La cinéaste, photographe et plasticienne française Agnès Varda (1928-2019), figure incontournable de la Nouvelle Vague, est actuellement mise à l’honneur par la Mairie de Cannes à l’occasion d’une double exposition estivale plongeant dans l’univers créatif et coloré de la réalisatrice de Cléo de 5 à 7.
Trois ans après sa disparition, Agnès Varda est de retour dans la ville qui l’a fait connaître : c’est en effet au Festival de Cannes qu’elle présenta, en 1962, son deuxième long-métrage, Cléo de 5 à 7, qui a fait d’elle une éminente figure de la Nouvelle Vague. Ses films seront sélectionnés à Cannes plus à plus d’une dizaine de reprises, et Agnès Varda recevra une Palme d’or d’honneur en 2015. Soixante ans donc après sa première venue sur la Croisette, la ville de Cannes lui consacre l’exposition Plages, cabanes et coquillages, déployée sur deux espaces de son Pôle d’Art Contemporain – le Centre d’art La Malmaison d’un côté (jusqu’au 20 novembre), la Villa Domergue de l’autre (jusqu’au 18 septembre).
Varda et le goût de la mer
Plages, cabanes et coquillages est une exposition légère et décalée, fidèle aux multiples créations d’Agnès Varda et conçue conjointement par Hannah Baudet et Rosalia Varda, sa fille. L’exposition ambitionne de retracer les différentes formes artistiques explorées par Agnès Varda de son vivant : films, montages, photographies, installations, etc.
On y retrouve pêle-mêle ses maquettes, ses courts-métrages et les thèmes chers à son oeuvre, la plage, la mer, le sable, les coquillages, etc. À la Malmaison, les visiteurs sont accueillis par une Frise de tongs multicolores, suivie de l’installation Ping- pong, tong et camping, projection d’un film sur un matelas gonflable initialement exposée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, ou encore une cabane de plage transformée en poste de télévision. Loin d’être triviale, l’exposition est au contraire une invitation à pénétrer dans les recoins de l’imaginaire foisonnant de cette « vieille cinéaste, jeune plasticienne », comme elle aimait elle-même à se définir.
Les cabanes de cinéma
On y découvre notamment son goût pour les cabanes, à la fois à travers des extraits de ses films qui convoquent cette image de l’enfance, mais également grandeur nature. À partir des années 2000, Agnès Varda a en effet mis sur pied une série de « cabanes de cinéma », dont les parois étaient uniquement constituées de bandes de film 35mm.
« Pour moi la nostalgie du cinéma en 35mm s’est transformée en désir de recyclage… Je bâtis des cabanes avec les copies abandonnées de mes films Abandonnées parce qu’inutilisables en projection. Devenues des cabanes, maisons favorites du monde imaginaire », disait-elle en 2018.
En hommage à cette série, les commissaires de l’exposition ont ainsi décidé de créer, sur ce même modèle (et d’après une maquette de Varda), une nouvelle cabane, installée dans le salon de la Villa Domergue. La Tente de Sans toit ni loi fait ainsi référence au film de Varda qui remporta le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1985, et qui a valu le César de la meilleure actrice à Sandrine Bonnaire. Un beau et audacieux clin d’oeil dans la droite ligne de l’oeuvre intemporelle d’Agnès Varda.
Infos pratiques
Agnès Varda, Plages, cabanes et coquillages, du 8 juillet au 20 novembre 2022 (Cente d’art la Malmaison) et du 8 juillet au 18 septembre 2022 (Villa Domergue) – Tarif : 6 €, TR : 3 €
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