Après le test du Plenue D qui ouvre la gamme de lecteurs nomades haute résolution audio chez Cowon, c’est au tour du modèle le plus abouti, le très haut de gamme Plenue S (S pour Supremacy) de passer entre nos mains. Je vous propose de nous accompagner dans cette découverte.
Autant le Cowon Plenue D fait dans le format ultra-compact autant le Plenue S adopte un format plus massif. Il se présente sous la forme d’un élégant bloc d’aluminium de dimensions de 11,89 x 6,45 cm et d’une épaisseur de 1,78 cm. La finition est résolument haut de gamme avec son usinage très précis des touches, son dos nervuré pour une meilleure prise en main/stabilité et son aspect titane très esthétique. Il est livré avec son étui rigide en cuir et un câble USB/ Micro USB pour la recharge.
Le Cowon Plenue S se positionne donc comme un lecteur audio très haut de gamme, et il s’en donne les moyens si on se fie à sa fiche technique. Il propose ainsi la gestion native du DSD 64, 128 et même 256. Pour rappel, le format DSD a été mis au point par Sony et Philips pour le support physique Super Audio CD. Il apporte un suréchantillonage 64x supérieur au CD (DSD 64), 128x (DSD128) ou 256x (DSD 256). A l’écoute, le format DSD est réputé plus naturel, plus précis et plus défini. Si le SACD (Super Audio CD) n’a pas rencontré le succès escompté, on trouve de plus en plus de fichiers haute définition au format DSD. Le Cowon Plenue S gère également le format DXD, plus rare et qui offre un suréchantillonage 8X supérieur au CD. Il reconnaît par ailleurs tous les formats usuels, du MP3 au FLAC en passant par le WAV et par l’AIFF.
Pour les besoins de ce test, le Cowon Plenue S a donc été alimenté en fichiers DSD, DxD, WAV, FLAC et AIFF. Les casques utilisés étant un AKG K701, un Audio-Technica MSR7, un intra-auriculaire Final Audio Heaven V et un autre intra-auriculaire Flare Audio R2S Stainless Steel. Première remarque, on ressent très nettement les différences de personnalité sonore d’un casque à l’autre, preuve que le Plenue S fait preuve d’une belle transparence. Et en parlant de personnalité sonore, on s’éloigne un peu du son habituel des lecteurs Cowon. Le Plenue S est plus analytique et moins exubérant, à mon sens, que les autres lecteurs de la marque déjà testés. On entend tout, y compris des détails passés inaperçus sur d’autres lecteurs, Cowon y compris. Revers de la médaille, le Cowon Plenue S met en relief les défauts des casques qui lui sont connectés. Si votre casque a tendance à tricher dans le grave, vous le ressentirez doublement avec un lecteur de ce grade.
Ayant eu le privilège de pouvoir disposer simultanément du petit Cowon Plenue D et donc du Plenue S, j’ai pu faire des écoutes comparatives. Il existe certes un gouffre tarifaire entre les deux références. La question qui se posait était : retrouve-t-on cet « écart à l’écoute ? Le titre « A Foggy Day » du pianiste de jazz Marcus Robert lève rapidement le voile. Le passage du Plenue D, pourtant déjà très bon, au Plenue S fait changer de dimension sonore. Le son, moins démonstratif, parait « nettoyé » et bien plus réaliste. La scène sonore est comme réajustée, avec un piano plus lisible et une contrebasse moins mise en avant. Sur l’Audio-Technica ATH-A700X puis sur l’AKG K701, le Plenue S révèle des ambiances totalement différentes. Il m’a paru par ailleurs plus sensible à l’impédance du casque qui lui est connecté que son petit frère, et j’ai été parfois amené à jouer du volume pour obtenir un niveau satisfaisant.
