Test Labo

Test Labo du Huawei P9 : la vie en noir et blanc

28 mai 2016
Par Sofian Nouira
Test Labo du Huawei P9 : la vie en noir et blanc

En résumé

Note LABOFNAC

Si vous êtes à la recherche du meilleur photophone possible en mode couleur, alors le P9 n’est pas forcément pour vous. Il est loin de démériter dans ce domaine, mais on trouve un peu meilleur. En revanche, si vous avez l’âme d’un photographe, vous ne pourrez sans doute pas rester de marbre face à la réussite que constitue les photos prises en noir et blanc, et qui “transpirent” la patte Leica. Pour le reste, les défauts se font rares puisque l’appareil se montre bien construit, fluide et réactif à souhait. On pourra certes pester contre l’impossibilité de filmer en UHD-4K, mais le mode Full HD 60 i/s limite les dégâts. Ce petit accroc est largement compensé par la puissance des processeurs, les performances radio pour capter le réseau ou encore son écran très correct. Au final, si le Huawei P9 ne se pose pas comme le meilleur haut de gamme du moment, il assure dans tous les domaines, tout en se permettant d’apporter quelque chose d’unique avec ses photos en noir et blanc.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le design et la qualité de fabrication
  • La fluidité et la réactivité de l'ensemble
  • La capture de photos en noir et blanc
Les moins
  • La colorimétrie de l'écran, correcte mais perfectible

Détail des sous notes

Réseau et connectivité
Écran
Cette note reflète la qualité globale de l'écran
Photo
Cette note reflète la performance de l'appareil à produire des clichés de qualité
Autonomie
Plus la note est elevée et plus le smartphone restera allumé sans avoir à être rechargé.
Performance et rapidité
Un smartphone qui exécute le plus rapidement possible toutes sortes de tâches obtiendra un 10/10
Qualité audio
Cette note reflète de la qualité globale du système audio du smartphone
Note LABOFNAC
Voir sur Fnac.com

Notre test détaillé

LG, Sony ou HTC peuvent en attester : il est difficile aujourd’hui d’exister sur le marché des smartphones haut de gamme face à Apple et Samsung. À y regarder de plus près, le seul qui semble parvenir à tirer son épingle dans ce domaine depuis quelques années est Huawei. Le fabricant a su monter en puissance au fil des annonces avec ses gammes « P » et « Mate ». Nous testons ici le Huawei P9, le premier modèle à proposer un double module photo en partenariat avec Leica.

En cette fin d’année, Huawei a étoffé son catalogue avec un sacré modèle, le grand Mate 9. Néanmoins, le format phablette ne convient pas à tout le monde. Pour ceux qui pensent que les 5,9″ de l’écran du dernier Mate ne sont pas pour eux, mais qui sont tout de même curieux de voir ce que donne le partenariat entre Huawei et Leica, il y a toujours le P9. Sorti en mai dernier, ce modèle représente toujours le haut de gamme du fabricant pour ce qui est des modèles à l’encombrement classique.

Le P9 propose en effet un écran IPS Full HD de 5,2″, un SoC HiSilicon Kirin 955, une puce graphique Mali-T880 MP4, 3 Go de mémoire vive, 32 Go de stockage interne (+ microSD), une batterie de 3000 mAh et toutes les connectivités du moment, dont la 4G+ et le NFC. Mais il entend surtout se distinguer de la concurrence du côté de son double module photo, conçu en partenariat avec Leica. Sa particularité étant que l’un des capteurs est uniquement noir et blanc.

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L’ergonomie et le design

S’il y a un point sur lequel Huawei n’est plus pris en défaut depuis plusieurs années, c’est bien celui du design de ses smartphones. Celui du P9 ne déroge pas à la règle. L’appareil affiche en effet des lignes épurées, qui ne manquent pas d’élégance. Le fabricant a une fois de plus fait appel à de l’aluminium pour le dos et les côtés de son téléphone portable.

L’ensemble s’avère aussi sobre que réussi. L’écran occupe 70% de face avant, ce qui est un score honorable, mais pas mémorable. En effet, la moyenne des 131 modèles que nous avons testés à date est à 71%. Néanmoins, l’utilisation à une seule main est tout à fait possible grâce à l’interface utilisateur qu’il est possible de réduire simplement en faisant glisser le pouce sur les trois touches tactiles de commandes en bas de cette interface. Cette dernière rapetisse alors singulièrement, et devient complètement contrôlable à une seule main. Simple et efficace donc.

