Si vous habitez en France métropolitaine, vous aurez constaté un phénomène récurrent ces dernières semaines : chaque journée ensoleillée possède son équivalent en orages. Si les pluies, le tonnerre et les éclairs permettent de rafraîchir un peu l’air, ces phénomènes sont aussi un exercice photographique intéressant, et pas forcément commun. Comment photographie-t-on un orage et ses éclairs ? Suivez le guide.
Les conditions à réunir
Dans notre guide sur la photographie de ciel étoilé, nous expliquions qu’il fallait à tout prix fuir la lumière de la ville. Avec la photographie d’orage, la problématique est à peu près la même, mais l’imprévisibilité du phénomène fait que vous risquez de n’avoir pas assez de temps pour rejoindre votre spot préféré, loin de la pollution lumineuse. Il faudra donc faire avec. Toutefois, si vous avez l’occasion d’aller prendre de la hauteur, faites-le, mais soyez conscient de c’est aussi le genre d’endroits qu’aime visiter la foudre…
Il est évidemment difficile de prévoir avec exactitude un orage, mais il existe de nombreux outils en ligne permettant par exemple de recenser en temps réel les impacts de foudre sur le territoire. C’est le cas de Keraunos (observatoire français des tornades et orages violents), dont les données sont très détaillées et suivies au quart d’heure près.
Tâchez également de rester protégé de la pluie afin de ne pas gâcher un cliché avec de vilaines gouttes venues frapper votre objectif. L’intérieur d’une voiture, et notamment le coffre puisqu’il sera normalement plat et stable, peut vous permettre d’obtenir protection et large champ de vision. Si vous comptez rester à l’extérieur, pensez par exemple à utiliser une paire de chaussures avec semelle en gomme, puisqu’elles ne conduisent pas le courant électrique.
Le matériel à privilégier
Qui dit orage dit risque de pluie. Et de vents violents. Alors vous penserez d’abord à enfiler un imperméable et pourquoi pas une paire de bottes avant d’aller braver la tempête. Votre matériel aussi va peut-être devoir affronter les aléas météorologiques, et un boîtier et une optique tropicalisés sont à privilégier si vous ne voulez pas que la sortie photographique ne coûte la vie à votre matériel.
Le trépied, oui, mais quel trépied ? Là aussi, il vaut mieux privilégier un modèle très stable. En cas de rafales de vent, pensez aussi à lester le pied, avec des sacs de sable par exemple, afin d’éviter au maximum les mouvements, et aussi de casser votre matériel sous l’effet d’une forte rafale. Et si vous n’avez pas de trépied, trouvez une solution alternative, comme un muret, qui vous permet de maîtriser votre angle.
Soyez également préparé à affronter des phénomènes moins attendus, comme la grêle qui accompagne parfois les orages. En plus d’occasionner des dégâts sur votre matériel photo, elle pourrait également vous forcer à refaire une carrosserie. Alors, mettre la voiture à couvert, c’est encore mieux.
La technique de prise de vue
Le charme de l’orage, c’est qu’on ne sait jamais vraiment où les éclairs vont frapper. L’idée est donc de couvrir le plus de champ possible, et donc d’opter pour un objectif grand-angle. Comme pour l’astrophotographie, une longueur focale de 35 mm ou moins est idéale, du moins pour débuter. Évidemment, les éclairs peuvent frapper au même endroit pendant un certain laps de temps et vous ne prendrez pas grand risque à choisir une focale plus longue.
Admettons maintenant que vous soyez dans un endroit éloigné de la ville, avec une pollution lumineuse faible et un orage nocturne. La technique va alors consister à faire des pauses longues (30 secondes) et espérer qu’un ou plusieurs éclairs se glissent dans le cadre. La luminosité de l’éclair – et donc la réussite de votre cliché – va dépendre de vos paramètres d’exposition. Il vaut donc mieux opter pour une ouverture faible (f/11 ou plus) et un niveau d’ISO bas (200 ou moins). À vous de faire vos essais, mais en l’absence de pollution lumineuse, n’hésitez pas à mettre le mode bulb et opter pour une ouverture très faible. Multipliez les clichés afin d’obtenir la meilleure exposition possible pour la foudre.
Si on prend le cas d’un environnement lumineux, en ville par exemple, le temps de pose devra être contrôlé pour ne pas surexposer l’image, ceci tout en conservant les ISO et l’ouverture adaptée à la capture propre de l’éclair. Il risque donc d’être un peu plus compliqué de capturer le phénomène. Enfin, n’oubliez pas d’effectuer la mise au point de manière manuelle.
Dans tous les cas, la chose la plus importante est peut-être d’être toujours en train de prendre une photo, et ce en raison encore une fois de l’imprévisibilité du phénomène. Vous pouvez pour cela vous mettre en mode rafale, avec vos paramètres manuels, ou utiliser un intervallomètre si votre boîtier en possède un. On évitera également les flous de bouger avec une télécommande, et n’oubliez pas non plus de désactiver la stabilisation optique lorsque vous êtes sur trépied. C’est paradoxal, mais primordial, puisque le boîtier cherchera sinon à compenser des mouvements qui n’existent pas.
Vous pourriez être tenté de vous prêter à cet exercice de jour, et vous n’auriez pas tort. Cependant, la technique varie un peu. Il faudra réussir l’exposition la plus longue possible, sans pour autant surexposer la scène. Ici, l’intervallomètre ou le mode rafale sont plus que jamais de rigueur. L’ajout d’un filtre gris neutre devrait également vous permettre de gagner du temps d’exposition, et donc d’accroître les chances de voir un éclair passer devant l’objectif.
En définitive, la technique de prise de vue n’est guère compliquée, mais nécessite de nombreux essais et de la patience. Il est également possible d’essayer de capturer un éclair sur le vif en usant d’un mode rafale efficace. Mais dans ce cas de figure, il faudra ajouter une grosse dose de chance à un exercice déjà incertain.