Le Realme GT 8 Pro promet de conjuguer la puissance brute de la dernière Snapdragon avec l’âme artistique des appareils photo Ricoh. Avec son module interchangeable et son téléobjectif de 200 Mpx, il a des arguments à faire valoir.
En résumé
Le realme GT 8 Pro est un smartphone attachant, qui ose proposer quelque chose de différent dans un marché aussi saturé que morose. Son partenariat avec Ricoh apporte une véritable âme à la partie photo, tandis que son téléobjectif de 200 Mpx est une réussite totale qui ravira les amateurs de détails. Sa puissance brute et son écran très lumineux en font par ailleurs une excellente machine multimédia. Néanmoins, realme trébuche sur des détails qui fâchent à ce niveau de prix. L’absence d’autofocus sur l’ultra-grand-angle, le port USB 2.0 daté et une gestion énergétique perfectible empêchent ce GT 8 Pro d’atteindre la perfection. Mais si vous cherchez un photophone avec du caractère et que vous aimez le style « Ricoh GR », les qualités de ce modèle l’emportent largement sur ses défauts.
Note technique
Les plus et les moins
- L'identité photo unique (partenariat Ricoh réussi)
- L'excellent téléobjectif 200 Mpx
- La puissance démesurée de la Snapdragon 8 Elite
- Le design modulaire original et la certification IP69
- La charge très rapide 120 W
- L'absence d'autofocus sur l'ultra grand-angle et le selfie
- L'écran LTPS (pas de LTPO) à ce niveau de prix
- Le port USB 2.0
Longtemps cantonné au rôle de trublion proposant de la puissance brute à prix cassé, realme tente de casser son image et lorgne désormais ouvertement sur le segment des smartphones haut de gamme. Pour incarner cette ambition nouvelle, la marque sœur d’Oppo et OnePlus dégaine le realme GT 8 Pro. Il ne se contente plus d’embarquer le processeur le plus rapide du moment, mais veut aussi séduire les esthètes et les photographes de rue. Pour ce faire, le fabricant a noué un partenariat inédit avec le japonais Ricoh, légende de la photographie compacte experte.
Parmi les autres faits d’armes de la fiche technique, on note une batterie titanesque sur le papier et un design modulaire novateur. Mais, derrière ces caractéristiques rutilantes, l’expérience utilisateur suit-elle vraiment la montée en gamme tarifaire ? Nous avons passé plusieurs semaines avec le GT 8 Pro pour le vérifier.
Le design et l’ergonomie
Dès l’ouverture de la boîte, le GT 8 Pro interpelle. Non pas par ses dimensions, qui restent dans la norme des « grands » téléphones actuels (161,8×76,9×8,2 mm), mais par la présence d’un petit tournevis Torx au milieu des accessoires. realme inaugure ici un concept de module photo interchangeable. Le bloc optique au dos est entouré d’un cache amovible maintenu par deux vis.

D’origine, le téléphone arbore un cercle métallique assez classique, mais il est possible de le remplacer par un module carré, ou même de laisser les entrailles à nu pour un look « robotique » industriel assez singulier. Est-ce utile ? Absolument pas. Est-ce amusant ? Terriblement ! À une époque où tous les rectangles de verre se ressemblent, cette petite touche de personnalisation « DIY » est rafraîchissante, même si l’on doute que l’utilisateur lambda passera son temps à dévisser son téléphone.

Côté finitions, notre modèle de test en version blanche arbore un dos en verre dépoli agréable au toucher. Son cadre en aluminium plat assure une rigidité exemplaire. On note avec satisfaction que, malgré son système de vis, le terminal bénéficie des certifications IP68 et IP69. Il résistera donc non seulement à l’immersion, mais aussi aux nettoyages haute pression, bien qu’un nettoyage au Kärcher du smartphone ne semble pas la meilleure des idées. Enfin, avec 218 grammes sur la balance, l’appareil n’est pas un poids plume. Mais la répartition des masses est suffisamment bien gérée pour assurer une prise en main très agréable.

