En résumé
Le Nokia 9 PureView a fait parler de lui pendant plus d’un an avant de voir le jour en ce MWC 2019. Pour l’heure, l’attente semble en valoir la peine : les premiers essais que nous avons pu réaliser sont prometteurs, même si le temps réclamé par le traitement de clichés fait de ce smartphone un produit dédié à des connaisseurs plus qu’à des néophytes qu’il risque de laisser frustrés sur ce point. Le reste des caractéristiques de l’appareil a néanmoins de quoi séduire, d’autant qu’avec ses 700 euros, il fait finalement partie des smartphones orientés photo les moins onéreux du marchés.
Notre test détaillé
Le Nokia 9 PureView et ses cinq capteurs photo s’est laissé approcher durant le Mobile World Congress.
Mise à jour du 14 mars 2019 : Nous avons complété cet article avec des impressions plus riches concernant la partie photo. Vous pouvez les retrouver en bas de page, ainsi qu’une galerie d’images.
Un premier smartphone haut de gamme
Après un Nokia 8 Sirocco lancé l’an dernier, la marque de HMD revient avec un vrai smartphone de milieu de gamme, positionné toutefois à un tarif plus accessible que les modèles concurrents – Galaxy S10 en tête – avec son prix recommandé de 699 euros. Un modèle qui profite d’une fiche technique haut de gamme, à commencer par son écran P-OLED de 5,99 pouces 18:9 affichant 1440 x 2880 pixels. Une dalle flatteuse à l’œil, et qui devra passer sous les sondes de notre Labo pour confirmer ses qualités. Un point est quoi qu’il en soit à noter d’emblée : malgré un format relativement compact (155 x 75 x 8 mm), le smartphone n’affiche aucune encoche. Une caractéristique de moins en moins courante, et qui reste une qualité. Cet écran embarque par ailleurs un lecteur d’empreintes sous sa partie inférieure, dont il nous faudra également éprouver l’efficacité au quotidien.
Réussi d’un point de vue design, avec sa coque légèrement arrondie et vitrée, sur laquelle les traces de doigts sont malheureusement légion, le Nokia 9 PureView n’opère que peu de concessions d’un point de vue technique. Le smartphone a droit non pas à la plus récente puce Snapdragon 855 de Qualcomm, mais au Snapdragon 845 flanqué de 6 Go de mémoire vive, mais aussi à 128 Go de stockage, malheureusement non extensible. Il inclut une batterie de 3320 mAh compatible à la fois avec la charge rapide et la charge sans fil 10W, et s’offre une certification IP67. Il est donc loin de démériter face à ses concurrents, d’autant qu’il intègre Android One, ce qui garantit sa mise à jour rapide vers la prochaine mouture du système d’exploitation. À la prise en main, rien à dire : l’ensemble est fluide et prometteur.
5 capteurs photo au menu
C’est au rayon de la photo que le Nokia 9 PureView se montre le plus enthousiasmant. La vague de smartphone à triples modules photo apparue en ce début d’année prouve que, comme la course aux mégapixels, la course au nombre de capteurs n’apporte pas toujours un bénéfice réellement visible à l’utilisateur. On peut toutefois espérer que ce ne soit pas le cas du smartphone de HMD.
D’un point de vue strictement technique, l’appareil embarque cinq capteurs photo de 12 mégapixels. Tous ces modules présentent une ouverture de f/1.8 et des pixels de 1,25 µm. Deux sont des capteurs RGB, c’est-à-dire en couleur, tandis que les trois autres sont monochromes, ce qui est donc la promesse de clichés capturés en noir et blanc, et non édités a posteriori. Un sixième capteur est visible au dos du smartphone : il s’agit d’un capteur ToF (Time of Flight), dédié à la mesure de la profondeur. Celui-ci est mis à profit pour améliorer la mise au point sur tous les clichés, mais aussi pour permettre la gestion des effets de bokeh. Ceux-ci peuvent être appliqués avec une précision assez bluffante, comme nous avons pu le constater, grâce aux 1200 niveaux de profondeur que le smartphone est capable de détecter, d’après HMD.
Si le Nokia 9 PureView dispose de 5 capteurs, ils ne sont pas utilisables de manière indépendante – sauf dans le cas des clichés en noir et blanc, où seuls trois d’entre eux sont sollicités. Nokia promet que chaque capteur monochrome capte trois fois plus de lumière qu’un capteur RVB, ce qui est censé démultiplier la quantité d’informations récoltées pour chaque cliché. Ces derniers, capturés en RAW, pèsent lourd – jusqu’à 40 Mo, sachant que la mémoire du smartphone n’est pas extensible, mais seulement associée à un stockage Google Photo haute définition en illimité. C’est d’ailleurs une des limites du produit : s’il est possible de prendre des photos à une vitesse normale, le traitement de chaque image prend quelques secondes. Nokia l’avoue d’ailleurs, rappelant que son produit est destiné à de véritables amateurs de photographie. Quoi qu’il en soit, les clichés que nous avons pu prendre ont montré un niveau de détail pour le moins élevé. Nokia est en outre partenaire d’Adobe, et permet d’accéder à une version mobile de Lightroom particulièrement appropriée au traitement de ce type de clichés.
