Test

Test de la Lenovo Legion Go S : de vilain petit canard à cygne, il n’y a qu’un OS

18 novembre 2025
Par Sofian Nouira
Test de la Lenovo Legion Go S : de vilain petit canard à cygne, il n'y a qu'un OS
©Lenovo

La Lenovo Legion Go S, version allégée de la console-PC de Lenovo, arrive sous Windows 11. Nous l’avons testée, puis avons installé SteamOS. Une transformation radicale.

En résumé

La Lenovo Legion Go S est une machine à deux visages. Telle qu’elle est vendue actuellement en France, équipée de Windows 11 et du processeur Z2 Go, elle est difficile à recommander. L’expérience logicielle est frustrante, et les performances en jeu sont anémiques, ce qui ne justifie pas son prix de lancement. Mais si l’on prend le temps de la basculer sous SteamOS, la console se métamorphose. Elle devient une machine réactive, agréable à utiliser, et surpasse même le Steam Deck OLED en termes de puissance brute. Le matériel est donc vraiment bon, mais il est desservi par un logiciel inadapté. À son prix de lancement, la Go S est un mauvais calcul. Mais son prix étant régulièrement sabré sous la barre des 500 euros pendant les périodes promotionnelles, elle devient dans ce cas de figure une machine très intéressante. Surtout sous SteamOS, mais ça vous l’aurez déjà compris.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le design en un seul bloc et l'ergonomie globale
  • Les gâchettes ajustables (trigger locks)
  • Le très bel écran 8 pouces 120 Hz
  • L'interface SteamOS est resplendissante dessus (mais il faut l'installer vous-même)
  • Les performances sous SteamOS, bien meilleures que sous Windows 11
Les moins
  • L'expérience sous Windows 11, assez frustrante
  • Les performances passables sous Windows 11
  • L'autonomie, trop faible en jeu AAA
  • Les ventilateurs, parfois très bruyants
À partir de
449,99€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Le marché des consoles-PC portables est en pleine ébullition depuis que Valve a redéfini les règles avec son Steam Deck. Après une première Legion Go aux contrôleurs détachables, Lenovo revient avec la Legion Go S. Cette nouvelle itération adopte un format « unibody », plus sobre et plus léger, rappelant davantage ses concurrentes directes telles que les ROG Ally d’Asus ou les Steam Deck. Sans parler de la Nintendo Switch dont elles s’inspirent toutes.

Sur le papier, la Legion Go S ici testée est assez séduisante. Elle arbore en effet un grand écran IPS de 8 pouces affichant 1920×1200 pixels à 120 Hz. Elle est animée par une puce AMD Ryzen Z2 Go, dispose d’une batterie de 55,5 Wh et d’une connectique complète. En France, ce modèle est commercialisé sous Windows 11 uniquement à l’heure actuelle.

Nous avons donc commencé par tester la machine telle que vendue. Puis, intrigués par le potentiel du matériel bridé par le logiciel, nous avons pris l’initiative d’installer SteamOS.

Le design et l’ergonomie

La première différence avec la Legion Go originale saute aux yeux, puisque la Go S est une machine d’un seul bloc. Fini les manettes façon Switch, ce qui lui permet de s’alléger. La version Windows que nous avons testée arbore un coloris blanc (« Glacier White »), tandis que les modèles SteamOS (vendus à l’étranger) optent pour un gris-bleu « Nebula » plus discret. En main, le confort est immédiat. Les poignées sont plus arrondies que celles de la première Go et recouvertes d’une texture agréable. L’ergonomie générale est une franche réussite.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac

Du côté des contrôles, Lenovo a fait des choix judicieux. On retrouve une disposition asymétrique des sticks (type Xbox), qui sont des modèles Hall Effect censés éviter le drift. Le D-pad est réactif et les boutons ABXY offrent une frappe agréable.

