodes secondaires qui s’éloignent un peu plus du canon, ce sont des heures et des heures de jeu en perspective !
Player vs Chronos
Le piège se referme alors inexorablement sur nous lorsqu’on réalise qu’il est trop tard pour échapper à la dimension chronophage du soft. Car plus on joue, plus Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac sait se montrer gratifiant. En nous aiguillant astucieusement parmi les innombrables ramifications de contenus qu’il propose, le jeu parvient à se renouveler quotidiennement en fonction des récompenses que l’on cherche à obtenir dans le but d’optimiser notre équipe. Chaque donjon, chaque type de défi mène à des ressources bien précises destinées soit à rapporter de l’expérience aux chevaliers, soit à développer leurs capacités d’éveil ou à booster leurs niveaux d’aptitudes. Quant aux réincarnations, elles impliquent évidemment leur lot de sacrifices d’unités secondaires, mais là encore, la formule se révèle suffisamment souple pour nous permettre de progresser rapidement, même lorsqu’on intègre de nouveaux venus dans notre formation à partir du niveau de base. Plus on joue et plus on découvre de nouvelles options insoupçonnées, souvent bien cachées dans les menus et autorisant par exemple l’ouverture ou la revente de coffres spéciaux, la vénération par des offrandes, ou encore l’amélioration et le raffinage de jetons de cosmos à équiper sur nos personnages.
Écouter les augures
Il faut dire que l’acquisition de chevaliers d’or et autres personnages de rang S ne survient pas fréquemment, ce qui a le mérite de favoriser la diversité des équipes en PvP en incitant chacun à trouver les moyens de s’en sortir avec les cartes qu’il est parvenu à décrocher au départ. Pour autant, et c’est là un point essentiel pour un free-to-play, rien ne nous pousse jamais aux micro-transactions, puisque l’on peut parfaitement gravir les échelons sans passer à la caisse. À titre d’exemple, sur notre partie où aucun centime n’a été déboursé, les caps de difficulté nous ont motivés à privilégier une équipe majoritairement défensive en attendant de mettre la main sur des unités plus dévastatrices qui ont fini par pleuvoir à la faveur des constellations ! Trois chevaliers d’or de rangs S à la suite avec seulement quatre gemmes de tirage avancé, avouez que ce n’est pas si mal…
En observant bien la voûte étoilée et surtout l’augure indiquant le degré de chance au moment T, on devine à quel moment optimiser ses chances de réussite, même si le résultat n’est jamais garanti. Et là encore, inutile de succomber à la tentation des bonus payants tant le titre se montre généreux en matière de récompenses… pour peu qu’on accepte de lui consacrer un peu de temps.
Tout ce qui est or ne brille pas
L’occasion aussi de tester la valeur de ces seconds couteaux que l’on n’aurait pas forcément joués dans d’autres circonstances mais qui s’avèrent souvent bien plus enrichissants à maîtriser qu’il n’y paraît. C’est le cas notamment d’Aphrodite qui se régénère inlassablement ou de Deathmask qui peut faire basculer le déroulement d’un combat en prenant l’avantage à chaque mort tombé sur le champ de bataille. Même les cartes de rang A ont leur utilité à haut niveau, à l’instar de June du Caméléon qui partage les dégâts entre les membres de l’équipe, de Marine de l’Aigle dotée d’un multi-soin inestimable, ou de Jabu dont le galop de la licorne frappe tous les ennemis plusieurs fois de suite si on en laisse plusieurs à l’agonie.
Certains se chargeront de générer davantage de points de cosmos, d’autoriser une double action à chaque tour ou d’infliger diverses altérations de statut… que d’autres unités encore pourront évidemment neutraliser. À partir de là, le modèle de combat au tour par tour par équipes interposées devient beaucoup plus intéressant qu’il ne le semble lors des premières heures de jeu, l’aspect tactique allant bien au-delà d’un simple alignement de chevaliers d’or surpuissants. Chaque stratégie peut donc potentiellement être déjouée si l’on connaît les spécificités de chaque chevalier sur le bout des doigts.
Nous sommes Légion
Soulignons-le une fois encore, l’incroyable diversité des challenges proposés confère au titre une richesse quasi inépuisable, sans compter l’ajout d’événements ponctuels parfois très originaux et les intarissables quêtes de légion. Car si Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac se révèle aussi motivant sur le long terme, c’est parce qu’il favorise toujours la coopération. L’appartenance à une guilde, baptisée ici légion, donne en effet accès à des défis supplémentaires et à des récompenses bien plus avantageuses qu’en solo. Même les mini-jeux sont parfois accessibles en duo, chacun étant également libre de partager ses ressources avec ses partenaires de légion ou de s’allier temporairement à d’autres joueurs afin d’engranger encore plus de bonus dans les donjons.
Déjà extrêmement addictif lorsqu’on n’envisage que sa facette free-to-play, Saint Seiya Awakening: Knights of the Zodiac voit sa saveur décuplée si l’on affectionne tout particulièrement l’œuvre de Masami Kurumada. Aux arcs principaux s’ajoutent en effet de multiples tests de connaissance, et surtout des chapitres retraçant les épreuves clés endurées par les chevaliers de bronze et présentés à la manière d’une collection de tankobon (volumes reliés) reprenant carrément certaines planches du manga. Le jeu a d’ailleurs le mérite de bénéficier d’une traduction française qui, en dépit de quelques coquilles (les dialogues passent parfois en espagnol), fait plutôt bien son job en rendant le tout accessible même aux néophytes de Saint Seiya. Franchement, on n’en demandait pas tant !