En résumé
Comme son principal concurrent qu’est le Galaxy Fold, le Mate X n’est pas un smartphone créé pour être vendu en masse. On en veut pour preuve leurs prix très élevés. Néanmoins, ces appareils restent primordiaux dans la mesure où ils vont poser les jalons de cette nouvelle catégorie de produits. Le Mate X que nous avons pu manipuler était loin d’être un produit définitif, avec notamment un système d’exploitation non finalisé. Il reste donc encore beaucoup de travail à Huawei pour proposer une interface et des fonctions dédiées dignes de l’innovation que représente son appareil pliable. Néanmoins, ce premier contact nous a permis de nous rassurer, nous qui avions été particulièrement déçus du FlexPai de Royole. En effet, même si le Mate X que nous avons eu entre les mains était un prototype, nous pouvons d’ores et déjà dire que le pari d’un smartphone doublé d’une tablette semble réussi sur le plan ergonomique. Nous avons été assez bluffés de constater qu’une fois replié, l’appareil n’était vraiment guère plus épais qu’un téléphone classique. Des débuts prometteurs donc.
Notre test détaillé
Si vous intéressez un peu à la téléphonie mobile, vous avez sans doute déjà entendu parler du Huawei Mate X, l’incontestable star médiatique du récent Mobile World Congress. Pourtant, l’appareil ne s’est guère laissé approcher lors du salon qui a fermé ses portes la semaine dernière. Heureusement, Huawei France a organisé dans la foulée du MWC un événement à Paris, au cours duquel il a été possible de prendre en main le Mate X, suffisamment longtemps pour vous donner un premier ressenti à son sujet.
Avant de commencer, précisons que le modèle que nous avons eu entre les mains était un prototype. Un produit par définition encore en chantier, donc. C’est la raison pour laquelle nous n’allons pas nous appesantir sur des aspects comme l’interface utilisateur ou la captation photo et vidéo. Ce qui nous intéressait le plus dans cette prise en main était clairement d’essayer pour la première fois le système de l’écran pliable. Il y a quelques semaines, nous avions déjà pu manipuler celui du FlexPai de Royole, et nous n’avions pas été vraiment convaincus par son ergonomie.
Les caractéristiques techniques
Avant de vous donner nos premières impressions, penchons-nous d’abord sur la fiche technique du Mate X. Car si l’écran pliant polarise logiquement l’attention, il ne faut pas pour autant perdre de vue qu’il s’agit d’un smartphone très haut de gamme. Il intègre un afficheur tactile AMOLED de 8 pouces, à la définition de 2200 x 2480 pixels. Pour une densité de 414 pixels par pouce. On remarque au passage qu’en mode tablette, le format n’est pas loin d’être carré. Une fois l’appareil plié, l’une des faces adopte un ratio plus classique de 19,5:9, pour une diagonale de 6,6 pouces et une définition de 1148 x 2480 pixels. La seconde face affiche un écran plus petit, car la surface est partagée avec les modules photo. Cet afficheur sert notamment en mode selfie et pour permettre à une personne photographiée de se voir. Côté dimensions, le Mate X mesure 161,3 x 146,2 x 5,4 mm en mode tablette et 161,3 x 78,3 x 11 mm. Le poids n’a pas été communiqué officiellement. Mais après manipulé la bête, nous estimons ce poids entre 260 et 290g.
Sous le capot, l’appareil est animé par une puce (chipset) Kirin 980, épaulée par 8 Go de mémoire vive. Quant au stockage interne de 512 Go, il est extensible via microSD au besoin.
Enfin, Huawei ne s’est pas étendu sur la partie photo lors de la présentation de son produit. Mais on sait tout de même que le Mate X embarquera trois modules photo, dont voici les configurations : 40 Mpx, f/1.8, optique de 27mm pour le premier, 16 Mpx, f/2.2, optique de 17mm pour le second et 8 Mpx, f/2.4 et optique de 52 mm pour le dernier. Une caméra TOF pour gérer la profondeur de champ et les effets bokeh vient compléter le dispositif.