Test Lenovo Legion Go S
Les contrôles se montrent dans l’ensemble particulièrement agréables.©L'Eclaireur Fnac

Le vrai plus se situe au niveau des gâchettes L2 et R2. Elles disposent de trigger locks, de petits interrupteurs qui permettent de réduire leur course. C’est un ajout très appréciable, transformant la gâchette analogique en un clic rapide, idéal pour les FPS.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac

On trouve également deux boutons arrière programmables, qui tombent naturellement sous les doigts. Un seul point nous a laissés perplexes : le minuscule touchpad situé sous le stick droit. S’il est là pour aider à naviguer sous Windows, il est trop petit pour être réellement pratique et s’avère au final assez gadget.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac

La connectique est, elle, irréprochable. Avec deux ports USB-C 4.0 sur la tranche supérieure, une prise casque 3,5 mm et un port microSD sous l’appareil, la Go S est parée à toute éventualité. Pour chipoter un peu, on aurait aimé que l’un des ports USB-C soit situé sur la tranche basse, comme sur Legion Go, ce qui aurait permis au fil de ne pas passer par le dessus si l’on veut recharger pendant qu’on joue. Mais c’est vraiment un détail.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac
Test Lenovo Legion Go S
Le port microSD se niche dans la tranche basse de la Go S.©L'Eclaireur Fnac

L’écran

L’écran de 8 pouces est l’un des points forts de l’appareil. La dalle IPS 16:10 de 1920×1200 pixels est non seulement grande, mais aussi de très bonne qualité. Pour commencer, elle se montre très lumineuse, ce qui la rend utilisable dans la plupart des conditions. Les couleurs sont vives et le rafraîchissement à 120 Hz offre une fluidité d’affichage appréciable… du moins dans l’interface.

Car c’est là que le bât blesse. Si l’écran est techniquement capable d’afficher du 1200p à 120 Hz, le processeur Z2 Go, surtout sous Windows, est bien en peine de suivre la cadence dans les jeux récents.

L’expérience sous Windows 11

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Legion Go S est livrée uniquement avec Windows 11. Or, nous avons écrit et répété maintes fois que Windows n’est pas et ne sera jamais un système d’exploitation pensé pour une console portable. Le géant de Redmond essaie certes de corriger le tir, comme en atteste la version de Windows que l’on trouve dans la ROG Xbox Ally, et qui finira sans doute par arriver jusqu’à cette Legion Go S. Après l’avoir testée en long, en large et en travers, nous pouvons vous dire que c’est mieux, beaucoup mieux même. Mais c’est encore loin d’être la panacée. Et surtout, nous digressons, car cette version n’est ni disponible ni annoncée pour la Go S à l’heure actuelle.

Test Lenovo Legion Go S
Le bureau sous Windows 11.

Dès le premier démarrage, on se retrouve ici face à une configuration d’ordinateur portable classique. Par défaut, l’affichage est réglé sur une mise à l’échelle de 200 %, rendant les icônes énormes. L’utilisation quotidienne est un parcours d’obstacles. Le clavier virtuel refuse parfois de s’afficher quand on en a besoin, notamment pour entrer un mot de passe Steam. Naviguer dans l’explorateur de fichiers au doigt est pénible. Le fameux touchpad n’aide que peu, et sa fonction de retour haptique par défaut fait vibrer bruyamment toute la machine à chaque contact.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac
Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac

Lenovo tente de masquer cette misère logicielle avec sa surcouche Legion Space. Celle-ci sert de hub pour agréger les jeux de différentes plateformes (Steam, Epic, Game Pass) et offre un panneau de contrôle rapide pour changer le TDP, la résolution ou la vitesse des ventilateurs. C’est une rustine certes nécessaire, mais qui ne résout pas le problème de fond. D’autant que Legion Space donne l’impression de devoir se mettre à jour pendant de longues minutes à chaque nouveau démarrage.

