Sélection

Les Meilleurs films de Francis Ford Coppola

23 mai 2024
Par Lucie
Les Meilleurs films de Francis Ford Coppola
©A. Sussman GETTY

45 ans après sa Palme d’or pour « Apocalypse Now », Francis Ford Coppola est de retour en compétition au festival de Cannes avec son projet fou « Megalopolis ». L’occasion de revenir sur le parcours filmographique d’un des réalisateurs-producteurs US les plus singuliers. Une figure majeure du Nouvel Hollywood qui, afin de donner libre court à ses visions expérimentales et poétiques, aura réalisé certains des plus grands films de commande des studios américains.

Le Parrain, 1972

parrain

Film culte par excellence de Francis Ford Coppola, Le Parrain est immanquablement cité parmi les plus grands films du cinéma mondial. C’est pourtant, au départ, pour sauver les meubles de sa société de production American Zoetrope, crée avec son ami George Lucas en 1969, qu’il accepte cette commande des studios Paramount : l’adaptation du roman de Mario Puzo ou le destin d’une famille mafieuse italo-américaine dans le New York de 1940-1950. Une histoire de famille écrite dans les larmes et dans le sang. Une histoire d’honneur portée par la bande-originale inoubliable de Nino Rota et Ennio Morricone. Une histoire émouvante et puissante doublement incarnée par les performances hors-normes de deux icônes hollywoodiennes : Marlon Brando dans la peau du Parrain, Don Vito Corleone, et Al Pacino, dans celle de son fils Michael Corleone, successeur malgré lui – mais non moins redoutable – à la tête de l’organisation. À leurs côtés quelques autres cadors tels que James Caan, Diane Keaton et Robert Duvall. Le film fait un véritable triomphe à sa sortie en 1972. De quoi ravir les appétits de la Paramount qui commande à Coppola un deuxième volet. Parrain, 2e partie sort en 1974, une nouvelle fois sous des applaudissements triomphants. Au casting, une autre tête d’affiche non moins prestigieuse en la personne de Robert de Niro dans le rôle d’un jeune Vito Corleone. Il faudra attendre 1990 pour voir sortir un troisième et dernier opus, un Parrain épilogue souvent décrié qui comporte néanmoins quelques séquences mythiques – tel que le cri silencieux d’Al Pacino dans un final des plus lyriques ou encore un « cours de gnocchi » des plus sensuels entre deux jeunes comédiens, Andy Garcia et Sofia Coppola.

Conversation secrète, 1974

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Entre deux Parrain Francis F. Coppola prendra le temps de filmer sa somptueuse Conversation secrète, thriller d’espionnage avec lequel il décrochera sa première Palme d’or au festival de Cannes de 1974. Une œuvre plus personnelle dans laquelle Gene Hackman incarne Harry Caul, un homme taciturne, expert en filature et autres écoutes clandestines. Un mouchard professionnel engagé pour suivre et enregistrer les conversations d’un couple, une femme et son amant présumé. Mais voilà l’espion pris à son propre piège et rongé par un profond dilemme moral lorsqu’il réalise que le couple sur écoute pourrait être en danger de mort… Contemporain du scandale du Watergate, ce Conversation secrète résonnera fort au cœur de l’opinion américaine. Plus méconnu de notre côté de l’Atlantique, le film est pourtant un chef d’œuvre de suspense paranoïaque et de mise en scène.

Apocalypse Now, 1979

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Avec Le Parrain, c’est l’autre masterpiece de Francis F. Coppola qui y déroule une vision dantesque de la guerre du Viêt Nam, librement transposée du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres. Apocalypse Now, c’est « l’odeur du napalm au petit matin ». C’est la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner. C’est Martin Sheen en capitaine Willard envoyé dans l’horreur de la jungle afin d’assassiner le colonel Kurtz, accusé d’excès de sauvagerie. Un colonel campé par un Marlon Brando en surpoids au crâne rasé, aussi hallucinant qu’halluciné. En roue libre ou presque – se laissant aller à de nombreuses improvisations –, l’acteur livre l’une de ces compositions les plus extraordinaires. Apocalypse Now est un voyage aussi physique que métaphysique, un trip mystique au cœur de la folie guerrière. Le fruit d’un projet fou et d’un tournage insensé mené par un Coppola perclus d’angoisses, entre accès de mégalomanie et crise paranoïaque. Mais au final, une œuvre à couper le souffle qui vaudra à Coppola sa seconde Palme d’or – ex-æquo avec Le Tambour – au festival de Cannes 1979. À noter la sortie en 2001 par Coppola de la version Redux du film, dans un montage remanié et aux séquences inédites.

The Outsiders, 1983

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Début des années 1980, Coppola n’est pas au mieux côté finances. Il s’agit de renflouer les caisses. Il sort deux films coup sur coup, tous les deux adaptés de romans de S.E. Hinton et tous les deux plantés dans le décor urbain de Tulsa, Oklahoma. The Outsiders, d’abord : l’histoire de deux bandes rivales s’affrontant dans les États-Unis des années 1960. D’un côté les Socs, fils de nantis riches et orgueilleux. De l’autre côté, les Greasers, petites frappes issues des quartiers pauvres de la ville. Une violente bagarre pousse deux d’entre eux, Ponyboy et Johnny, à prendre la fuite. Le début d’un attachant récit d’apprentissage. Certes « mineur », Outsiders est un film profondément touchant qui aura vu l’éclosion de toute une génération de comédiens : Matt Dillon, Rob Lowe, Emilio Estevez ou encore Ralph Macchio (qui tournera Karate Kid l’année suivante) mais aussi Patrick Swayze et Tom Cruise !

