En résumé
Avec les nouvelles interactions disponibles pour les gâchettes AirTrigger et l’ajout du contrôle des mouvements, le ROG Phone 3 parvient à améliorer encore un peu l’expérience de jeu, déjà très bonne sur le modèle précédent. Des améliorations techniques sont bien sûr aussi apportées, mais force est de reconnaître que l’écran 144 Hz présente encore peu d’intérêt, trop peu de jeux permettant pour l’heure d’en profiter pleinement. Le ROG Phone 3 apporte néanmoins aussi un Snapdragon 865+ assorti d’un modem 5G évidemment bienvenu à l’heure où les opérateurs français s’apprêtent à déployer la prochaine génération de réseau mobile, ainsi qu’un équipement photo un peu plus complet. Inutile toutefois d’attendre des prestations du même niveau que ce que peuvent proposer d’autres smartphones vendus autour de 1000 euros en prise de vue, qui reste à voir ici comme une fonction secondaire. S’il apporte d’ailleurs des améliorations dans presque tous les domaines, le ROG Phone 3 reste avant tout un smartphone gaming et n’a réellement d’intérêt qu’à condition d’aimer passer des heures à jouer sur mobile.
Notre test détaillé
En deux générations, le ROG Phone a su s’imposer comme référence des smartphones gaming. À la troisième aujourd’hui de sécuriser ce titre. Défi relevé ? Nous avons essayé le ROG Phone 3.
Le ROG Phone premier du nom nous avait déjà séduits. Il a été suivi l’an dernier d’un ROG Phone 2 plus abouti encore, et que nous n’avions d’ailleurs pas hésité à qualifier de “smartphone gaming ultime”. Mais Asus peut-il encore améliorer sa formule ? Ce ne serait probablement pas du luxe en tout cas. Car si Razer semble avoir abandonné le segment, Black Shark semble plus déterminé que jamais à lui voler son titre et il lui faudra en outre faire face à un nouveau concurrent : le Legion Phone Duel de Lenovo.
En attendant de pouvoir vous proposer un test complet, nous avons au moins pu essayer le ROG Phone 3 durant quelques jours afin de vous livrer un premier avis. Mais revenons pour l’heure sur les caractéristiques de ce smartphone très attendu.
Rappel des caractéristiques
Pour son nouveau smartphone, ROG a tout d’abord opté pour un nouvel écran. Comme celui du second modèle, il est de type AMOLED et propose une résolution Full HD+ (1080 x 2340 pixels) sur une diagonale de 6,59 pouces, mais son taux de rafraîchissement monte à 144 Hz. Il est par ailleurs surmonté d’une caméra de 24 mégapixels pour les selfies et entouré de haut-parleurs stéréo, tandis que derrière prend place le Snapdragon 865+. La puce la plus évoluée de Qualcomm à date est en outre associée à 12 ou 16 Go de RAM LPDDR5. Côté stockage, le ROG Phone 3 fait certes l’impasse sur le port microSD pour l’extension, mais propose une capacité confortable de 512 Go pour compenser, en UFS 3.1.
On y trouve en outre un bloc photo arrière comprenant un module principal de 64 mégapixels, un module ultra grand-angle de 12 mégapixels et un autre de 5 mégapixels dédié à la macro, une batterie de 6000 mAh associée à un port USB-C autorisant une charge rapide de 30 W et faisant office de sortie audio en l’absence de prise casque, ainsi que des connectivités 5G, Wi-Fi 6, Bluetooth 5.0 et NFC. Le smartphone est par ailleurs livré avec un adaptateur USB-C vers mini-jack, un ventilateur externe à brancher, une coque de protection ainsi qu’avec une paire d’écouteurs ROG Cetra.
À noter d’ailleurs que ces derniers ne sont fournis qu’en France, la législation locale obligeant les fabricants de smartphones à proposer un kit mains libres.
