
Avec sa pleine maîtrise de la scène et son humour tout en subtilité, Louis Cattelat enfile avec brio le costume d’humoriste et de comédien. Dans cette interview « En Rayon », l’artiste se dévoile avec cette pointe d’ironie qui semble lui coller à la peau.
Louis Cattelat est sans conteste l’un des nouveaux visages les plus prometteurs de la scène stand-up. Après un premier spectacle, intitulé « Paroles, paroles », dans lequel il explorait avec cynisme et mélancolie les affres du langage à travers des expériences personnelles et des réflexions sur la communication, le voici de retour avec « Arecibo ». Dans ce nouveau show, dont le titre fait référence à un message envoyé dans l’espace en 1974 pour tenter de communiquer avec des extraterrestres, Louis Cattelat invite à une réflexion sur la communication (à la fois humaine et intergalactique !), le tout agrémenté d’anecdotes étonnantes.
Livres, ciné, séries, gaming… Le comédien a accepté de nous dévoiler ses coups de coeur culturels et ses inspirations.
Au rayon livres :
Le livre qui a le plus changé votre vision de la vie ? Qui vous a transformé ?
L’Univers à portée de main de Christophe Galfard. Un livre de vulgarisation scientifique qui parcourt toutes les échelles (des plus petites – les particules élémentaires – aux plus grandes – l’univers). Un voyage qui m’a fait redécouvrir le monde qui m’entoure avec des nouveaux yeux, révélant les phénomènes invisibles qui constituent notre quotidien et qui sont étonnamment poétiques.
C’est un ouvrage qui parle de l’univers, de notre place, et qui appelle forcément à la contemplation et à l’humilité, deux concepts en voie de disparition.
Le livre qui vous a fait le plus rire ?
David Sedaris – N’exagérons rien !. Mon père me l’a offert quand j’étais plus jeune, et ça a été ma première rencontre avec une littérature contemporaine, décomplexée et drôle. C’est un ensemble de petites nouvelles autobiographiques tirées de différents moments de la vie de David Sedaris.
Ma préférée est celle de son récit en tant que lutin du père Noël au magasin Macy’s. Il s’appelle « Crêpette » (sans doute la traduction approximative et hilarante de « Pancake ») et doit dealer avec des Américains imbuvables venus voir le père Noël dans un centre commercial. C’est très ironique, cinglant, assez jubilatoire.
Le livre que vous offrez le plus à vos proches ?
Nino dans la nuit. Une énorme claque littéraire. Encore une fois la révélation qu’une autre littérature est possible, vivante, jeune, brûlante, poétique. Un livre écrit à quatre mains, par Simon et Capucine Johannin, qui suit le héros dans des lieux et à des heures où on ne s’aventure pas souvent. Les scènes de prise de drogue sont absolument dingues, on a l’impression d’être défoncé en les lisant.
J’ai aimé les personnages secondaires, leurs nouvelles identités, leur liberté, toute la charge politique du bouquin se déploie en filigrane, comme la promesse qu’une autre façon d’exister est possible malgré la merde ambiante.
Le livre qui vous a fait entrer en littérature et vous a donné envie de lire ?
Un roi sans divertissement de Giono. Lu en première sur recommandation de ma prof de français, j’ai dû le lire une trentaine de fois depuis. Personne ne décrit mieux la campagne que Giono à mon avis, chaque description d’un brin d’herbe me donne envie de me flinguer tellement c’est beau.
Ici, c’est une réflexion ô combien actuelle sur la contamination du Mal avec un grand M. On suit une enquête de police dans la Provence de la fin du XIXe, on enquête, et puis on observe les conséquences et les répercussions sur les personnages.
Il y a un point de vue assez extraordinaire qui suit un personnage, puis un autre, puis tout un groupe qui s’exprime en « on ». Il y a des sauts dans le temps, tout est très maitrisé. Pour moi, c’est un chef d’oeuvre.
L’auteur dont il faut dévorer toute l’œuvre ?
Pierre Lemaitre / Virginie Despentes. Despentes pour le politique et la langue vivace. Que ce soit les essais ou les romans, c’est une littérature froide et claquante comme un matin de novembre. Il n’y a pas de fioritures, la charge politique et révoltée et là, exaltante comme une foule prête à s’emparer de sa liberté. Un mot qu’on utilise parfois à tord, mais qui correspond totalement à Despentes : nécessaire.
Lemaitre pour le romanesque, j’ai dévoré ses trilogies qui courent le long du 20e siècle, j’y retourne régulièrement. C’est généreux, drôle, beau, triste. Il reprend la structure de certaines séries, crée du suspens, des chapitres qui s’entremêlent, et des personnages secondaires qui reviennent en héros deux tomes plus loin : c’est délicieux.
Au rayon ciné :
Le film de votre vie ?