Test Lenovo Legion Go S
Le logiciel de Lenovo propose plusieurs options de monitoring et de réglage. Mais il a la faculté quasi surnaturelle de se mettre à jour avant chaque lancement. Il est donc généralement assez long à se lancer la première fois.©L'Eclaireur Fnac

Cette frustration logicielle est aggravée par des performances décevantes. La puce AMD Z2 Go est un modèle 4 cœurs/8 threads, bien moins véloce que le Z1 Extreme (8c/16t) qui équipe le ROG Ally ou la Legion Go originale. Le résultat est sans appel : les jeux AAA exigeants rament. Sur Cyberpunk 2077 en 800p avec les réglages du Steam Deck, la console peine à tenir 30 images par seconde. Sur Forza Horizon 5, elle plafonne à une cinquantaine de fps là où le Z1 Extreme atteint 75 fps. Pour jouer, il faut se résigner à baisser la résolution à 800p et à opter pour les réglages graphiques « faibles » ou « moyens ».

Et ne parlons même pas de la gestion désastreuse de la veille sur Windows 11. Elle a pour conséquence une machine qui se décharge vite même quand elle n’est pas utilisée.

L’expérience sous SteamOS

Frustrés par ce constat, nous avons décidé de donner une seconde chance à la machine en y installant SteamOS, le système d’exploitation de Valve. La Go S est d’ailleurs l’une des rares consoles-PC à être officiellement supportée.

Test Lenovo Legion Go S
©L'Eclaireur Fnac

L’opération n’est pas à la portée du premier venu, mais reste relativement simple si ovus avez un minimum de connaissance en informatique. Le mot “Linux” peut effrayer, mais il n’est pas question ici de compiler quoi que ce soit. Non, pour passer la Go S sous SteamOS, il suffit de créer une clé USB bootable, puis d’accéder au BIOS de la console (en maintenant le bouton Volume Haut au démarrage) pour lancer l’installation depuis la clé. Vous n’avez rien d’autre à fait, à part attendre un peu. Une petite demi-heure plus tard, la Legion Go S est transfigurée.

Test Lenovo Legion Go S
Sous SteamOS, la touche Lenovo donne accès au menu du mode console Big Picture©L'Eclaireur Fnac

On retrouve l’expérience du Steam Deck. La configuration initiale prend moins de cinq minutes. L’interface, pensée pour la manette, est incroyablement réactive, intuitive et agréable à utiliser. Les menus de réglages rapides, accessibles via le bouton Steam, sont parfaitement intégrés.

Test Lenovo Legion Go S
Sous SteamOS, on peut invoquer les raccourcis avec la même touche qui sert à les appeler sous Windows.©L'Eclaireur Fnac

Évidemment, ce choix a une contrepartie logique, puisqu’on se retrouve à évoluer dans l’écosystème de Valve. S’il est possible d’installer d’autres launchers comme le Xbox Game Pass ou l’Epic Games Store, cela demande de passer par le mode « Bureau » et de mettre les mains dans le cambouis Linux.

Test Lenovo Legion Go S
Pour passer du mode console (Big Picture) à l’interface d’un PC de bureau, il suffit d’aller dans le menu « Marche/arrêt » et de cliquer sur « Basculer vers le bureau ».©L'Eclaireur Fnac

Même ainsi, le résultat n’est pas parfait et les bugs sont courants. Nous vous conseillons donc de ne pas passer à SteamOS que si vous évoluez déjà dans l’écosystème de Valve. Si vous êtes un féru du Game Pass, mieux vaut abandonner l’idée. Pour le reste, le mode bureau en question est en fait un véritable PC.

Test Lenovo Legion Go S
L’interface de bureau sous SteamOS.©L'Eclaireur Fnac

Il est possible d’y installer des applications pour du traitement de texte, de la retouche photo, etc. Comme sur Windows donc. Mais s’il n’y a que le jeu qui vous intéresse, vous pouvez très bien ne jamais lancer ce mode et rester exclusivement sur l’interface console. Le système ne vous obligera jamais à aller y faire quoi que ce soit.