Le design et l’ergonomie
Le ROG Phone 2 se voulait déjà un peu moins typé gaming que son aîné, et le nouveau modèle poursuit dans cette voie. La couleur a ainsi été abandonnée sur les grilles de haut-parleurs désormais plus discrètes en façade, mais toujours séparées de l’écran par de larges bordures évitant le recours à une encoche ou un poinçon pour l’intégration de la caméra, et le capot a été unifié. C’en est donc fini de la séparation visible autour du système de refroidissement sur les premiers modèles.
Si une petite fenêtre a été prévue pour le laisser apparent, tandis qu’un petit évent reste présent pour faciliter la dissipation thermique, l’arrière du ROG Phone 3 est donc totalement lisse ou presque, seul le bloc photo apportant un peu de relief en dépassant légèrement. Les lignes aux reflets irisés sont en revanche conservées sous la vitre, de même que le logo ROG lumineux. Sage, mais pas trop donc, grâce aussi à un bouton d’alimentation au pourtour rouge sur la tranche droite.
Les gamers souhaitant toutefois un look un peu plus affirmé pourront y ajouter une coque tirant parti, non pas du flash de l’appareil photo, mais d’une seconde LED intégrée à côté pour s’illuminer elle aussi.
Dans l’ensemble, force est néanmoins de constater que les retouches apportées au design du ROG Phone 2 sont minimes. Et pour cause. ROG indique avoir voulu assurer la compatibilité des accessoires lancés l’an dernier avec son nouveau smartphone. De ce fait, même les dimensions ont à peine bougé, le ROG Phone 3 mesurant 171 x 78 x 9,9 mm, contre 171 x 77,6 x 9,5 mm pour l’ancien modèle. Le poids est quant à lui identique : 240 grammes.
Les principales critiques formulées l’an dernier restent donc valables. Le smartphone est lourd et difficilement utilisable d’une main, et l’on peut en ajouter une autre : le ROG Phone 3 fait l’impasse sur la prise jack que son petit frère avait su conserver. Asus a expliqué n’avoir eu d’autres choix que de la supprimer afin de conserver les mêmes dimensions, mais aussi la même batterie tout en ajoutant le modem 5G qui accompagne le Snapdragon 865+, sans pour autant y être intégré.
Il faudra donc se contenter de la prise USB-C pour l’audio, mais ROG a le bon goût de fournir un adaptateur et l’on peut également noter la présence d’une prise casque sur le ventilateur externe, lui aussi fourni et cette année doté d’une béquille pour jouer avec une manette, qui vient se brancher sur le port propriétaire présent sur le flanc gauche, avec le tiroir double SIM. Le port microSD reste aux abonnés absents.
Smartphone gaming oblige, le ROG Phone 3 a néanmoins été conçu pour être utilisé à deux mains plutôt qu’une seule, et en mode paysage. Il devient alors nettement plus agréable à tenir, et cela permet évidemment aussi de jouer avec les fameuses gâchettes tactiles AirTrigger, d’ailleurs améliorées pour ce nouveau modèle. Il est désormais possible de les diviser en deux afin de configurer deux commandes sur chaque gâchette, mais aussi d’opter pour des interactions autres que le toucher comme le balayage. Une idée intéressante et plutôt bien intégrée, chaque option étant personnalisable (sensibilité et délimitation des zones en double partition), mais que l’on aurait tout de même aimé voir aller un peu plus loin encore.
Quitte à proposer différents types d’interactions, pourquoi ne pas donner la possibilité d’en combiner sur une même gâchette ? D’autant que la double partition se montre tout de même délicate à l’usage, atteindre la zone interne des gâchettes sans activer la zone externe imposant une petite gymnastique pas très agréable. Nous aurions préféré pouvoir affecter une commande au toucher et une autre par balayage sur la même gâchette. Si ce n’est donc pas possible, le système reste néanmoins efficace, et il est de plus à noter qu’il est désormais aussi possible de configurer une commande de manière à ce qu’elle s’active en secouant le ROG Phone 3. Pratique pour recharger sur un FPS, par exemple.
Soulignons pour finir qu’il est désormais aussi possible d’associer les AirTrigger à des raccourcis pour le quotidien. Il suffit alors de serrer la main en tenant le smartphone à la verticale pour les activer.
