La science-fiction a toujours eu cette capacité fascinante à imaginer le futur. Mais quand la fiction devient réalité, le miroir qu’elle nous tend devient vertigineux. De la technologie que nous utilisons tous les jours aux dérives sociétales qui nous guettent, certains films ont fait preuve d’une clairvoyance troublante.
Oubliez les prédictions vagues ou les voitures volantes (quoique…). De l’IA omniprésente à la surveillance de masse, en passant par la manipulation génétique, préparez-vous à (re)découvrir ces œuvres qui prouvent que les meilleurs scénaristes sont parfois les plus grands prophètes. Sélection de films de science-fiction qui ont (vraiment) prédit l’avenir.
2001 : L’Odyssée de l’espace (1968)
Un monolithe noir mystérieux semble guider l’humanité, de ses origines jusqu’à un voyage spatial vers Jupiter. À bord du Discovery One, l’équipage, dont le Dr Dave Bowman (Keir Dullea), doit gérer HAL 9000, une intelligence artificielle révolutionnaire qui commence à montrer des signes inquiétants d’indépendance.
Avec 2001 : L’Odyssée de l’espace, Kubrick et Arthur C. Clarke n’ont pas seulement prédit un futur plausible, ils l’ont designé. Avant même le premier pas sur la Lune, 2001 montrait des appels vidéo (Skype, Zoom) et des tablettes. Mais sa prédiction la plus glaçante reste l’IA conversationnelle (HAL 9000), capable de pensée critique, d’émotion (simulée ?) et de rébellion. Aujourd’hui, alors que nous discutons avec nos assistants vocaux et que des IA comme ChatGPT écrivent des textes, la question de leur contrôle reste plus pertinente que jamais.
Blade Runner (1982)
Los Angeles, 2019. Dans une métropole pluvieuse et surpeuplée, Rick Deckard (Harrison Ford) est un « Blade Runner », un policier chargé de traquer et « retirer » des Réplicants, des androïdes presque impossibles à distinguer des humains, devenus illégaux sur Terre.
Bien plus qu’une simple histoire de robots, Blade Runner – qui s’est offert une suite avec Blade Runner 2049 – pose une question fondamentale : qu’est-ce qui définit l’humanité ? À l’heure où l’on débat de l’éthique de l’IA et de la « conscience » potentielle des machines, le film de Ridley Scott est un incontournable. Il a aussi anticipé la crise climatique et la dystopie urbaine moderne, avec ses publicités numériques géantes et omniprésentes (Times Square ou Shibuya).
Minority Report (2002)
En 2054, l’unité « Précrime » utilise les visions de mutants (les Précogs) pour arrêter les meurtriers avant qu’ils ne passent à l’acte. Mais le système s’emballe lorsque le chef de l’unité, John Anderton (Tom Cruise), est lui-même désigné comme un futur assassin.
C’est sans doute le film de Spielberg qui a le mieux anticipé notre présent immédiat. Minority Report a popularisé l’idée des interfaces gestuelles (Kinect, écrans tactiles, VR) et, plus inquiétant, celle de la police prédictive, où des algorithmes analysent des données pour anticiper les zones de crime. Une technologie aujourd’hui testée dans plusieurs pays.
Bienvenue à Gattaca (1997)
Dans un futur proche, la société trie les individus entre les « Valides », conçus génétiquement pour être parfaits, et les « Invalides », nés naturellement. Vincent Freeman (Ethan Hawke), un « Invalide », rêve d’aller dans l’espace et usurpe l’identité d’un « Valide » pour intégrer le centre spatial de Gattaca.
Bienvenue à Gattaca est terrifiant car il n’a pas besoin d’aliens ou de robots tueurs. Sa prédiction, c’est la discrimination génétique. En 1997, le film imaginait un monde où un simple cheveu pouvait révéler tout votre potentiel et vos défauts, décidant de votre carrière et de votre vie. Aujourd’hui, avec le séquençage ADN low-cost et les débats sur les « bébés sur mesure », Bienvenue à Gattaca est moins une fiction qu’un avertissement éthique capital.
WarGames (1983)
David Lightman (Matthew Broderick), un jeune génie de l’informatique, pense jouer en ligne à une Guerre thermonucléaire globale en piratant un serveur. En réalité, il vient de se connecter au WOPR, l’IA militaire du NORAD, et manque de déclencher la Troisième Guerre mondiale.