Test Lenovo Legion Go S
Le mode PC de bureau sous Steam OS. On voit ici tourner le navigateur Chrome et l’explorateur de fichiers.©L'Eclaireur Fnac

C’est au niveau des performances que la transformation est la plus spectaculaire. Le processeur Z2 Go n’était pas le problème, Windows l’était. Libérée des processus d’arrière-plan de Microsoft, la puce Z2 Go s’envole. Nous avons constaté un gain de performances en jeu de 30 à 45 % en moyenne ! Prenons Cyberpunk 2077, pour lequel nous sommes passés de 26 fps sous Windows à 39 fps sous SteamOS, sur la même machine et les mêmes réglages. C’est une augmentation de près de 70 %, qui fait passer le jeu d’une expérience poussive à une expérience jouable.

Test Lenovo Legion Go S
Il est très facile de modifier le comportement des performances, et donc de la consommation énergétique, à la volée.©L'Eclaireur Fnac

Mieux encore, la Legion Go S (Z2 Go) sous SteamOS devient plus rapide que le Steam Deck OLED. Sur Cyberpunk toujours, le Steam Deck atteint 33 fps, contre 40 pour la Go S. Sur Shadow of the Tomb Raider, la Go S tient 49 fps contre 43 pour la console de Valve. Le matériel était donc très correct, mais complètement bridé par le logiciel. On note d’ailleurs qu’il existe (hors de France) une version de la Go S équipée du Z1 Extreme et de SteamOS, qui doit être un véritable monstre de puissance, capable d’atteindre 50 fps sur Cyberpunk.

Enfin, les ventilateurs savent se faire entendre. En mode performance, le bruit est très présent. Le système de refroidissement est efficace, la console ne chauffe pas excessivement, mais elle n’est pas silencieuse.

L’autonomie

Si SteamOS sauve les performances, il ne fait pas de miracles pour l’autonomie. La batterie de 55,5 Wh reste le maillon faible. Sur des jeux AAA, il faut compter entre 1 h 30 et 2 h de jeu. Nous avons par exemple tenu 1 h 42 sur Baldur’s Gate 3. C’est moins bon que les Steam Deck, mais, en l’absence d’une énorme batterie, c’est le prix à payer pour alimenter un écran 1200p de 8 pouces, plus grand et plus énergivore que la dalle 800p du Deck. Sur des titres indépendants peu gourmands, on peut logiquement tenir vraiment plus longtemps. Il faut alors compter typiquement entre quatre et six heures. C’est une fourchette très large, mais cela va vraiment dépendre des réglages du mode de puissance et de la luminosité. Avec cette dernière réglée à 50 % et le mode de puissance « équilibré », vous pouvez facilement ambitionner quatre à cinq heures sur une seule charge.

Enfin, comme dit plus haut, la gestion de la veille est mortifère sur Windows 11, de sorte que si vous ne touchez pas à la console pendant plusieurs jours, vous êtes à peu près certain de devoir la recharger avant de jouer. A contrario, SteamOS fait figure de très bon élève en la matière, l’appareil ne perdant qu’une dizaine de pour cent de batterie par jour de veille.

À partir de
549,99€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Conclusion

La Lenovo Legion Go S est une machine à deux visages. Telle qu’elle est vendue actuellement en France, équipée de Windows 11 et du processeur Z2 Go, elle est difficile à recommander. L’expérience logicielle est frustrante, et les performances en jeu sont anémiques, ce qui ne justifie pas son prix de lancement. Mais si l’on prend le temps de la basculer sous SteamOS, la console se métamorphose. Elle devient une machine réactive, agréable à utiliser, et surpasse même le Steam Deck OLED en termes de puissance brute. Le matériel est donc vraiment bon, mais il est desservi par un logiciel inadapté. À son prix de lancement, la Go S est un mauvais calcul. Mais son prix étant régulièrement sabré sous la barre des 500 euros pendant les périodes promotionnelles, elle devient dans ce cas de figure une machine très intéressante. Surtout sous SteamOS, mais ça vous l’aurez déjà compris.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
Pour aller plus loin