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Enfin, le lecteur d’empreintes digitales est situé au dos de l’appareil. Certain préfère ce positionnement quand d’autres ne jurent que par ce lecteur placé sur le devant. Il s’agit avant tout d’une question de goût et nous vous laissons trancher. Dans tous les cas, ce lecteur s’avère ici très réactif et précis. On apprécie aussi beaucoup le fait qu’il fonctionne lorsque le smartphone est en veille. Il suffit donc de l’effleurer pour déverrouiller et activer le smartphone.

test-labo-fnac-huawei-p9-design-mecteur-empreintes

L’écran

Pour l’écran du P9, Huawei a opté pour une dalle LCD IPS de 5,2″, pour une définition Full HD 1080p, soit 1920 x 1080 pixels. Ce qui occasionne une densité tout à fait satisfaisante de 428 pixels par pouce (ppp). La moyenne des modèles que nous avons testés est à 327 ppp et les meilleurs tournent autour de 580 ppp, comme le Galaxy S7 par exemple. Mais les 428 ppp du P9 sont largement suffisants. Cet écran permet de profiter sans arrière-pensée de tous les types de contenus sur le téléphone portable.

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Sous l’oeil acéré des machines de notre laboratoire, l’afficheur s’en tire assez bien, même si tout n’est pas rose. D’abord du côté de la colorimétrie puisque l’écran affiche un delta U’V’ à 0,140. La moyenne de tous les smartphones qui nous sont passés entre les mains est plutôt à 0,134, le moins bon est à 0,609 (Motorola Nexus 6) et le meilleur est à 0,042 (iPhone SE). L’écran du P9 se montre notamment perfectible dans les rouges, les verts et les jaunes, et assez correct dans les tons cyan et bleu.


Gamut de l'écran du Huawei P9
Quant à la courbe de gamma, qui représente les dégradés de gris, elle montre ses limites aussi. Pour les images avec une grande dynamique, les détails des parties sombres ne seront pas visibles. On devrait être à 2,3 cd/m2 lorsque le noir est à 1% de blanc. Or là, on trouve 0,16 cd/m2 seulement. Et le rendu reste décalé sur l’ensemble de la courbe. À 85% de blanc dans le noir, ce qui représente donc un gris clair, on est à 157 cd/m2 au lieu des 194 cd/m2 nécessaires dans l’idéal.

Huawei P9

L’afficheur se rattrape avec un taux de contraste moyen à 1427:1, avec une très belle dynamique de bout en bout. Dans notre autre test maison qui nous permet de comparer les écrans LCD avec les écrans AMOLED en affichant un noir avec 5% de blanc, la dalle de l’appareil enregistre un score là encore assez bon de 457:5. En définitive, si vous lisez beaucoup de contenus textuels (livres électroniques, navigateur Web, etc.), Le P9 est l’un des meilleurs smartphones pour cette pratique, car le contour des lettres est très bien marqué. Enfin, la directivité est correcte, sans plus. On ne perd ainsi que 10% de lumière sur les 228 cd/m2 mesurés bien en face de l’écran quand on se place jusqu’à 15°. En moyenne, la perte enregistrée est de 13%. Entre 20° et 45°, il perd 64%, alors que la moyenne est plutôt à 70%.

test-labo-fnac-huawei-p9-ecran-directivite-noir

Cette vue angulaire montre que la directivité du noir est assez bonne dans l’ensemble.

Fidelité des couleurs
6
Contraste et progressivité
8
Directivité
5
Densite des pixels
4

L’interface utilisateur

Depuis plusieurs années maintenant, Huawei a pris le parti de ne pas utiliser l’interface d’Android telle que l’a imaginée Google. Comme de nombreux autres fabricants, Huawei propose donc sa propre interface utilisateur, ici dans sa version EMUI 4.0, plaquée sur Android 6.0. Elle se distingue surtout par un parti-pris ergonomique qui la situe à mi-chemin entre iOS et le système de Google sur lequel elle repose. Concrètement, le menu des applications est ici absent. Tout se passe donc sur les écrans d’accueil, où l’on peut placer à la fois des dossiers d’applis et des widgets, en plus des applications en elle-même donc qui atterrissent directement sur l’un des écrans d’accueil lorsqu’elles sont téléchargées. Dans l’ensemble, même si le paradigme derrière cette interface diffère un peu de celui de Google, il ne faut pas longtemps pour la prendre en main et l’apprécier. Et pour ceux qui ne veulent vraiment pas en entendre parler, il reste possible d’installer Google Now Launcher et son interface quasi identique à celle des Nexus. Notez pour finir que EMUI 4.0 offre des possibilités de personnalisation poussée de son aspect graphique, à travers un magasin de thèmes particulièrement bien achalandé.