L’écran
Pour l’affichage, realme a choisi une dalle OLED de 6,79 pouces affichant une définition généreuse de 1 440×3 136 pixels (QHD+). À l’œil nu, le résultat est très flatteur. La colorimétrie par défaut est vive, les noirs abyssaux et la netteté irréprochable avec une densité de 508 pixels par pouce. La luminosité est un autre point fort : si les 7 000 nits annoncés en pic HDR semblent très optimistes, nous avons pu constater une lisibilité parfaite en plein soleil. Nous nous prononcerons toutefois de manière définitive sur ce point dès que notre Labo Fnac aura passé cet afficheur sous ses sondes.

Cependant, un choix technique nous laisse perplexes pour un appareil de ce rang. Contrairement à ses concurrents directs chez OnePlus ou Oppo, le GT 8 Pro n’utilise pas une dalle LTPO, mais une technologie LTPS. Concrètement, cela signifie que le taux de rafraîchissement, bien qu’il puisse monter jusqu’à un impressionnant 144 Hz pour le gaming, ne peut pas descendre très bas (jusqu’à 1 Hz en LTPO) pour économiser l’énergie sur des images fixes. L’écran oscille généralement par paliers (30, 60, 90, 120 Hz). C’est un compromis étonnant qui, comme nous le verrons, n’est pas sans conséquence sur l’autonomie en usage mixte. De plus, la protection d’écran est confiée au Gorilla Glass 7i, une référence moins résistante aux chutes que le Victus 2 que l’on trouve désormais partout à ce niveau de prix. Il s’agit sans doute de compromis inévitables pour contenir le tarif de l’appareil.
Les performances
Sous le capot, le GT 8 Pro ne fait en revanche aucune concession. Il est propulsé par une puce Qualcomm Snapdragon 8 Elite Gen 5, gravée en 3 nm. Il s’agit tout simplement de la puce la plus récente et la plus puissante du fondeur américain. Autant dire la Rolls. Elle se trouve ici épaulée par 16 Go de mémoire vive (LPDDR5X). Un véritable monstre de puissance, donc. Dans les benchmarks, elle truste le haut du classement, dépassant souvent ses cousins de chez BBK Electronics.
Au-delà de la théorie, l’interface realme UI 7.0 (basée sur Android 16) file à la vitesse de l’éclair au quotidien. Les applications s’ouvrent instantanément et le multitâche est une formalité.

Avec de telles caractéristiques, les joueurs seront évidemment aux anges. Le GT Mode permet de débrider le processeur pour maintenir des fréquences d’images élevées. Nous avons pu faire tourner les titres les plus gourmands du Play Store, comme Genshin Impact ou Call of Duty Mobile avec les graphismes au maximum sans percevoir le moindre ralentissement. Le smartphone intègre même une puce dédiée à l’interpolation d’images pour fluidifier le rendu visuel.

Toutefois, cette débauche technique a un coût thermique. Lors de sessions de jeu prolongées ou de benchmarks graphiques intensifs, le téléphone chauffe de manière perceptible. Nous avons également noté un phénomène de throttling assez agressif. Il s’agit du bridage des performances pour laisser l’appareil refroidir. Rien de dramatique pour une partie d’une trentaine de minutes. Mais les hardcore gamers devront composer avec un dos tiède. Ce qui est évidemment encore moins problématique si vous utilisez le smartphone avec sa coque.

Enfin, carton rouge pour le port USB-C qui reste bloqué à la norme 2.0. Transférer vos vidéos 8K vers un PC prendra un temps infini par ce biais. Indigne d’un modèle « Pro » en 2025.
La photo
Le partenariat avec Ricoh est l’argument de vente numéro 1 de ce modèle. Loin d’un simple filtre Instagram apposé à la va-vite, realme a intégré un mode Street spécifique qui tente de répliquer l’expérience des célèbres compacts GR.