Les deux casques précités n’ayant rien de discrets ou d’isolants, il était temps de passer à un casque plus nomade. Un Audio-Technica MSR7, l’un des tous meilleurs casques de sa catégorie, a donc été mis à contribution. Et à l’écoute, on se demande si ces deux-là ne sont pas faits pour vivre ensemble. Sur le titre « Sphère » de Jack Lee et Bob James, ici écouté en résolution 24 Bits / 48 Hz, tout est beau, avec un grave présent mais pas étouffe-chrétien, un medium très richement documenté et un superbe aigu à la fois aérien et défini. Le titre « Blagutten » du Hoff Ensemble sur l’album Quiet Winter Night (fichier DXD) donne une idée de la finesse de restitution du Cowon Plenue S. Aucune agressivité et un côté limpide de la musique, voici ce qui vient à l’esprit. Dans un style radicalement différent, le ska punk du groupe RX Bandits bénéficie d’un rendu énergique sur le titre « Stargazer » (16 Bits) avec notamment une dynamique qui ravira les fans du groupe. Pour finir, le superbe « Within » des Daft Punk, ici proposé en fichier Flac 24 Bits /88,2 KHz, confirme tout le bien qu’on pense du Cowon Plenue S, et plus particulièrement de l’aigu tout simplement superbe.
Outre ses fonctions de lecteur nomade, le Plenue S est aussi un DAC USB. Pour en profiter il faut d’abord activer le mode MSC /DAC dans les réglages USB du Cowon, puis le connecter à un port USB de votre ordinateur. Sur l’écran de votre Plenue S, vous sélectionnez « USB/DAC« . L’impression d’écran ci-dessous montre que le Plenue S est ensuite automatiquement reconnu par l’ordinateur (ici un PC sous Windows 8.1). Après quelques balbutiements j’ai pu enfin profiter des fonctions de DAC USB du Plenue S, qui se révèle très performant dans cet usage. Un enregistrement Live à Londres de Peter Gabriel, un orfèvre du son s’il en est, permet de retrouver l’ambiance de la prise de son comme si on y était. De même, l’écoute du « Don’t know why » de Norah Jones sur l’album « Come away with me » rend pleinement justice à la voix de la chanteuse tout en permettant d’une excellente définition des instruments, avec beaucoup de finesse et d’expressivité.
Le Cowon Plenue S s’est montré tout simplement inattaquable musicalement parlant tout au long de cette écoute. Qu’il s’agisse de fichiers haute définition DSD ou DXD ou de « simples » fichiers 16 Bits, il offre une restitution riche en matière, en musicalité et en fidélité. A aucun moment je n’ai éprouvé le besoin d’utiliser la pléthore d’effets sonores disponibles (le fameux JetEffect 7 avec ici la possibilité d’enregistrer jusqu’à 16 préréglages utilisateur !), ce qui est plutôt bon signe. Rappelons par ailleurs que sa deuxième sortie jack optique permettra de s’en servir comme source externe sur votre chaine domestique grâce à un dock (à venir). Avec ses 128 Go d’espace de stockage (auxquels vous pourrez ajouter 128 Go supplémentaires via une carte mémoire) vous aurez largement de quoi alimenter votre matériel haute-fidélité en bonne musique haute définition.
On a aimé :
– Le son excellent
– Les nombreux réglages utilisateur disponibles
– L’étui cuir fourni
– La qualité de fabrication et la finition
– L’évolutivité avec la station à venir
On a moins aimé :
– Le tarif, pas vraiment démocratique
– La notice fournie trop succincte
En tant que lecteur nomade, le tarif du Cowon Plenue S fait un peu tiquer, c’est une évidence, malgré ses évidentes qualités musicales qui le portent au sommet de la hiérarchie. Mais si vous l’utilisez également comme DAC USB pour votre ordinateur, le tarif apparait plus justifié. Et comme il pourra à terme combiner les fonctions de DAC USB de luxe + lecteur nomade d’exception + source sonore haute définition pour système domestique, il devient alors parfaitement compétitif quand on connait le prix d’un bon DAC et/ou d’une bonne platine CD. Plenue S, S comme « Supremacy » disions-nous ?