L’interface ROG UI
Puisque nous en sommes au paramétrage des AirTrigger, continuons avec les ajouts logiciels dont il ne s’agit là que d’un exemple. ROG livre en effet le smartphone sous Android 10 complété d’une surcouche pour le moins riche, et naturellement orientée gaming même si des options sont bien sûr aussi proposées pour le quotidien, et entretenir la batterie notamment. L’outil de mapping des gâchettes tactiles s’inscrit d’ailleurs dans une suite beaucoup plus vaste. Baptisée Génie du jeu, celle-ci prend la forme d’une barre d’outils à déployer depuis le bord gauche de l’écran sur les jeux pour lesquels elle a été activée, et inclut donc un volet AirTrigger, mais aussi des boutons permettant d’optimiser la gestion des ressources pour profiter de meilleures performances ou de lancer une capture vidéo ou un direct sur YouTube. Cette barre d’outils permet également de désactiver/activer notifications et alertes à la volée afin de ne pas être dérangé durant les parties, et donne en outre accès à des réglages de base ainsi qu’à quelques informations en direct (fps, température du système, fréquence CPU…).
Très graphique, la surcouche ROG s’accompagne en outre d’Armoury Crate, bien connu des possesseurs de PC de la marque. Comme la version PC d’ailleurs, l’application donne des informations diverses sur l’état du smartphone, en plus de regrouper la plupart des options disponibles pour le jeu et évite ainsi d’avoir à fouiller à droite à gauche pour les trouver. On y retrouve d’ailleurs les réglages de la suite Génie du jeu évoquée plus tôt ainsi que ceux des AirTrigger, tandis qu’elle permet aussi d’activer le fameux mode X pour l’optimisation de l’expérience de jeux, également accessible depuis les réglages rapides du centre de notifications, de configurer le ventilateur externe lorsqu’il est connecté ou encore de gérer l’éclairage du logo ROG au dos du smartphone. Notons enfin qu’Armoury Crate permet aussi de retrouver l’ensemble des jeux installés avec la possibilité, pour chacun, de définir un ensemble de réglages spécifiques comprenant évidemment le niveau de performances, la sensibilité tactile ou encore le taux de rafraîchissement.
Ces profils permettront donc notamment de ne pas avoir à laisser le taux de rafraîchissement le plus élevé en continu afin de pouvoir en profiter en jeu sans avoir à revenir dans les Paramètres du smartphone avant chaque partie. Un point que l’on imagine important pour l’autonomie, compte tenu dudit taux justement. Car ROG aspire à proposer la meilleure expérience de jeu et l’affichage y jouant un grand rôle, il s’est au moins assuré de devancer la concurrence sur ce point en proposant un écran 144 Hz quand les meilleurs smartphones du moment sont limités à 120 Hz. Reste évidemment l’épineuse question de la compatibilité. Pour l’heure, ROG indique qu’il est possible d’en profiter sur un peu plus de 200 jeux (Shadowgun Legends, Injustice 2, Ace Force…) et aussi qu’il s’est rapproché de Unity afin de faciliter, et inciter, les développeurs à le suivre, mais de nombreux titres parmi les plus populaires du moment ne supportent pas ce taux de rafraîchissement, à l’instar de Fortnite, Call of Duty Mobile ou encore PUBG.
L’écran, l’audio et les performances
Pour le reste, l’écran du ROG Phone 3 offre un affichage Full HD+ plus qu’agréable, la technologie AMOLED aidant, pour le contraste notamment. On apprécie en outre d’y trouver une dalle de 6,59 pouces sans encoche ni poinçon, mais seules les mesures que nous effectuerons en Labo nous permettront évidemment de savoir si le dernier-né de la gamme ROG offre réellement le meilleur afficheur, le taux de rafraîchissement ne faisant pas tout. Soulignons d’ailleurs que celui-ci peut être réglé sur 60, 90 ou 120 Hz, et que l’écran s’accompagne d’un nouveau système audio GameFX optimisé avec le spécialiste de l’audio suédois DIRAC pour offrir un son stéréo de qualité et permettre aux joueurs de s’immerger dans les jeux, même sans porter de casque. À l’oreille, le nouveau partenariat d’Asus semble porter ses fruits. À voir désormais si ce système audio fera mieux que celui du ROG Phone II, développé lui avec l’aide de DTS, lorsque le smartphone passera dans notre Labo.
