Cet été, l’une des plus célèbres artistes canadiennes célèbre la réédition de son best of culte The Collection, à paraître en CD et en vinyle le 25 août prochain. Dans le sillage de Tori Amos, de la regrettée Sinéad O’Connor ou de Suzanne Vega, Alanis Morissette a en effet imposé sa voix et son écriture au milieu des années 1990. Retour sur dix chansons emblématiques de cette poétesse rock.
You Oughta Know – 1995
Repérée dès sa prime jeunesse pour ses talents de chanteuse et de danseuse, Alanis Morissette enregistre son premier single dès l’âge de treize ans, avant de devenir une star de « teen pop » en 1991, sous la houlette du producteur Leslie Howe. Mais bien vite, la jeune femme ne se sent pas à l’aise dans ce rôle et décide de quitter la musique commerciale, taillée pour la radio, qu’elle pratique alors. Elle laisse également derrière elle Ottawa et part vers la Californie, pour enregistrer Jagged Little Pill, un album personnel, entre folk, rock et soul, d’où émergent ses plus grands tubes.
Chanson de revanche sur un ex, You Oughta Know représente parfaitement le changement de registre d’Alanis Morissette. Accompagnée de deux membres des Red Hot Chili Peppers de l’époque (Dave Navarro et Flea), la chanteuse canadienne adapte le ton féministe et vindicatif qui fait alors fureur parmi les autrices-compositrices-interprètes nord-américaines. Le titre pop/rock/fusion sera le premier hit d’un disque fondamental des nineties.
Hand in My Pocket – 1995
Basé sur des paroles paradoxales et vantant l’acceptation de soi et la lutte contre l’adversité, Hand In My Pocket orne la discographie d’Alanis Morissette d’un vrai tube rock, efficace et électrique. Deuxième extrait de Jagged Little Pill, la chanson contribue à la réputation de son interprète, vue à partir de 1995 comme une rebelle cool de la scène musicale nord-américaine, en jouant de sa voix suggestive et de son charisme pour mieux ensorceler le public.
Ironic –1995
Aboutissement de la collaboration d’écriture entre Alanis Morissette et Glen Ballard, Ironic est devenu la principale carte de visite de la chanteuse canadienne. Composé autour de paroles évoquant des situations paradoxales (« un bouchon dans lequel vous êtes déjà en retard » « un voyage gratuit déjà payé »), le titre vaut également pour sa mélodie d’une grande limpidité, avec une tension sur tous les couplets et une résolution parfaite sur les refrains. Modèle du tube pop/rock des années 1990, le morceau a été promu à travers un clip tout aussi iconique, montrant un road trip dans un paysage hivernal.
Thank U– 1998
Après avoir vendu des dizaines de millions d’albums en quelques années, Alanis Morissette affronte une certaine pression au moment d’enregistrer la suite. En 1998 paraît ainsi Supposed Former Infatuation Junkie, un album qui s’inspire d’un voyage en Inde mené par l’artiste juste avant le passage en studio. Thank U, s’il n’abandonne pas tout à fait le côté mordant de l’autrice, narre l’élévation spirituelle d’une chanteuse en pleine possession de ses moyens et de ses talents, et aboutit à un joli succès, malgré une approche plus électronique qui a pu déconcerter, à l’époque.
Hands Clean – 2002
Après un triomphe lors de l’émission MTV Unplugged, Alanis Morissette se remet vite à la composition, et écrit Hands Clean en 2001. Le titre dénonce, avant la lettre, l’emprise de certains hommes âgés sur les jeunes filles. Controversée pour son contenu, la chanson réussit pourtant à devenir un succès public et critique et devient le single le plus célèbre de l’album dont il est tiré, Under Rug Swept.
Everything – 2004
Célébrant une certaine maturité, l’album So-Called Chaos voit Alanis Morissette continuer à aborder ses thèmes favoris – le développement de la personnalité, le fait d’avancer face au passé – et d’user d’une même ironie, mais dans une perspective plus lointaine. Le fédérateur Everything, premier single de l’album, en est l’aboutissement, avec son clip collectif et ses paroles empreintes de sérénité.
Not As We – 2008
Single tiré de Flavors of Entanglement, Not As We est une démonstration de force. Alanis Morissette y dévoile les multiples facettes de sa voix, variant les timbres et les inflexions avec une virtuosité sans pareil. Titre à tempo bas, lorgnant le genre de la ballade davantage qu’à l’accoutumée, ce titre tout en douceur doit beaucoup au producteur Guy Sigworth, nouveau collaborateur de la chanteuse canadienne.
Guardian – 2010
Avec la naissance de son premier fils en 2010, Alanis Morissette ne pouvait qu’exalter cette nouvelle vie de mère dans son œuvre. Ainsi Guardian, morceau rock présentant son album Havoc and Bright Lights, parle du fait d’être un « gardien pour la vie » de son enfant, et de la responsabilité d’un parent. Jolie déclaration d’amour à un nouveau-né, le titre marque aussi une certaine « modernisation » du son de l’interprète, ancrée dans une nouvelle décennie de carrière.
Reasons I drink – 2020
Titre ô combien personnel, Reasons I Drink évoque sans ambages les besoins d’Alanis Morissette, et notamment sur la boisson. Pour son premier album en huit ans (Such Pretty Forks in the Road), l’artiste se met véritablement à nu, musicalement et thématiquement, prouvant que son chemin spirituel et psychologique trouve sans cesse des échos dans son œuvre.
The Storm Before the Calm – 2022
Si la compilation The Collection, à paraître fin août, revient sur les années 1995-2005 d’Alanis Morissette, son dernier album en date, sorti en 2022, ne contient aucun hit. The Storm Before the Calm est en effet un disque d’ambient, bande originale dédiée à l’apaisement et à la méditation. Preuve d’un certain virage dans une carrière orientée pop-rock, cet opus à part offre une vraie thérapie à ceux qui suivent la star canadienne dans toutes ces dimensions, qu’elles soient spirituelles ou musicales.