Entretien

Sabyl Ghoussoub : « Plus c’est intime, plus c’est personnel, plus c’est atypique… plus c’est vrai »

24 novembre 2022
Par Sophie Benard
Sabyl Ghoussoub.
Sabyl Ghoussoub. ©Patrice Normand

L’auteur vient de remporter le Prix Goncourt des Lycéens 2022 pour son dernier roman, Beyrouth sur Seine (Stock). Entretien.

Comme chaque année, le Prix Goncourt des Lycéens, instigué par la Fnac et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a invité près de 2 000 élèves à élire leur lauréat parmi la liste des quinze auteurs présélectionnés par l’Académie Goncourt.

Beyrouth sur Seine a été choisi à sept voix contre quatre pour son principal concurrent, Les Liens artificiels (Albin Michel, 2022) de Nathan Devers. Sabyl Ghoussoub succède ainsi à Clara Dupond-Monot, qui avait remporté le prix l’année dernière pour S’adapter (Stock, 2021).

Sabyl Ghoussoub est né à Paris en 1988, mais a vécu son adolescence au Liban – et y est revenu lors de la révolution d’octobre 2019. Écrivain et journaliste, il a été le commissaire de l’exposition C’est Beyrouth qui s’est tenue en 2019 à l’Institut des Cultures d’Islam de Paris, et il tient aujourd’hui la chronique littéraire « Quoi qu’on en lise » dans le quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour.

Beyrouth sur Seine, de Sabyl Ghoussoub. En librairie depuis le 24/08/2022.
Épisode de podcast
16 jan. 2022

Beyrouth sur Seine est le troisième roman de Sabyl Ghoussoub – après Le nez juif (L’antilope, 2018), et Beyrouth entre parenthèses (L’antilope, 2020). Il prend la forme d’une enquête dans laquelle le narrateur, entre humour et émotion, interroge ses parents sur leur pays d’origine, le Liban. Ce sont ses propres parents que l’écrivain a transformé en personnages littéraires pour mener une réflexion sensible sur la famille, l’immigration et l’exil.

Je suis très en colère contre ce qu’il se passe, mais aussi plein d’amour pour ce pays.

Sabyl Ghoussoub

À l’opposé de la chronique historique, dans Beyrouth sur Seine, le rapport à la guerre et au pays lui-même est ancré dans les expériences personnelles, intimes – sensuelles, même – du narrateur et de ses proches. Sabyl Ghoussoub explique à l’Éclaireur :

Je ne me voyais pas raconter cette histoire autrement. Je voulais justement que ce soit le plus intime possible ; pas pour dire la vérité sur le Liban mais pour que ma vérité s’ajoute à toutes les vérités. Je crois que plus c’est intime, plus c’est personnel, plus c’est atypique… plus c’est vrai.

Sabyl Ghoussoub

Et que ce texte ait autant résonné chez les lycéens, Sabyl Ghoussoub s’en étonne peu : « j’ai réalisé après sa sortie que le livre avait un fort écho chez beaucoup d’autres exilés, de guerre ou pas ».

Je crois que ce genre d’histoires touche les jeunes parce que c’est l’histoire du monde, tout simplement. Les lycéens vivent avec les exilés – les Syriens, les Ukrainiens, et tant d’autres. Et de plus en plus de gens sont, comme moi, bi-nationaux, et ont grandi dans des familles qui ont fui un guerre, un contexte politique ou une crise économique.

Sabyl Ghoussoub

Mais Beyrouth sur Seine est aussi – et surtout – un texte qui déborde de vie, d’amour et de sensualité ; car Sabyl Ghoussoub s’applique à garder, quand il écrit « l’humour, la vie, le trop plein de vie, qu’on [lui] a transmis ».

Beyrouth sur Seine, de Sabyl Ghoussoub, Stock, 200 p., 20,50€. En librairie depuis le 24/08/2022.

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Article rédigé par
Sophie Benard
Sophie Benard
Journaliste