La réalisatrice Jane Campion s’est livrée à la BBC sur son dernier film, The Power of the Dog, et estime que la récente perte d’abonnés de Netflix n’est pas une bonne nouvelle pour ses pairs.
La zone de turbulences traversée par Netflix ne serait pas sans conséquence sur les artistes, estime la réalisatrice oscarisée Jane Campion (La Leçon de Piano, 1994). Dans une interview à la BBC, dans laquelle elle revient notamment sur « le snobisme » de l’académie des Oscars à l’égard de son dernier film The Power of the Dog, la Néo-Zélandaise s’inquiète du devenir de la plateforme de SVoD.
Carton rouge sur les feux verts
L’heure de la remise en question a sonné pour Netflix. L’entreprise a récemment perdu quelque 200 000 abonnés et vu le cours de son action atteindre des niveaux historiquement bas. Une cascade de mauvaises nouvelles qui l’a conduit à se séparer de pas moins de 450 collaborateurs et collaboratrices à travers le monde.
« Je crois qu’ils vont être plus exigeants avec les autres projets, glisse Jane Campion à la BBC. La réalisatrice, qui a trouvé en Netflix un partenaire de choix pour son dernier film, craint en particulier un moratoire sur la prise de risque. Ou alors, ce qui est triste, de ne plus prendre de risque avec des réalisateurs peu connus. »
Une analyse qui fait écho à un article du Hollywood Reporter, lequel rapportait que Netflix souhaitait désormais opter pour une approche plus efficiente. « Moins mais mieux » semble être le nouveau maître mot en interne, bien que la porte ne soit pas totalement fermée aux projets moins ambitieux.
La concurrence plus rude que jamais sur le streaming
En 10 ans, les plateformes de streaming par abonnement ont essaimé et Netflix est bousculé sur son propre terrain. Les Apple, Disney, HBO et Amazon de ce monde redoublent d’efforts pour faire trébucher un géant qui semble maintenant avoir des pieds d’argile.
Si la firme peut toujours compter sur des fers de lance comme Stranger Things (la série de tous les records) ou des films à très gros budget comme Don’t Look Up et The Irishman, est souvent reproché à Netflix une curation trop lâche. En découle des annulations rapides pour des séries mal calibrées, qui manquent leurs objectifs, ou alors des long-métrages qui ne rencontrent pas leur public.
Il faut aussi rappeler que Netflix est à ce jour la plateforme de SVoD la plus onéreuse du marché. Tarifé entre 8,99€ (480p, un écran) et 17,99€ (4K, quatre écrans) par mois, l’abonnement pèse lourd dans le budget des amateurs et amatrices de cinéma. Faute de pouvoir s’aligner, Netflix diversifie son offre : depuis peu, on retrouve un nombre grandissant de jeux vidéo accessibles depuis l’application. Un éparpillement qui peut aussi bien s’avérer salutaire que menaçant pour les réalisateurs et réalisatrices qui comptent sur la plateforme pour financer leurs films.