Rusty James, 1983

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Toujours à Tulsa, Francis F. Coppola remet ça avec Rusty James. On y retrouve Matt Dillon, 18 ans, dans le rôle de ce Rusty, adolescent désœuvré se rêvant jeune caïd marchant dans les pas de son grand frère, l’ancien chef de gang Motocycle Boy (Mickey Rourke). Blessé lors d’une rixe avec un gang rival, Rusty James doit son salut au retour inattendu de son aîné, bonhomme désabusé, fasciné par les Rumble Fish (titre original du film), ces « Poissons Combattants » capables de se livrer à des batailles parfois mortelles avec leurs semblables… Dans un élégant Noir & Blanc, Coppola poursuit ici son portrait de la délinquance juvénile et à travers lui celui du mal être existentiel de la jeunesse américaine. Un film mésestimé qui témoigne pourtant d’une originalité et d’une belle vitalité.

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Peggy Sue s’est mariée, 1986

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Sur sa lancée de films plus modestes mais baignés d’une vraie fraîcheur créative, Coppola réalise en 1986 Peggy Sue s’est mariée, un délicieux conte moderne sur le passage du temps. Kathleen Turner y porte à merveille le rôle d‘une quadra à la croisée des chemins, en instance de divorce avec son mari Charlie (Nicolas Cage), amour de jeunesse et de sa vie. Mais à l’occasion de retrouvailles lors d’une réunion d’anciens élèves de son lycée, Peggy fait un malaise… et se réveille 25 ans en arrière. Une opportunité surnaturelle pour Peggy Sue de renouer avec l’insouciance de son adolescence mais aussi, littéralement, de refaire son passé pour mieux réparer son présent. Nostalgie, poids du regret et d’un passé idéalisé : Peggy Sue est un mélodrame joyeux et enchanteur !

Dracula, 1992

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« Entrez ici de votre plein gré et laissez-y un peu de la joie que vous y apportez. » On est en 1992, Coppola s’attaque au roman fantastique Dracula de Bram Stoker. Et si le comte a déjà vu sa vie maintes fois racontée au cinéma, le réalisateur parvient à redonner souffle et substance au mythique personnage hématophage. À l’origine de cette folle aventure gothique, on trouve la comédienne Winona Ryder qui, après le rendez-vous manqué pour le Parrain 3, décide de soumettre le scénario au cinéaste. Un, Coppola accepte le script avec joie, deux, il lui confie le rôle de Mina, la jeune fiancée de Jonathan Harker (Keanu Reeves). Quant à Dracula, comment oublier la performance XXL d’un Gary Oldman au charisme hypnotique ! Coppola réussit à ancrer son film dans son époque – le romantisme mélancolique des années 1990 – tout en restant fidèle au matériau brûlant de Bram Stocker. Un remarquable tour de force qui fait de ce Dracula un rêve victorien enfiévré, érotique et violent.

Tetro, 2009

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Coppola n’avait plus porté à l’écran de scénario original depuis Conversation secrète. Avec Tetro, le réalisateur livre une œuvre très personnelle. L’histoire du jeune Bennie Tetrocini (Alden Ehrenreich) serveur sur un navire de croisière qui profite d’une escale en Argentine, à Buenos Aires, pour retrouver son frère aîné Angie Tetrocini, dit Tetro (Vincent Gallo), écrivain. Voilà dix ans que celui a fui la famille, suite à un mystérieux drame familial. Un drame qui se retrouve soudain ravivé par ces retrouvailles fraternelles. Une magnifique tragédie tournée dans un Noir & blanc encore des plus élégants. Un film à l’esprit libre et intimiste en partie inspiré d’éléments autobiographiques. « Rien n’est arrivé mais tout est vrai », s’amusera à confier Coppola.

Twixt, 2011

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Il est encore question d’un écrivain dans Twixt, film toujours très en prise avec les tourments personnels de Coppola : il nous raconte ici l’histoire d’Hall Baltimore (Val Kilmer) auteur en bout de course qui, dans le cadre de sa tournée de promotion dans une petite ville, apprend le meurtre d’une jeune fille. Dans la nuit, un fantôme prénommé V (Elle Fanning) vient hanter son esprit… Rongé de questions, Hall comprend qu’il pourrait bien trouver certaines réponses au cœur de sa propre vie. Avec Twixt, Francis F. Coppola exorcise ses démons les plus intimes, en l’occurrence la souffrance et la culpabilité nées de la perte de son fils Gian-Carlo. Il signe là un film punk et poignant, à la mise en scène complètement dingue et aux acteurs en roue libre. Une œuvre radicale d’un cinéaste qui n’a plus rien à prouver et qui n’a surtout pas envie de plaire à tout le monde. Tant mieux !

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Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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