Réalisé par Michael Grandage, le très attendu My Policeman est disponible dès aujourd’hui sur la plateforme Amazon Prime Video. Superbement porté par sa popstar de tête d’affiche, ce drame doux-amer est un régal.
Le charme discret de Brighton, petite ville anglaise au bord de la mer, dans les années 1950 ; et puis, soudainement, le magnétisme irrésistible du personnage de Tom, auquel Harry Styles prête ses traits délicats et son assurance.
Tom est un jeune policier dont s’éprennent follement Marion (Emma Corrin – The Crown), institutrice et Patrick (David Dawson – Peaky Blinders), conservateur dans un musée. C’est après leur mariage que Marion prend conscience de la passion dévorante qui unit les deux hommes. Un triangle amoureux doux-amer s’établit alors, dans une Angleterre qui pénalise encore l’homosexualité – et qui force les amants à vivre dans le secret.
Un drame entre passion et répression
Le film de l’homme de théâtre britannique Michael Grandage est adapté du livre du Bethan Roberts, lui-même inspiré de la vie d’E.M. Forster – cet écrivain britannique qui entretenait une relation amoureuse secrète avec un policier marié à une femme.
Dans l’Angleterre répressive du milieu du XXe siècle, les amours interdites sont traquées : Tom et Patrick vivent dans la peur d’être découverts. Ils s’échapperont, le temps de quelques jours, en Italie – où ils peuvent se montrer ensemble sans craindre ni la rumeur ni la violence policière.
Hors de cette parenthèse enchantée, les trois personnages restent aux prises avec les injonctions qui s’abattent sur eux ; l’hétérosexualité pour Tom et Patrick, le rôle effacé et silencieux d’épouse pour Marion.
Et, dans un tel contexte, malgré le respect et la tendresse qu’ils ont les uns pour les autres, aucun des personnages n’est en mesure de se conduire correctement.
Ce sont ces manquements et ces déloyautés dont Tom (Linus Roache), Patrick (Rupert Everett) et Marion (Gina McKee) se souviennent, plus âgés.
Harry Styles à la hauteur
Malgré la blondeur et la carrure imposante du personnage de Tom tel qu’il prend vie sous la plume de Bethan Roberts, le choix d’Harry Styles pour l’incarner s’impose comme une évidence.
Après une apparition dans Dunkerque (Christopher Nolan) et, plus récemment, un rôle dans le bâclé Don’t Worry Darling d’Olivia Wilde, Harry Styles semble tenir ici un rôle à sa mesure.
Car le chanteur se glisse avec aisance dans le rôle de ce policier qui, malgré les stigmates de la classe ouvrière à laquelle il appartient – il boit de la bière et s’endort à l’opéra –, déchaîne les passions de celles et ceux dont il croise la route. L’institutrice et le conservateur, étourdis par le charisme du jeune homme, oublient ainsi de bonne grâce ses rares écarts au bon goût.
Entre assurance et pudeur, toujours langoureux, Harry Styles se montre aussi agile dans les scènes les plus chargées d’émotion que dans les – superbes – moments érotiques qui rassemblent Tom et Patrick.
L’une des dernières scènes de My Policeman montre l’émotion de Tom qui, plus âgé, croise dans les rues de Brighton un couple d’hommes désormais autorisés à vivre leur amour au grand jour. Et difficile de ne pas voir, dans l’ambiguïté sexuelle qui caractérise les sex-symbols du XXIe siècle et dont Harry Styles sait jouer à la perfection, une réponse encore plus appuyée aux normes de genre moribondes qui ont abîmé tant de vies.
On retient de My Policeman son rythme doux, la justesse de ses interprétations et la grande mélancolie que traînent derrière eux le temps perdu et les vies vécues de manière inauthentique. Et si la réalisation de Michael Grandage reste parfois timide, c’est en virtuose qu’il allie délicatesse et puissance.
My Policeman, de Michael Grandage, avec Emma Corrin, Harry Styles, David Dawson, Gina McKee, Linus Roache et Rupert Everett. Disponible depuis le 4 novembre 2022 sur Amazon Prime Video.