
Créatrice et scénariste de « Grey’s Anatomy », Shonda Rhimes a signé en 2017 un contrat d’exclusivité avec Netflix. Elle est depuis l’une des showrunneuses et productrices les plus en vue du monde. À quelques jours de la sortie de son nouveau bijou, « La Résidence », on a voulu revenir sur ses séries les plus emblématiques.
Si vous ne connaissez pas le nom de Shondaland, sachez que cette appellation n’est pas encore celle d’un parc d’attractions, mais bien l’intitulé de la compagnie créée par Shonda Rhimes en 2005, devenue l’une des entreprises les plus rentables du divertissement aux États-Unis. C’est à travers cette société que la créatrice américaine gère de nombreux projets, et notamment ses séries Netflix.
Disponible ce début de printemps, la dernière production de ce studio se nomme La Résidence, minisérie Cluedo (ou « whodunit ») se déroulant à la Maison-Blanche pendant un dîner de gala. Et une nouvelle occasion de binge-watcher servie sur un plateau par la reine de Netflix… et de la télévision américaine. Florilège.
Le bébé de Shonda Rhimes : Grey’s Anatomy (2005)
Aux États-Unis, les séries en clair diffusées en prime time à la télévision ont une importance capitale pour les grandes chaînes, chacun des réseaux de broadcast disposant d’au moins une série toujours à l’antenne après plusieurs décennies. Chouchoutées par le public, ces têtes de gondole se nomment les Simpson et Family Guy pour la Fox, New York, Police Judiciaire pour NBC, NCIS pour CBS… Chez ABC, c’est Grey’s Anatomy qui est fidèle au poste, depuis sa première diffusion en mars 2005.
Cette série médicale « féminisée » (initialement on y suit le parcours de trois internes en chirurgie devenant copines) est l’œuvre de Shonda Rhimes, alors scénariste, principalement connue à l’époque pour le script de Crossroads (le road-movie de… Britney Spears). L’autrice décide d’y raconter la vie professionnelle et amoureuse de l’équipe d’un hôpital de Seattle, avec un procédé narratif intimiste (la voix-off de Meredith Grey sert de fil rouge), des personnages charismatiques (Miranda Bailey aka Le Tyran, ce diable de tombeur qu’est Derek Shepherd)… La recette prend rapidement : Ellen Pompeo, Katherine Heigl, Sandra Oh et Patrick Dempsey deviennent des stars, et Shonda Rhimes la showrunneuse la plus en vue des années 2000 : elle restera attachée à sa série comme scénariste pendant huit saisons, et sa société Shondaland continue de superviser le programme à ce jour.
La plus politisée : Scandal (2012)
Avec Scandal, créée alors que Shonda Rhimes commence à davantage déléguer son travail sur Grey’s Anatomy, la scénariste-productrice innove avec une série sur une spécialiste de la gestion de crises ayant ses entrées à la Maison-Blanche. Ce feuilleton porté par Kerry Washington se nourrit des souvenirs de Judy Smith, ancienne chargée des relations presse de l’administration Bush Senior. Le monde de la politique, de l’espionnage et des cabinets de conseil privés sont passés au crible de cette série à tiroirs. À noter qu’elle partage son univers fictionnel avec l’excellent feuilleton Murder, dont la production est assurée par une certaine… Shonda Rhimes.
La plus à l’Ouest : Private Practice (2007)
Spin-off de Grey’s Anatomy centré sur le personnage d’Addison Montgomery (Kate Walsh), Private Practice change d’échelle et de sujet. À la pression d’une clinique universitaire de haut niveau succède une approche assez savoureuse de la Californie, le personnage principal investissant un cabinet de médecine privée. Médecine douce, addiction et autres romances ensoleillées sont au programme de cette relecture bienvenue du monde des femmes médecins, de leurs amies, leurs amours et leurs emmerdes.
La plus populaire : La Chronique des Bridgerton (2020)
Dès son transfert médiatisé des networks à Netflix en 2017, Shonda Rhimes s’attelle à produire une adaptation des romances de Julia Quinn. En 2020, le grand public découvre donc la première saison de La Chronique des Bridgerton. Si la supervision scénaristique est confiée à un collaborateur (Chris Van Dusen, déjà à l’œuvre sur Private Practice), c’est miss Rhimes herself qui injecte de nombreuses idées dans cette histoire d’amour (et surtout de mariage) sur fond de Régence britannique.
Diversité du casting, rôles de femme taillés sur mesure, musiques anachroniques et décors classiques saturés de couleur font l’originalité de ce succès considérable de la plateforme de streaming : près de 100 millions de viewers sont comptabilisés à chaque saison… Sans oublier une influence notable dans le domaine de la mode et du design, avec une vogue du Regencycore jamais démentie depuis 2020. Shonda Rhimes a choisi d’officier elle-même sur l’excellent prequel consacré à la reine Charlotte sorti entre la saison 2 et la saison 3, dont elle a écrit le scénario et assuré la production exécutive.
La plus malhonnête : Inventing Anna (2022)
Autre projet dealé dès l’arrivée de Shonda Rhimes chez Netflix, Inventing Anna retrace le parcours tumultueux de l’escroque Anna Delvey, interprétée par Julia Garner. Un personnage ambigu au possible, que tente d’analyser une journaliste (Anna Chlumsky) au cours de neuf épisodes menés tambour battant. Entre Arrête-moi si tu peux et un docu true crime, porté par une réalisation dantesque et un rythme haletant, cette minisérie a vu Shonda Rhimes jouer encore une fois sur les apparences et les stéréotypes pour mieux réussir ce qu’elle fait de mieux : nous réunir autour de programmes captivants, qu’ils parlent de chirurgiennes douées ou d’arnaqueuses venimeuses !