
Alors que son nouveau film, « The Phoenician Scheme », sortira le 28 mai prochain et à l’occasion de l’expo qui lui est consacrée à la Cinémathèque de Paris dès ce 19 mars, on vous propose un classement des meilleurs films de l’iconique Wes Anderson. Histoire de prioriser vos (re)visionnages.
À la croisée de la culture pop et de l’art contemporain, du baroque et de la névrose, l’univers visuel et sonore de Wes Anderson se reconnaît instantanément. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si des livres comme Accidentally Wes Anderson inventorient, dans le monde entier, des endroits incongrus et des photos spectaculaires qui semblent tout droit sortis de son drôle d’imaginaire… Alors que la Cinémathèque consacre une exposition au réalisateur du 19 mars au 27 juillet 2025, nous avons tenté un classement de ses films les plus emblématiques.
Esthète et styliste, Wes Anderson a façonné une oeuvre à la manière d’un grand couturier : place au défilé.
1- Le plus architectural : The Grand Budapest Hotel
Sans doute, à ce jour, le plus grand chef-d’œuvre de Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel ressemble à une adaptation à la lanterne magique de Stefan Zweig (son œuvre et un peu de sa tragique vie), cet étrange portrait d’un concierge d’hôtel qui regarde passer les clients et l’Histoire avec le même regard ne semble affecté d’aucune scorie.
Toute la mécanique de ce film conçu comme une immense maison de poupée anime un récit dirigé avec une maestria clinique. Ralph Fiennes, dans le rôle principal, bouleverse autant qu’il amuse, et porte en lui l’excellence complète de ce monument du septième art.
2- Le plus bestial : Fantastic Mr. Fox
La fascination de Wes Anderson pour les objets et les couleurs ne pouvait déboucher sur aucun autre résultat : après quinze ans en prises de vue réelles, son cinéma aborde le stop motion en 2009, avec l’excellent Fantastic Mr. Fox. Adapté de Roald Dahl, cette fable sur une famille de renards voleurs repentis organisant une lutte underground contre des fermiers locaux multiplie les audaces.
Notons que ce n’est pas la dernière expérience d’Anderson avec Dahl, dont il a adapté en 2023 plusieurs nouvelles pour Netflix et remporté son premier Oscar pour La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar, catégorie court-métrage.
3- Le plus Bowie : La Vie aquatique
Enfant du divorce, Wes Anderson raconte souvent la recherche d’une famille, ou sa recomposition. Dans La Vie aquatique, il est question d’un père symbolique, Jacques Cousteau, merveilleusement transformé en Steve Zissou sous les traits de Bill Murray.
Hommage décalé aux films océanographiques, cette comédie culte brille moins par son histoire loufoque que par son ambiance, savant mélange de série B, de cartoon et de David Bowie, le célèbre chanteur étant l’objet d’une revisite bossa-nova par un matelot (Seu Jorge).
4- Le plus hardi : Moonrise Kingdom
Parmi les explications les plus répandues sur la singularité de l’œuvre de Wes Anderson, il y a l’enfance, considérée comme éternellement continuée par le cinéaste. Moonrise Kingdom (2012) en est l’exemple le plus fameux. Il y imagine la fugue d’un boy-scout, soudain happé par un amour de jeunesse.
D’une incandescente beauté, ce film rythmé par Françoise Hardy (jouée sur un pick-up), Benjamin Britten et Alexandre Desplat se plaît à rajeunir des acteurs aussi différents que Tilda Swinton, Harvey Keitel, Bruce Willis et Edward Norton, tous plongés dans cette colonie de vacances pastel et nostalgique.
5- Le plus démonstratif : La Famille Tenenbaum
Troisième film de Wes Anderson, sorti en 2001, La Famille Tenenbaum symbolise l’originalité de son auteur. Contant le retour d’un patriarche (Gene Hackman), absent depuis deux décennies, auprès des siens, cette fable familiale colorée rassemble les éléments les plus idiosyncrasiques du cinéaste. D’abord un casting récurrent : Owen Wilson (également coscénariste) et son frère Luke, fratrie associée au réalisateur pour l’éternité, mais aussi Bill Murray et Anjelica Huston, devenus des habitués de l’univers andersonien.
C’est ensuite côté style, visuel et sonore, que le trentenaire d’alors se démarque. Décors symboliques, accessoires sacralisés (le livre, en particulier), costumes en forme de gimmick, plans symétriques axiaux, exploitation de musiques iconiques – notamment ici Needle in the Hay d’Elliott Smith – à des fins émotionnelles/narratives… Ni comédie, ni drame, un portrait de famille iconoclaste. Génial.
6- Le plus adolescent : Rushmore
Parmi les films de lycée du cinéma américain, Rushmore ne ressemble à aucun autre. Jason Schwartzman, futur incontournable comédien de la « famille » Anderson, y campe un élève d’un lycée privé, Max, amoureux d’une enseignante, ami d’un parent d’élève, membre de tous les clubs du bahut…
Ce deuxième film de Wes Anderson, sorti en 1998, inaugure nombre des gimmicks du cinéaste, notamment le rapport à l’écrit/au titrage, la place de la musique – ici flamboyante et délicieusement sixties – et la précision. Il se revoit aujourd’hui, 27 ans après son tournage, avec toujours autant de plaisir.
7- Le plus dystopique : L’Île aux chiens
Deuxième expérience de Wes Anderson en matière de stop motion, L’Île aux chiens capitalise, selon son auteur, sur le tournage de Fantastic Mr. Fox. Connaissant toute l’implication des animateurs sur ce type de tournage, le réalisateur a été, selon l’un d’eux interviewé par Konbini, « présent à toutes les étapes, sans rien laisser au hasard ».
Chef d’orchestre de cette incroyable dystopie canine autour de la ségrégation des toutous, Wes Anderson signe là un film adressé à toute la famille et aux amoureux de la culture nipponne.
8- Le plus exotique : À bord du Darjeeling Limited
À bord du Darjeeling Limited poursuit la quête de reconstruction familiale qui se mêle de bien des films du cinéaste. Adrien Brody, Jason Schwartzman et Owen Wilson partent, en Inde, pour mieux se retrouver après le décès de leur père… et aussi, en chemin, trouver d’autres membres de leur famille.
Le sous-continent et ses décors ne pouvaient que refléter le goût de Wes Anderson pour les nuances de jaune, sa couleur préférée. Film sur le deuil autant que sur l’usage des trains, cet étonnant récit mérite d’être (re)découvert.