Les performances

Le Kirin 955 qui anime le smartphone est un modèle octocoeur doté de quatre cœurs puissants Cortex-A72 à 2,5 GHz et de quatre autres cœurs moins puissants et moins gourmands Cortex-A53, à 1,8 GHz. Le tout est épaulé par 3 Go de mémoire vive sur le modèle que nous testons, pour des performances CPU tout à fait correctes. En effet, dans notre test maison qui consiste à simuler une activité de manière croissante, le Huawei P9 s’en tire très bien sur les trois premiers niveaux de difficulté. Comme tous les smartphones, il commence à sérieusement tirer la langue sur le quatrième palier, avec 5 i/s (images par seconde) lorsqu’il affiche 20 000 items simultanément. À titre de comparaison, sachez que les Android sous Snapdragon 820 ne s’en tirent pas mieux dans cette partie de notre benchmark maison, avec 3 i/s pour le LG G5 et 2 i/s pour le HTC 10 par exemple. Le meilleur de ce que nous avons testé à date est l’iPhone 7 Plus et ses 18 i/s. Enfin, au-delà de ces mesures, précisons que la fluidité et la réactivité du smartphone ne sont jamais prises en défaut dans le cadre d’un usage quotidien, même lorsque nous avons enchaîné les ouvertures et fermetures d’applications assez gourmandes.

Vous trouverez aussi ci-dessous les résultats de performances graphiques, issus des benchmarks les plus populaires du moment. Nous les fournissons pour ceux que cela intéresse. Mais il ne faut pas forcément leur accorder une importance immodérée dans la mesure où même les smartphones haut de gamme les moins performants font parfaitement tourner les jeux les plus exigeants sur Android.

La photo et la vidéo

Avec le P9, Huawei a étrenné un partenariat assez remarqué. Le fabricant chinois s’est en effet associé à Leica, une marque mythique de la photographie. Nous y reviendrons un peu plus loin. Même s’il est loin d’être le premier à proposer cela, le P9 dispose d’un double module photo. Ce dernier se compose notamment de deux capteurs de 12 Mpx, d’une focale de 27 mm et d’un objectif à f/2.2. L’originalité tient ici au fait que le second capteur se révèle être uniquement noir et blanc, sans filtre de couleurs dessus.

test-labo-fnac-huawei-p9-module-photo-optique-capteur
Commençons par les mesures du module classique, celui en couleur donc. Son optique se montre de très bonne facture, avec une distorsion qui se fait rare, tout comme le vignettage, tandis que les aberrations chromatiques sont totalement absentes. La balance du blanc pêche un peu que sur les verts foncés et bleus foncés. Mais rien de grave dans l’absolu.

Balance des blancs du Huawei P9

Le carré au centre représente la balance des blancs effectuée par le module photo du P9. Le carré du milieu est un gris neutre à 18%.

En revanche, la colorimétrie n’est pas vraiment exceptionnelle, avec un deltaE 7,9 en lumière du jour, alors que la moyenne des smartphones testés est plutôt à 5,8 dans ce domaine.

Mire Color Checker pour le Huawei P9

Dans cette mire Color Checker, les couleurs des photos prises avec le Huawei P9 est au centre. Les carrés qui les entourent représentent la couleur idéal.

En sensibilité, c’est un peu meilleur. Même si dans les lumières intermédiaires entre le sombre et le clair, de la couleur apparaît dans le bruit, avec des décalages de couleur dans le bruit. Le temps d’exposition mesuré est à 20 ms en lumière idéale et à 58 ms en lumière basse. Pour cette dernière valeur, la moyenne est à 75 ms et les pires à 205 ms pour le Wiko Lenny. L’iPhone 6S Plus est certes encore au-delà à 250 ms, mais il peut se le permettre dans la mesure où il dispose d’une stabilisation mécanique (OIS). Enfin, en matière de définition (piqué) de l’image, l’ensemble est au-dessus de la moyenne des modèles que nous avons testés de 1202 paires de lignes sur la hauteur de l’image (LP/PH), avec 1413 l/h pour le P9.

Mire de résolution.

Mire de résolution.

Passons maintenant au flash, qui s’avère efficace jusqu’à 6 m. Voire même un peu trop efficace puisque nous avons mesuré une valeur de 78 en L au centre de l’image, à 1 m de distance. La valeur idéale est de 50 en L, sur toutes les zones de l’image afin d’avoir un éclairage uniforme. Ce n’est pas le cas ici puisque le bord haut droit (34 en L) et bas gauche (43 en L) sont nettement moins éclairés que le centre. À l’usage, mieux vaut donc éviter de shooter un sujet de trop près au flash.

