Actu

Manque de diversité, personnage mégenré… Le mea culpa des créateurs de Friends

08 juillet 2022
Par Agathe Renac
Manque de diversité, personnage mégenré… Le mea culpa des créateurs de Friends
©NBC

La série qui a révolutionné l’histoire du petit écran n’a pas bousculé celle des représentations. Sa co-créatrice, Marta Kauffman, a tenu à s’excuser plus de 25 ans après sa diffusion.

Friends. Sept lettres, six potes, et des milliards de dollars générés. Diffusée entre 1994 et 2004, la sitcom a marqué à jamais l’univers des séries. Elle est parvenue à voyager dans le temps et dans l’espace. Les aventures de Monica, Rachel, Ross, Chandler, Joey et Phoebe ont été suivies par des spectateurs du monde entier, et par différentes générations. L’épisode final a été diffusé le 6 mai 2004, mais l’engouement autour de la série ne s’est jamais essoufflé. Plus de 25 ans après son lancement, la sitcom est plus rentable que jamais. En effet, la Warner encaisse encore un milliard de dollars par an grâce à ses rediffusions et à ses produits dérivés. Cependant, quand on compare la production à celles d’aujourd’hui, on sent un certain malaise. En deux décennies, la société a évolué et des scènes ne pourraient plus être diffusées aujourd’hui.

« Je suis gênée de ne pas avoir fait mieux »

La co-créatrice de la sitcom, Marta Kauffman, a aussi réalisé ce phénomène. Le 29 juin dernier, elle a confié à Los Angeles Times que le casting manquait de diversité et qu’elle regrettait ce choix. Elle a assuré qu’elle était « gênée de ne pas avoir fait mieux » et qu’elle se sentait coupable. « C’est douloureux de se regarder dans le miroir », a-t-elle fini par déclarer au média américain. Son mea culpa s’est accompagné d’un chèque de 4 millions de dollars adressé à une université du Massachusetts. Le but : lutter contre les discriminations et le racisme, en créant une chaire pour « l’étude des peuples et des cultures d’Afrique et de la diaspora africaine ».

La productrice et scénariste aurait eu « un déclic » à la mort de Georges Floyd (un Afro-Américain tué par la police lors de son arrestation en mai 2020). « C’est après ce qui lui est arrivé que j’ai commencé à m’interroger sur le fait que j’avais participé au racisme systémique et que je n’avais jamais été consciente de cela, a-t-elle expliqué au Los Angeles Time. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai analysé la façon dont j’y avais participé. J’ai su alors que je devais rectifier le tir. »

Une mauvaise représentation des personnages transgenres

David Schwimmer (qui incarne Ross Geller) avait déjà critiqué ce manque de représentation en 2020. Les spectateurs regrettent aussi le fait que les 236 épisodes de la série se concentrent sur des personnages blancs et que les minorités soient très peu mises en avant à l’écran. Autre sujet de controverse : le traitement des personnages transgenres. La mère de Chandler était incarnée par l’actrice Kathleen Turner mais elle a été mégenrée à de nombreuses reprises.

Marta Kauffman a confié à The Conversation sur BBC World Service : « Nous faisions sans cesse référence à Helena en disant ‘le père de Chandler’, alors que le père de Chandler était transgenre. Les pronoms n’étaient pas quelque chose que je comprenais à l’époque, donc nous ne disions pas ‘elle’ pour parler de son personnage. C’était une erreur. »

Après ses excuses publiques, la co-créatrice a assuré que sa façon de travailler avait évolué. Désormais, elle souhaite recruter davantage de personnes racisées dans ses productions et assurer à ses employés un environnement « sécurisant et tolérant ».

À lire aussi

Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste
Pour aller plus loin