Regain de tension entre le gouvernement américain et le géant chinois des télécoms et smartphones. Huawei annonce avoir porté plainte contre les États-Unis pour avoir interdit l’achat de ses équipements télécoms par l’administration.
Rien ne va plus entre Huawei et l’administration américaine qui s’écharpent depuis plusieurs mois. Les tensions ne sont pas nouvelles et remontent même au début des années 2000, mais elles ont pris une nouvelle tournure ces derniers mois. Et la dernière décision de Huawei ne risque pas d’apaiser le climat entre Washington et Pékin. Le géant chinois des télécoms et smartphones annonce avoir décidé de porter plainte contre les États-Unis, une plainte déposée à Plano dans l’État du Texas où est situé le siège social de sa division américaine. La firme de Shenzhen reproche au gouvernement étasunien d’avoir interdit aux administrations américaines d’acheter ses équipements et services, ou de travailler avec des entreprises tierces qui sont ses clientes.
En août, Donald Trump avait signé un projet de loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA pour National Defense Authorization Act) qui interdisait, au titre de la sécurité nationale, aux agences gouvernementales américaines d’utiliser des équipements ou services d’entreprise comme Huawei ou ZTE. Depuis mai 2018, les militaires américains sont également priés de ne plus utiliser des équipements Huawei. « Le Congrès américain n’a jamais pu fournir la moindre preuve pour justifier ses restrictions visant les produits Huawei. Nous sommes contraints de prendre cette action en justice en dernier recours », explique Guo Ping, l’un des présidents tournants de l’entreprise. « Cette interdiction est non seulement illégale, mais elle empêche également Huawei de se livrer à une concurrence loyale, au détriment des consommateurs américains. Nous attendons avec impatience le verdict du tribunal, et nous espérons qu’il profitera tant à Huawei qu’au peuple américain », ajoute-t-il dans un communiqué.
Huawei veut toujours s’implanter aux États-Unis
Après les nombreuses attaques et provocations de Washington, la marque chinoise a décidé de contre-attaquer. Lors de la conférence de presse organisée au siège de Huawei à Shenzhen, Guo Ping a dénoncé le fait que « le gouvernement américain ne ménage aucun effort pour salir l’entreprise ». Le directeur juridique de Huawei, Song Liuping, a de son côté souligné que « l’article 889 [de la NDAA 2019] est fondé sur de nombreuses propositions fausses, non prouvées et non testées ». Il rappelle également que, contrairement à ce qu’avance la loi, « Huawei n’est pas détenue, contrôlée ou influencée par le gouvernement chinois ».
Malgré la méfiance des États-Unis et de nombreux pays occidentaux, Huawei espère toujours se faire une place sur le marché américain. « Si cette loi est retirée, comme il se doit, Huawei pourra apporter aux États-Unis des technologies plus avancées et les aider à construire les meilleurs réseaux 5G », la cinquième génération de technologie mobile, a précisé Guo Ping. La firme affirme également, via des estimations provenant de sources industrielles, que la levée de l’interdiction permettrait de réduire le coût des infrastructures sans fil de 15 % à 40 %. « Cela permettrait à l’Amérique du Nord d’économiser au moins 20 milliards de dollars américains au cours des quatre prochaines années », ajoute Huawei. En attendant, le groupe chinois compte demander des dommages et intérêts dans cette affaire.