Attendu de longue date, Bayonetta 3 opère un retour en forme de cocktail survitaminé d’action à grand spectacle, saupoudré de surprises.
Après un premier volet sorti initialement sur PlayStation 3 et Xbox 360, Bayonetta, le jeu de Platinum Games édité par Sega, a posé ses valises chez Nintendo en tant qu’exclusivité depuis son deuxième volet, sorti en 2014 sur Wii U. Après la fin de cette seconde aventure, une longue attente a torturé les fans aussi durement que la sorcière le fait avec ses victimes. Les peurs engendrées par cette attente – tant d’une annulation potentielle que d’un résultat décevant – ont toutes été balayées par l’ouragan Bayonetta 3. Un tsunami aussi généreux qu’imprévisible, trônant désormais de façon impériale au-dessus du genre action sur Nintendo Switch.
Un vent de n’importe quoi
Un tsunami, c’est justement ce que propose d’entrée de jeu le scénario alors que la sorcière se promène sur le port de New York. Pour le public n’étant pas au fait du caractère hautement parodique et délirant des enjeux de la trilogie, Bayonetta 3 met tout de suite les pendules à l’heure. Alors que la sorcière utilise un paquebot en pleine tempête, son comparse Rodin vient la rejoindre au volant de son camion à pizza, sur une énorme déferlante. Dès les premières minutes, le ton est donné. Mais si Rodin, marchand attitré de la sorcière d’Umbra, se donne tant de mal, c’est pour une bonne raison : armer sa cliente. Et elle va faire des découvertes surprenantes.
Bayonette à trois
La gigantesque créature qui s’attaque au port de New York n’est ni démoniaque ni angélique, ce qui pose un problème aux pouvoirs habituels de l’envoûteuse. Plus tard, elle rencontrera Viola dans le bar de Rodin. Cette jeune apprentie sorcière lui expliquera les projets de l’Homonculus, une création humaine visant à détruire tous les univers. Dans chaque monde qu’elle détruit, l’entité vient à bout de Bayonetta et de sa comparse Jeanne, en tentant de récupérer les cinq Rouages du chaos. Viola en a été le témoin malheureux, impuissante face à cette terrible menace. Averties, les trois sorcières se répartissent les tâches rapidement.
Enchaînements déchaînés
Bayonetta part explorer le multivers à la recherche des Rouages du chaos, tandis que Jeanne se lance à la poursuite d’un mystérieux Professeur capable de mettre fin à cette apocalypse annoncée. Viola va rapidement devoir assurer la protection d’un autre personnage récurrent de la série, le reporter Luka, aussi imprudent que séducteur.
On découvrira donc trois sorcières pour le prix d’une manette en main, avec trois jouabilités très différentes. L’héroïne principale conserve son système de combat ultrariche, avec des incantations de démons gigantesques et la possibilité de ralentir le temps en esquivant. Les principes des jeux précédents sont incroyablement élargis de nouvelles possibilités, comme l’invocation d’un démon en fin de combo. Du reste, Bayonetta pourra surtout emprunter armes et démons à ses autres versions du multivers, avec quelques belles surprises.
Novice méritoire
Viola, la petite nouvelle, fait ressentir son manque d’expérience dans sa façon de combattre, directe, expéditive, mais très dangereuse. Ainsi, contrairement à sa « chaperonne » de cœur, elle ne peut déclencher l’envoûtement qui ralentit le temps qu’en effectuant une parade au moment d’une attaque adverse. Un timing beaucoup moins permissif. Du côté des invocations, Viola ne dispose que d’un unique démon, Chouchou. Un sobriquet ridicule qui colle parfaitement à ce gros chat démoniaque au large sourire, qui n’est pas sans rappeler le Chat du Cheshire d’Alice au Pays des merveilles de Disney. Pourtant, sous ses airs comiques, il recèle une grande puissance et une fidélité sans faille à sa maîtresse.
Metal Jeanne Solid
Enfin, Jeanne propose un véritable jeu dans le jeu avec des missions d’infiltration. Pour l’occasion, c’est une jouabilité différente, digne d’un Mark of the Ninja light (ou d’un Rolling Thunder 2 pour les plus vieux…) en vue 2D et sans magie, inutilisable dans les locaux scientifiques. Pour vaincre les gardes, caméras et autres menaces, la sorcière vêtue de rose utilisera ascenseurs, portes dérobées et conduits de ventilation pour éliminer ses proies. Atteindre l’issue du niveau ne constitue pas la seule récompense, des bonus étant disséminés tout au long du parcours. Une générosité que l’on retrouve dans les niveaux plus « classiques » de Bayonetta 3.
Des Bayos à gogo
Durant sa visite des différents mondes, la sorcière de l’Umbra part souvent en exploration, de façon plus marquée que dans les opus précédents. Elle pourra découvrir des Versets inédits (chaque partie du jeu est composée de Chapitres eux-mêmes constitués de Versets), des défis, des bonus accessibles en réussissant une épreuve de plateforme et bien d’autres surprises encore. Chaque nouvel univers recèle son lot de pouvoirs à débloquer, de modes de déplacements (différents selon le démon équipé) ou encore d’invocations. Des énigmes, des combats nécessitant la bonne combinaison d’armes et de démons rythment une aventure aussi trépidante que variée.
Sorcière tous publics
Les habitués du genre action le savent : Bayonetta n’est pas un jeu que l’on termine et que l’on range. Sa difficulté et sa large palette de possibilités en font un titre que l’on rejoue. D’autant que chaque Verset est noté par une médaille, allant du bronze jusqu’au platine. Un défi de taille pour les plus experts d’entre vous. Mais les débutants ne seront pas laissés sur le côté de la route, avec un mode Facile accessible d’entrée, et une option à acheter, la Marionnette immortelle, qui esquive automatiquement et effectue les combos en appuyant sur des commandes ultrasimplifiées. Enfin, même les plus prudes et les plus sensibles pourront user d’une option baptisée mode Petit Ange, qui atténue le côté sexy du jeu, mais aussi ses scènes les plus violentes.
Laisser le charme agir
Quel que soit le public, force est d’admettre que ce qu’a réalisé Platinum Games se montre à la hauteur des attentes, y compris les plus folles. La fluidité presque toujours constante en 60 images par seconde fait oublier des graphismes parfois un peu datés, Switch oblige. Le charisme des protagonistes fait quant à lui passer certaines redondances dans les combats contre les ennemis de base. Et puis, toutes ces surprises qui s’invitent régulièrement dans l’aventure, les possibilités de customisation, les nouveaux démons ou armes, et un fan service quasi jamais vu… C’est une véritable orgie vidéoludique qui invite Bayonetta à rejoindre le Salem des jeux d’action. L’ensorceleuse n’aura décidément pas manqué son dernier charme.