L’interface change, le déclencheur s’allonge, et l’on accède à des focales fixes virtuelles de 28 mm et 40 mm. Les filtres développés conjointement (Positif, Négatif, Haut Contraste N&B) offrent un rendu très typé, avec un grain argentique et une gestion des contrastes marquée. Le mode Négatif, par exemple, produit des images aux tons doux et légèrement délavés qui fonctionnent à merveille pour des scènes urbaines mélancoliques.

Le mode Haut Contraste N&B est radical, offrant des noirs profonds et dramatiques. On se prend au jeu de la « street photography », aidé par la fonction Snap Focus qui permet de prérégler la distance de mise au point pour déclencher à la volée sans attendre l’autofocus.
Côté matériel, le module principal de 50 Mpx (Sony IMX906) délivre de très bons clichés, bien exposés, avec une colorimétrie un poil plus saturée que la réalité, signature habituelle de la marque.

Mais la véritable star de ce trio de modules, c’est le téléobjectif. Équipé d’un capteur Samsung HP5 de 200 Mpx et d’un zoom optique x3 périscopique, il est bluffant. Le piqué est exceptionnel, même en poussant le zoom hybride. Il permet également de réaliser des clichés macro très impressionnants, avec une mise au point à seulement 19 cm du sujet. C’est de loin l’optique la plus polyvalente et la plus réussie de ce smartphone.

Malheureusement, l’excellence s’arrête là. L’ultra grand-angle de 50 Mpx (OmniVision OV50D) et la caméra selfie de 32 Mpx souffrent tous deux de l’absence d’autofocus, une lacune incompréhensible à ce tarif. Avec une mise au point fixe, impossible d’utiliser l’ultra grand-angle pour de la macro. Ce qui ne devrait pas gêner grand monde. En revanche, vos selfies manqueront aussi de piqué si vous n’êtes pas à la distance idéale. C’est une faute technique qui peut ternir un tableau pourtant prometteur, en fonction de votre utilisation.

En vidéo, le GT 8 Pro assure l’essentiel avec de la 8K à 30 i/s et de la 4K jusqu’à 120 i/s. La stabilisation est correcte, bien que nous ayons noté quelques microtremblements sur le capteur principal lors de la marche.
L’interface utilisateur
Le GT 8 Pro tourne sous realme UI 7.0. Les habitués de ColorOS (Oppo) ou OxygenOS (OnePlus) seront en terrain connu, ces différentes interfaces étant désormais quasi identiques. C’est fluide, personnalisable à l’envi et bourré de fonctionnalités IA plus ou moins utiles (gomme magique pour les photos, résumés de notes, etc.). Quant au suivi logiciel, il est honnête, avec quatre ans de mises à jour Android et cinq ans de correctifs de sécurité garantis. Mais cela reste tout de même un cran en dessous des meilleurs élèves en la matière.

L’autonomie
Sur le papier, la batterie de 7 000 mAh (silicium-carbone) impressionne. Mais, à l’usage, le bilan se montre un peu plus contrasté. En usage intensif (photos, GPS, jeux vidéo), on tient tout de même une journée complète, mais il faut absolument recharger pour repartir du bon pied le lendemain. Le coupable est probablement à aller chercher, au moins en partie, du côté de la dalle LTPS évoquée plus haut, qui consomme plus d’énergie en affichage statique qu’une dalle LTPO. L’autonomie reste dans l’ensemble très correcte, mais pas au niveau de ce que laissait espérer une batterie aussi grosse.

Heureusement, la recharge se révèle fulgurante. Le bloc SuperVOOC de 120 W fourni dans la boîte permet de passer de 0 à 100 % en une quarantaine de minutes. Une pause café suffit pour récupérer 50 % de batterie. Autre bonne nouvelle : la charge sans fil (50 W) fait enfin son apparition sur ce modèle.