Penchons-nous maintenant sur le fameux second module photo, c’est-à-dire celui qui permet de photographier en noir et blanc. Nous ne l’intégrons pas dans notre système de notation dans la mesure où ce dernier s’appuie aussi sur les valeurs en colorimétrie, ce que ne possède pas à dessein ce second capteur noir et blanc. Rappelons en passant que Huawei ne se contente pas de shooter en couleur, puis de désaturer les teintes, comme ce que proposent tous les autres modes noir et blanc sur smartphones. Ici, c’est carrément le filtre couleur du capteur qui est absent. Côté technique, nous avons mesuré la définition (piqué) à 1422 paires de lignes (LP/PH) dans ce mode monochrome. C’est un peu mieux que le mode classique seulement. Pourtant, à l’usage, ce piqué supplémentaire est réellement perceptible. Mieux, les photos noir et blanc offrent une véritable touche artistique, aussi indéfinissable qu’impossible à noter. À notre grande surprise, ici comme sur le Mate 9, la fameuse patte Leica transpire des clichés.

Enfin, en matière de captation vidéo, le rendu des productions du P9 est assez bon, notamment grâce à la possibilité de filmer en Full HD à 60 i/s. Les soucis de colorimétrie demeurent présents ici, tout comme le bon comportement de l’optique. En revanche, il est dommage que le téléphone ne filme qu’en Full HD, et pas en UHD-4K.

Le rendu audio

Passons maintenant à la prestation audio du smartphone. La puissance maximale de son haut-parleur est de 74 dB, à 10% de distorsion. Sa réponse en fréquence est dans la moyenne, avec des graves peu présentes, des médiums très bons et des aigus bien respectés, sans suraccentuation.

Réponse en fréquences des Haut-Parleurs
©Labo Fnac

Pour la sortie casque, la distorsion est un peu au-dessus de la moyenne, mais se trouve surtout plombée par ses graves, tandis que les médiums et les aigus sont parfaitement respectés. Quant au rapport signal/bruit, il est parfait puisqu’aucun bruit de fond ne vient perturber l’écoute. La diaphonie (stéréo) est elle aussi parfaite, avec une absence de parasitage entre les canaux gauche et droit. Enfin, la réponse en fréquence de la sortie casque s’avère très perfectible. Mais ce point peut-être facilement compensé en associant le smartphone à un bon casque. Ce que n’est pas vraiment le cas de celui fourni avec l’appareil. Il n’est intrinsèquement pas catastrophique, mais il restitue mal les aigus. Ses basses et médiums sont en revanche corrects.

Qualité audio
7.3

La qualité de réception (performances radio)

Grâce à sa directivité réseau, l’appareil a une belle capacité à garder un signal stable, quelle que soit la position dans laquelle est tenu le smartphone. Le fait de se balader avec le téléphone perturbera moins le signal qu’avec la plupart des smartphones. Ajoutez à cela sa sensibilité qui est également bonne, et vous obtiendrez un appareil qui permet même de capter dans des zones mal couvertes, avec une seule antenne autour de vous.

Communication
7.8

L’autonomie

Notre test d’autonomie qui simule une activité de navigation Web en Wifi stimulant légèrement le processeur accouche d’une note d’endurance de 5h43 pour le Huawei P9. Ce qui est un résultat très correct. Notez que nous travaillons en parallèle sur la mise en place d’un protocole encore plus complet, propre à simuler d’autres scénarios. À l’usage, en utilisation classique, le Huawei P9 se montre capable de tenir une journée complète loin d’une prise sans flancher.

Autonomie
2
Temps de charge
02:20:00

Conclusion

Note LABOFNAC

Si vous êtes à la recherche du meilleur photophone possible en mode couleur, alors le P9 n’est pas forcément pour vous. Il est loin de démériter dans ce domaine, mais on trouve un peu meilleur. En revanche, si vous avez l’âme d’un photographe, vous ne pourrez sans doute pas rester de marbre face à la réussite que constitue les photos prises en noir et blanc, et qui “transpirent” la patte Leica. Pour le reste, les défauts se font rares puisque l’appareil se montre bien construit, fluide et réactif à souhait. On pourra certes pester contre l’impossibilité de filmer en UHD-4K, mais le mode Full HD 60 i/s limite les dégâts. Ce petit accroc est largement compensé par la puissance des processeurs, les performances radio pour capter le réseau ou encore son écran très correct. Au final, si le Huawei P9 ne se pose pas comme le meilleur haut de gamme du moment, il assure dans tous les domaines, tout en se permettant d’apporter quelque chose d’unique avec ses photos en noir et blanc.

Note technique

Détail des sous notes

Réseau et connectivité
Écran
Photo
Autonomie
Performance et rapidité
Qualité audio

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Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
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