Critique

For all Mankind : vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas regarder cette série étincelante

13 octobre 2022
Par Marion Miclet
For all Mankind : vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas regarder cette série étincelante
©Apple TV+

Trop peu de spectateurs ont pris le temps de découvrir cette production Apple TV+ unanimement saluée par la critique depuis trois saisons déjà. Petite leçon de rattrapage.

Il y a des séries, comme ça, qui provoquent des sourires en coin et des hochements de tête entendus. Des œuvres sous-appréciées par le grand public, dont l’excellence est pourtant reconnue par ceux qui ont réussi à leur faire de la place dans leur emploi du temps de sériephile débordé, et ce malgré des épisodes d’une durée de 50-60 minutes. The Wire en est un exemple notoire. For All Mankind sur Apple TV+ appartient aussi à cette catégorie, que l’on pourrait surnommer IYKYK (If you know, you know). Alors, quelle est votre excuse pour ne pas encore avoir rejoint le club des initiés ?

1 Je n’aime pas la sci-fi

Si For all Mankind est souvent rattachée au genre de la science-fiction, la série a pourtant autant en commun avec la fresque sociale Mad Men et son ambiance rétro glamour qu’avec Battlestar Galactica, avec qui elle partage le thème du voyage dans l’espace et un showrunner : Ronald D. Moore. Conçue par Moore, Matt Wolpert et Ben Nedivi sur le modèle de l’uchronie classique, For all Mankind a pour élément déclencheur la question : « Et si… ? »

©Apple TV+

Les créateurs nous font revenir à l’époque de la guerre froide pour réécrire l’expérience américaine de l’exploration spatiale. Le récit démarre à l’été 1969, quand les premiers hommes à marcher sur la Lune sont… Les cosmonautes envoyés par l’URSS. Au centre de commande de la Nasa, l’humiliation est cuisante, mais cet échec va provoquer des opportunités inédites pour plusieurs femmes astronautes en devenir, altérant ainsi l’équilibre des forces de la société dans son ensemble.

2 Ça m’a l’air très technique

Certes, le public est exposé à quelques notions de science dure, mais les relations humaines sont le vrai moteur de l’intrigue. La série suit le destin d’un groupe de personnages au cours des années 1970 (saison 1), 1980 (saison 2) et 1990 (saison 3) – la saison 4 est déjà en cours de production. On y retrouve plusieurs déclinaisons de la figure mythique du (anti)héros télévisé. En première ligne des colonisateurs cosmiques, Ed Baldwin (Joel Kinnaman) est un commandant charismatique macho qui s’adoucit d’épisode en épisode. Dans la salle des commandes, Margo Madison (Wrenn Schmidt) est une ingénieure surdouée qui monte rapidement en grade, mais dont certaines décisions vont la placer dans une position intenable.

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Et sur la terre ferme, Karen Baldwin (Shantel VanSanten) est une femme au foyer dont l’arc narratif d’émancipation est aussi impressionnant que les exploits de son mari. Sans oublier les bureaucrates (liaisons avec Washington), les enfants d’astronautes qui grandissent sous nos yeux, et même quelques protagonistes russes récurrents. Leurs personnalités complexes et attachantes vont rester longtemps avec vous. Mention spéciale à la talentueuse troupe d’acteurs (la plupart que vous découvrirez pour la première fois) : l’énergie qu’ils dégagent est addictive.

3 C’est un investissement de temps conséquent

Contrairement à certaines œuvres récentes qui n’ont pas grand-chose d’autre à proposer que l’effet de choc, For all Mankind prend le temps de dérouler la profondeur psychologique de ses héros et de rappeler les enjeux géopolitiques, tout en multipliant les rebondissements haletants. Les épisodes défilent ainsi à la vitesse de la lumière. Et même si, à partir du point de divergence originel, l’imagination débordante des scénaristes nous fait entrer dans une réalité alternative où chaque décision est amplifiée (le fameux effet papillon typique de l’uchronie), le récit ne sacrifie jamais le réalisme. C’est un périlleux numéro d’équilibriste (ou, devrions-nous dire, une sortie extravéhiculaire ?) que la série accomplit avec brio.

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4 J’ai envie d’un divertissement léger

Quand un pan de la saison 1 est dédié à l’installation d’une base lunaire, ce sont les symptômes de l’enfermement (cabin fever) qui sont auscultés, à travers le personnage inoubliable de l’astronaute Gordo (Michael Dorman). Comédie, drame, thriller : For all Mankind est capable de cocher toutes ces cases en une seule scène. De plus, la narration fait usage d’une temporalité irrégulière judicieusement dosée : des ellipses, des sauts dans le temps à l’intérieur d’un épisode et de saison en saison ou, à l’inverse, quelques instants passés en orbite qui semblent durer une éternité. Pour résumer : voilà une série prestige que l’on a envie de binger. On n’avait pas ressenti de telles sensations fortes depuis Yellowjackets.

©Apple TV+

Pas encore convaincus ? Sachez que la plateforme Apple TV+ croit tellement au succès de sa fusée télévisée qu’elle avait rendu en juin dernier la saison 1 disponible gratuitement pendant un mois (il est encore possible de faire un essai sur un épisode : ici). N’attendez plus et laissez-vous happer par l’appel des étoiles. Vous ne serez pas déçus.

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