Notons pour clore ce tour d’horizon de la fiche technique que le Mate X se distingue également par le fait qu’il sera, a priori, le premier smartphone 5G a sortir chez Huawei.
L’écran pliant et son ergonomie
Autant tuer le suspense tout de suite. Le Mate X semble déjà à des années-lumière du FlexPai évoqué plus haut. Alors que ce dernier ressemble davantage à un prototype pour démontrer l’écran pliable – qui ne fait en réalité que se courber -, le modèle de Huawei semble d’emblée avoir été pensé pour une sortie commerciale.
Ici, on est bel et bien en face d’un appareil qui se plie en deux, pour passer du format smartphone au format tablette. Contrairement au choix de Samsung de placer un grand écran qui se replie vers l’intérieur et un afficheur externe sur son Galaxy Fold, le Mate X n’utilise qu’une seule dalle.
Dans tous les cas, ces écrans pliables sont de véritables innovations de rupture. Plus personne ne s’en émerveillera sans doute dans quelque temps, mais voir aujourd’hui un écran se plier et se déplier de la sorte paraît incroyable, et même un peu futuriste.
Lorsque l’appareil est en mode smartphone – replié donc -, il suffit d’appuyer sur un petit bouton pour déverrouiller les deux pans du boîtier et le transformer en tablette. Pour faire la manipulation inverse, pas de bouton à presser cette fois, il suffit de replier le tout en deux. Une opération simple et efficace donc, qui s’effectue en quelques instants et qui devrait devenir très naturelle à tous les utilisateurs de ce genre d’appareil à l’avenir.
Le poids et l’encombrement
Depuis que nous entendons parler de smartphone pliable, une crainte nous hante : l’épaisseur de ces appareils. Par définition, un téléphone pliable se compose des deux volets pliés, et donc potentiellement de deux smartphones posés l’un sur l’autre. Même si la course à la finesse ne semble plus être un enjeu aussi fort qu’il y a quelques années chez les constructeurs, il n’en demeure pas moins que nous avons tous pris des habitudes concernant la finesse de nos appareils, qui mesurent pour la plupart environ 8 mm.
De tous les smartphones pliables que nous avons pu découvrir ces dernières semaines, celui de Huawei semble clairement le plus prometteur de ce point de vue. D’abord parce que lorsqu’il est plié, les deux faces se touchent sans laisser aucun jour. Et surtout parce que l’épaisseur de l’ensemble n’est que de 11 mm. Une fois l’appareil en main, il paraît certes un peu plus encombrant qu’un téléphone lambda. Mais cela n’a rien de choquant ou dramatique. Son poids se fait en revanche plus sentir. Comme dit plus haut, le constructeur n’a pas encore communiqué – à notre connaissance – de poids pour son appareil.
Il devrait d’après nos estimations se situer quelque part entre 260 et 290 grammes. Ce qui est très peu pour une tablette, mais beaucoup pour un smartphone. Nous n’avons pas pu manipuler l’appareil suffisamment longtemps pour nous faire un réel avis sur l’impact de ces grammes en plus.
L’interface utilisateur
Le but de la prise en main du Mate X organisée par Huawei n’était pas de démontrer les fonctions propres au format pliable. En effet, le constructeur nous avait d’emblée prévenus que le système d’exploitation de l’appareil était loin d’être finalisé et que de nombreuses fonctions n’étaient pas encore implémentées. On pense notamment à la possibilité de copier/coller une image dans un email en ouvrant d’un côté de l’écran l’application email et de l’autre la galerie d’image. Les représentants de Huawei nous ont également confié que ce genre de format pourrait changer la manière dont on regarde une vidéo, avec de l’espace en dessus et au-dessous pour afficher des informations supplémentaires, comme des statistiques lors d’une retransmission sportive.