Ajoutons pour finir que le Nokia 9 PureView est capable, nous assure la marque, de produire des vidéos en 4K jusqu’à 60 fps. Une capacité que nous devrons éprouver à l’occasion d’un test complet.
Nos premières impressions
Dans les faits, qu’en est-il vraiment ? Une fois de retour à Paris, nous avons pu jouer un peu avec l’application photo, et il nous faut d’abord confirmer que le traitement de chaque cliché prend du temps. Un peu pour les clichés classiques, beaucoup pour les clichés Bokeh. Mais ceux qui choisiront ce terminal aux 5 capteurs doivent savoir à quoi s’en tenir. Et en dehors de ce délai de traitement des images, le Nokia 9 PureView apparaît comme un photophone impressionnant.
Déjà, le capteur ToF (Time of Flight), dédié à la mesure de la profondeur, apporte un véritable plus pour les photographies, et particulièrement les portraits en mode Bokeh. Là où l’on voit certains appareils – le Galaxy S10 par exemple – générer un flou parfois plus ou moins précis autour de la zone de mise au point, on a vraiment l’impression que le Nokia 9 PureView analyse la scène et découpe au laser notre sujet pour le faire ressortir. Sur nos essais, le smartphone ne s’est jamais trompé, et on sent véritablement que la qualité du matériel embarqué influe directement sur la qualité des clichés, alors que certains mobiles compensent des lacunes matérielles avec un développement logiciel très poussé. Notons toutefois que le traitement logiciel augmente fortement la clarté, et il faudra passer par le développement pour un peu plus de douceur.
Alors qu’on a parfois l’impression que le déclenchement est lent, il n’en est rien et la vitesse d’obturation est très rapide grâce à la captation de plus de lumière qu’avec des capteurs simples, doubles, ou triples. Ici, la configuration permet donc d’éviter facilement les flous de mouvements souvent engendrés par la photographie mobile, tout en ayant une exposition optimale. Sur nos essais, même en marchant nous-mêmes ou en photographiant des personnes qui marchaient, les sujets sont figés sur l’image et c’est assez appréciable.
Avec ses trois capteurs monochromes, le Nokia 9 PureView propose évidemment un mode dédié, qui permet d’obtenir des photographies en noir et blanc. C’est une fonction qu’on a déjà vu sur certains appareils, ceux de Huawei notamment, eux aussi équipés de capteurs monochrome. Ici aussi, ce mode est très plaisant et le traitement apporté par le logiciel de Nokia est très pertinent. Pour ce mode comme pour tous les autres, rappelons qu’il est possible d’enregistrer des fichiers RAW, ce qui permet de modifier les images à notre guise sur Lightroom Mobile CC, avec lequel Nokia a noué un partenariat. La partie zoom (x2 ou x5) impressionne un peu moins puisque le smartphone n’embarque pas d’optique d’une longueur focale plus importante que celle des autres. Le zoom n’est donc que numérique, dû à un recadrage, et on perd forcément en qualité et en détails.
La promesse de plus de lumière capturée laissait également espérer des performances accrues en basse luminosité. Mais le Nokia 9 PureView ne révolutionne pas les photos nocturnes, surtout depuis que le mode Night Sight du Pixel 3 a impressionné le monde. Comparé à un Galaxy S10+ lors d’une petite sortie de nuit, on remarque que les deux smartphones fournissent des clichés d’une qualité assez similaire, le modèle de Nokia étant peut-être un peu plus fidèle sur la colorimétrie et la balance des blancs, tandis que le modèle de Samsung semble récupérer un peu plus de texture. Globalement, on peut dire que le Nokia cherche toujours à éclairer la scène le plus possible, et pour obtenir un cliché conformer à la « réalité », le mode Pro peut s’avérer bien utile.
Le Nokia 9 est en tout cas un photophone très intéressant et performant, qui méritera encore quelques ajustements logiciels pour dévoiler son plein potentiel. On doit aussi dire que l’application photo fournie, issue d’Android One, ne fait pas spécialement honneur à ce mobile. Reste maintenant à attendre un test complet de l’appareil pour confirmer ou infirmer ces premières impressions.
Conclusion
Le Nokia 9 PureView a fait parler de lui pendant plus d’un an avant de voir le jour en ce MWC 2019. Pour l’heure, l’attente semble en valoir la peine : les premiers essais que nous avons pu réaliser sont prometteurs, même si le temps réclamé par le traitement de clichés fait de ce smartphone un produit dédié à des connaisseurs plus qu’à des néophytes qu’il risque de laisser frustrés sur ce point. Le reste des caractéristiques de l’appareil a néanmoins de quoi séduire, d’autant qu’avec ses 700 euros, il fait finalement partie des smartphones orientés photo les moins onéreux du marchés.