L’Aile ou la Cuisse. Vu, revu, et rerevu enfant. Drôle et politique, un réquisitoire contre la malbouffe qui utilise des images fortes (l’usine de Tricatel, chef d’oeuvre d’horreur industrielle) et qui nous rappelle qu’on peut faire des films politiques en mettant Coluche dans un très gros pâté en croûte.
Le film que vous avez le plus vu, mais impossible de ne pas le revoir, même quand il passe à la TV alors que vous l’avez en DVD ?
N’importe quel Harry Potter.
Le classique que vous faites semblant d’avoir vu, mais ce n’est toujours pas fait ?
Tout Star Wars !
Le film plaisir coupable ?
Les films de Dan Brown, qui sont toujours à peu près la même chose avec des variations : un Tom Hanks transpirant dans les caves du Vatican à la poursuite de secret des illuminattis afin de sauver le monde d’un complot globalisé, le tout aidé par une femme beaucoup trop séduisante pour être la bibliothécaire qu’elle prétend être…
C’est vraiment du gloubi-boulga historique, de la poudre aux yeux à base de symboles sortis du chapeau, mais énoncés avec un tel aplomb qu’on ne peut que croire que EN EFFET, la Joconde indique ou est caché le trésor des templiers, comment en douter ?
Le film parfait pour vous remonter le moral ?
Shrek 2. Chef d’oeuvre, on n’a rien fait de mieux depuis.
Une réplique qui vous inspire ?
« People are all you’ve got » : Kristin Scott Thomas dans la saison 2 de Fleabag.
Un acteur ou une actrice qui ne vous déçoit jamais et vous inspire ?
Un réalisateur ou une réalisatrice de référence ?
Agnès Varda pour ses documentaires. Varda racontait régulièrement à quel point il est long et fastidieux de faire un film, de récolter les financements, etc. Du coup, elle n’hésitait pas à faire des films avec une caméra bas de gamme, au poing, c’était pas très bien cadré, pas très bien éclairé, mais c’était artisanal et c’était vrai.
Elle arrivait à toucher des vérités universelles en tirant des fils de sa vie personnelle, et je trouve ça bouleversant. On sentait sa présence dans le film comme on perçoit l’empreinte digitale du sculpteur sur une statue d’argile.
Au rayon séries :
La série numéro 1 que vous conseillez à tout le monde ?
La série que tout le monde a vue… Mais pas vous ?
Game of Thrones (sorry not sorry).
La série qui a vous le plus déçue au fil des saisons ?
Alors que fan absolu Fleabag, Killing Eve m’a perdu au fil des saisons et j’ai décroché au début de la 4 je crois.
La série aux meilleures répliques ?
Les répliques de Jennifer Coolidge dans 2 Broke Girls. Vraiment pas la meilleure série du monde, mais Coolidge en second rôle qui joue une Polonaise pleine de sagesse, c’est exquis.
« I only need three hours of sleep at night and six during the day ».
La série que vous regardez en ce moment ?
La saison 3 de The White Lotus et la saison 2 de Severance.
Un générique qui surpasse, d’après vous, tous les génériques ?
Au rayon musique :
Votre album culte ?
Something To Give Each Other de Troye Sivan.
Le morceau plaisir coupable ?
Aucun plaisir n’est coupable…
Le morceau dont vous ne vous lasserez jamais ?
Words, F.R. David.
Votre BO de film préférée ?
Three Billboards par Cartell Burwell.
Au rayon Tech :
Quel est le premier objet technologique qui vous a marqué ?
La Nintendo DS. Ce double écran, tactile, capable de se connecter à une autre Nintendo DS située à 5 mètres pour pouvoir discuter avec la personne sans avoir à lui parler à l’oral : le futur, le vrai.
Quel est l’objet technologique le plus utile d’après vous ?
La caméra.
Quel est votre dernier craquage à la Fnac ?
Des livres par paquets de 12 sans doute.
Au rayon gaming :
La première console avec laquelle vous avez joué ?
La PS2 (également la dernière).
Votre console actuelle ?
Je n’en ai plus.
Votre jeu culte ? Votre console culte ?
Crash Team Racing PS2.
Le jeu du moment ?
Je ne joue plus.
Le jeu qui vous a fait oublier que le monde extérieur existe ?
Les Sims. Des nuits entières à faire de la décoration d’intérieur en utilisant tous les cheatcodes possibles pour acquérir cette moquette texturée terracotta, indispensable pour affirmer haut et fort qu’il n’y a pas d’âge pour avoir du goût et de l’ambition.
Il s’agissait d’installer toute la maison, meubles, etc. Et une fois que tout est en place : recommencer. Ça m’intéressait pas du tout de faire vivre mes personnages, en revanche chiader le salon avec des rideaux assortis au canapé, ça oui.
Quel est votre genre de jeu préféré ?
La dissolution de l’Assemblée nationale.