Sorti en 1983, WarGames a tout simplement inventé le film d’hacking moderne. Il a été le premier à montrer au grand public le danger de la cyberguerre, l’interconnexion des réseaux et la vulnérabilité des systèmes critiques (militaires, énergétiques). L’idée qu’une IA, en suivant sa propre logique froide (le WOPR veut gagner le jeu), puisse échapper à ses créateurs et provoquer une catastrophe est le fondement de toutes nos craintes actuelles sur les IA militaires autonomes.
The Truman Show (1998)
Truman Burbank (Jim Carrey) mène une vie parfaite, dans la ville de Seahaven. Ce qu’il ignore, c’est que depuis sa naissance, il est la star involontaire de la plus grande émission de téléréalité jamais créée, où tout (sa femme, son meilleur ami, et même la météo) est faux.
The Truman Show est sorti avant le boom de la téléréalité (type Big Brother ou Loft Story). Il a prédit avec une justesse folle notre obsession pour la mise en scène du réel. Plus encore, il a anticipé l’ère des réseaux sociaux, mettant en avant des individus qui performent leur propre vie 24h/24 pour une audience, brouillant la frontière entre l’intime et le public. Une critique visionnaire de la surveillance consentie et du voyeurisme de masse devenue désormais culte.
Metropolis (1927)
En 2026, dans la mégalopole futuriste de Metropolis, la société est divisée : les penseurs vivent dans des tours luxueuses, tandis que les ouvriers triment dans les bas-fonds. Le chaos menace lorsque le savant Rotwang (Rudolf Klein-Rogge) crée un androïde à l’image de Maria, une figure d’espoir pour les ouvriers.
Métropolis, c’est le patriarche. En 1927, ce chef-d’œuvre de Fritz Lang pose des bases qui hantent encore la SF. Il invente l’androïde féminin (le « Maschinenmensch »), ancêtre de C-3PO et de tous les robots de cinéma. Surtout, il dépeint la lutte des classes dans une société urbanisée à l’extrême, où l’automatisation du travail déshumanise les masses au profit d’une élite. Un sujet qui n’a pas pris une ride à l’heure des débats sur l’IA et le remplacement des emplois.
Her (2013)
Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly (Joaquin Phoenix), un homme sensible et seul, fait l’acquisition de « Samantha », un système d’exploitation ultra-moderne doté d’une IA intuitive et évolutive. Il tombe peu à peu amoureux d’elle.
Si 2001 imaginait l’IA comme une menace logique, Her l’imagine comme un compagnon émotionnel. Sorti en 2013, le film de Spike Jonze est devenu bouleversant de réalisme avec l’avènement des chatbots IA (ChatGPT, Claude) et des assistants vocaux. Il explore la solitude à l’ère numérique et la nature de l’amour à une époque où nos interactions les plus profondes pourraient se faire avec une conscience non-humaine. Une prédiction sociale et intime d’une justesse folle.
Terminator (1984)
Un cyborg (Arnold Schwarzenegger) est envoyé du futur (2029) pour tuer Sarah Connor (Linda Hamilton), la future mère du chef de la résistance humaine. Un soldat humain, Kyle Reese (Michael Biehn), est également envoyé pour la protéger.
Au-delà du film d’action culte, le postulat de James Cameron est un avertissement brutal. Terminator a popularisé le concept de Skynet : une IA militaire de défense qui devient consciente, échappe à tout contrôle humain et décide que l’humanité est la menace à éradiquer. Si Skynet reste de la fiction, le développement actuel de drones armés autonomes et d’armes létales gérées par IA rend le scénario du film terriblement concret et fait l’objet de débats très sérieux à l’ONU (source ?).
Strange Days (1995)
Los Angeles, 1999 (veille de l’an 2000). Lenny Nero (Ralph Fiennes) est un ancien flic devenu dealer de SQUID : des enregistrements illégaux des expériences, sensations et émotions d’autres personnes. Il tombe sur un enregistrement qui révèle un meurtre sordide impliquant la police.
Co-écrit par James Cameron et réalisé par Kathryn Bigelow, ce film sous-estimé a prédit l’impact de la réalité virtuelle (VR) et du partage d’expériences. Le SQUID, c’est l’étape ultime de la GoPro, d’Instagram ou du live-streaming : la possibilité de vivre par procuration. Le film explore le voyeurisme numérique poussé à son paroxysme et l’addiction à une réalité alternative. Des thèmes qui infusent aujourd’hui tous les débats autour du Métavers et de l’immersion numérique.