Les mêmes représentants ont tout particulièrement insisté sur la prise de photo en mode smartphone. Le second écran permet à la personne photographiée de se voir et donc de donner son aval au photographiant. Une fonction que l’on pourrait qualifier de « sympathique »… au mieux.
Tout ce qui touche à l’interface et aux fonctions vraiment dédiées à ce format pliable restera donc à découvrir dans la version finale du produit.
Les points à surveiller
Après ces premiers moments passés avec le Mate X, nous voyons deux problèmes potentiels, qui faudra surveiller de près. Notez qu’ils ne concernent d’ailleurs pas que l’appareil de Huawei, mais bien tous les smartphones pliables.
Le premier tient à la durabilité de l’ensemble. Nous n’avons aujourd’hui aucun recul sur la durabilité des écrans pliables. Bien sûr, les industriels procèdent à des tests extensifs avant de commercialiser une nouvelle technologie. Mais entre les tests en amont dans les laboratoires et la réalité du terrain, il y a parfois un écart. Le Mate X embarque un écran plastic-OLED (pOLED), condition sine qua non pour le rendre pliable. Ce genre d’écran a la réputation d’être plus facilement rayable qu’un écran en verre. Une donnée cruciale quand on sait que l’afficheur du Mate X n’est jamais protégé puisqu’il se plie de l’extérieur. Nous avons soulevé ce point auprès de Huawei, qui nous a assuré que des progrès substantiels avaient été faits dans ce domaine ces dernières années. D’après le constructeur, il n’y aura pas de problème d’usure ou de marquage. Mais Huawei prend tout de même le soin de préciser que le smartphone sera vendu avec une coque qui protégera les deux faces de l’écran replié. Sauf que la coque en question empêchera donc toute interaction avec le téléphone. Il faudrait donc l’enlever et la remettre à chaque fois. Voilà qui s’annonce fastidieux et qui nous fait penser que peu d’utilisateurs s’en serviront, d’autant que le téléphone n’est pas si épais et trouve parfaitement sa place dans une poche. Il ne reste donc plus à espérer que le fabricant tiendra ses promesses en matière de robustesse et de résistance aux rayures.
L’autre point à surveiller sera le soutien des développeurs tiers au nouveau format que représentent les smartphones pliables. Car s’il paraît assez évident que Huawei comme Samsung feront en sorte que les applications natives de leurs Mate X et Galaxy Fold tirent bien partie du nouveau format, il n’est pas certain que les développeurs d’applications leur emboîtent rapidement le pas. En effet, mettre à jour une application a un coût. Et tant que les smartphones pliables seront ultra-minoritaires, le calcul économique devrait être vite vu dans un premier temps pour la plupart des développeurs. On peut néanmoins espérer que les « gros » tels que Facebook, Twitter, etc. jouent le jeu dès le départ.
Conclusion
Comme son principal concurrent qu’est le Galaxy Fold, le Mate X n’est pas un smartphone créé pour être vendu en masse. On en veut pour preuve leurs prix très élevés. Néanmoins, ces appareils restent primordiaux dans la mesure où ils vont poser les jalons de cette nouvelle catégorie de produits. Le Mate X que nous avons pu manipuler était loin d’être un produit définitif, avec notamment un système d’exploitation non finalisé. Il reste donc encore beaucoup de travail à Huawei pour proposer une interface et des fonctions dédiées dignes de l’innovation que représente son appareil pliable. Néanmoins, ce premier contact nous a permis de nous rassurer, nous qui avions été particulièrement déçus du FlexPai de Royole. En effet, même si le Mate X que nous avons eu entre les mains était un prototype, nous pouvons d’ores et déjà dire que le pari d’un smartphone doublé d’une tablette semble réussi sur le plan ergonomique. Nous avons été assez bluffés de constater qu’une fois replié, l’appareil n’était vraiment guère plus épais qu’un téléphone classique. Des débuts prometteurs donc.