On se contentera donc pour l’heure de dire que le ROG Phone 3 offre une expérience audiovisuelle très plaisante et qui, combinée aux gâchettes AirTrigger et à la puissance du Snadpragon 865+, en fait certainement l’un des meilleurs smartphones pour jouer. On notera toutefois que, si tous les jeux parviennent à tourner sans peine sur la dernière plateforme haut de gamme de Qualcomm, profiter pleinement du taux de rafraîchissement de 144 Hz pourra tout de même demander quelques sacrifices en fonction des jeux. Shadowgun Legends, par exemple, peine à dépasser les 90 fps avec le profil graphique “ultra” et il faudra basculer sur celui d’en dessous pour dépasser les 120 fps. Il nous tarde par ailleurs de pouvoir jouer plus longuement afin de tester l’efficacité du système de refroidissement, ainsi que celle du ventilateur externe.
Bien sûr, le ROG Phone 3, aidé aussi par ses 12 et même 16 Go de RAM pour le modèle qui nous a été prêté, s’est également montré très réactif en dehors des parties de jeu vidéo. On espère par ailleurs que l’autonomie ne souffrira pas trop de l’intégration de l’écran 144 Hz et du modem 5G, même si Asus semble avoir vu assez large avec sa batterie de 6000 mAh.
La photo et la vidéo
Évoquons pour finir la partie photo, qui n’est évidemment pas le point fort du smartphone. On y trouve néanmoins un module principal intéressant au dos, qui est d’ailleurs le même que celui du récent ZenFone 7. Il s’appuie sur un capteur Sony IMX686 de 64 mpx associé à une optique de 26,6 mm (en équivalent 35 mm) ouvrant à f/1,8, ainsi qu’à la technologie Quad Bayer d’Asus pour le pixel binning. Comprenez qu’il faudra forcer la prise en 64 mpx, le ROG Phone 3 accouchant par défaut de clichés de 16 mpx. Des clichés globalement convaincants donc, en dépit de couleurs parfois ternes et d’un léger bruit pouvant apparaître même en plein jour, mais qu’il nous faudra surtout multiplier et analyser plus en détail afin de pouvoir formuler un avis complet.
Ce sont donc surtout les modules secondaires qui déçoivent pour l’instant. Le ROG Phone 3 est tout d’abord l’un des rares smartphones vendus autour de 1000 euros à ne pas proposer de zoom optique. Il faut à la place se contenter d’un module ultra grand-angle (125°) de 13 mégapixels aux résultats peu enthousiasmants et d’un module macro de 5 mégapixels à l’intérêt tout de même limité. Soulignons pour finir que le smartphone inclut également une caméra avant de 24 mpx pour les selfies, et qu’il peut filmer jusqu’en 8K.
Conclusion
Avec les nouvelles interactions disponibles pour les gâchettes AirTrigger et l’ajout du contrôle des mouvements, le ROG Phone 3 parvient à améliorer encore un peu l’expérience de jeu, déjà très bonne sur le modèle précédent. Des améliorations techniques sont bien sûr aussi apportées, mais force est de reconnaître que l’écran 144 Hz présente encore peu d’intérêt, trop peu de jeux permettant pour l’heure d’en profiter pleinement. Le ROG Phone 3 apporte néanmoins aussi un Snapdragon 865+ assorti d’un modem 5G évidemment bienvenu à l’heure où les opérateurs français s’apprêtent à déployer la prochaine génération de réseau mobile, ainsi qu’un équipement photo un peu plus complet. Inutile toutefois d’attendre des prestations du même niveau que ce que peuvent proposer d’autres smartphones vendus autour de 1000 euros en prise de vue, qui reste à voir ici comme une fonction secondaire. S’il apporte d’ailleurs des améliorations dans presque tous les domaines, le ROG Phone 3 reste avant tout un smartphone gaming et n’a réellement d’intérêt qu’à condition d’aimer passer des heures à jouer sur mobile.