« J’aime les chats, parce que j’aime ma maison et qu’ils en deviennent, peu à peu, l’âme visible. Une sorte de silence actif émane de ces quelques fourrures qui paraissent sourdes aux ordres, aux appels, aux reproches », disait Jean Cocteau. La France compte près de 15 millions de chats. À l’occasion de la journée mondiale des chats, voyons, après les écrivains, comment les chats ont été croqués par les auteurs/dessinateurs de bandes dessinées et de mangas.
Nous l’avons vu dans la partie littérature, le chat prend le pouvoir et s’étire pleinement sur les pages de romans, des poémes. C’est le cas aussi en BD et manga où auteurs et dessinateurs s’en donnent à coeur joie pour croquer et mettre en scène les chats. Il n’y a pas que dans la littérature que le chat rôde et tient le rôle titre.
Garfield (le chat paresseux et narcissique)
Dans les années 1970, Jim Davis crée Gnorm Gnat avec pour personnages, des insectes. Si le talent de Davis est évident, personne ne veut le publier pensant que les insectes ne peuvent pas être des individus auxquels s’identifier. Retenant la leçon, Jim Davis prend en 1978 comme héros un chat à la couleur chatoyante (orange rayé de noir) qu’il prénomme Garfield, nom de son grand-père. Là, le succès est instantané et le nombre de journaux où Garfield apparait ne fera que croitre. Comme son grand-père, ce chat est assez acariâtre. Egocentrique, fainéant, méchant, Garfield passe ses journées à manger (surtout des lasagnes), dormir et persécuter son voisinage, notamment Odie, le chien. Contrairement aux autres chats, Garfield déteste chasser les souris et est même très ami avec elles, allant jusqu’à partager des parties de bridge. Enchaînant, gags sur gags (et pas seulement ceux de Garfield, le maître Jon étant assez haut en couleur aussi), Garfield est devenue la BD la plus lue au monde. On ne compte plus les tomes racontant les aventures de ce gros chat bougon, tyrannique pensant que la gente féline est l’espèce la plus évoluée. Un gros melon quoi !!!
Geluck Le chat (le chat qui vous parle)
Comment ne pas parler bande dessinée et chat sans penser à notre belge préféré, Philippe Geluck. C’est lorsque le journal belge francophone, Le Soir, le contacte pour insérer, en 1983, dans ses éditions de courts strips que Geluck se rappelle d’un chat qu’il avait dessiné sur les cartons de remerciements de son mariage. » Un jour, sur la couverture du carton de remerciements de mon mariage, j’ai dessiné une Madame Chat tout sourire, et à l’intérieur, on voyait Monsieur Chat qui était monté dessus ! C’est comme ça que tout a commencé !« . La popularité de ce chat est immédiate. C’est quelques années plus tard, que Le chat devient héros de BD, en 1986. Ce gros chat gris, qui s’habille comme un être humain, fait des choses semblables aux êtres humains comme conduire une voiture, est le véritable double de Geluck. Cet anti-héros, à la fois attachant, très drôle et parfois quelque peu antipathique, ne se gêne pas pour donner ses opinions sur tout, même sur des questions de politique, de société, … C’est l’irrévérence, la liberté de ton et la bonhomie de ce personnage qui ont façonné le succès de ce chat. Et puis, ce dessin épuré d’un chat debout avec ce doigt pointé vers le lecteur laisse place à un dialogue direct entre le chat et le lecteur. Ce chat vous regardant et vous parlant droit dans les yeux, associé au talent de Geluck, fait de Le chat, un des chats les plus populaires.
Le chat du Rabbin (le chat philosophique)
Pour Le Chat du rabbin, bande dessinée emblématique de Joan Sfar, l’auteur s’est inspiré de son propre chat Imotep. En observant son chat oriental, ses grands yeux verts, son regard intense, ses miaulements récurrents, Sfar avait la curieuse impression qu’il voulait parler. C’est ainsi que naît un chat dans l’Algérie d’avant l’indépendance. Ayant mangé un perroquet, ce chat parle tout le temps et surtout dit ce qu’il pense. Avec une totale liberté de parole, ce chat ne cesse de remettre en question les préceptes du judaïsme de son maître. C’est en 2002 que paraît La Bar-Mitsva, le 1er tome de la série. Ces dialogues, à la fois drôles et philosophiques, ont tout de suite fait mouche. Le chat du Rabbin rencontre depuis, succès critique et commercial et a permis à Joan Sfar de se placer comme l’un des dessinateurs majeurs de sa génération. Tellement populaire, le chat du Rabbin a non seulement été adapté en long-métrage en 2011 mais en pièce de théâtre par deux fois (Camille Nahum en 2004 et Sarah, Xénia Marcuse en 2014)
Blacksad (le chat détective)
Si vous aimez les ambiances de film noir des années 50 et la BD, ouvrez les pages de cette série culte Blacksad. La grande inspiration des créateurs vient des films de Woolrich, du Faucon maltais de John Houston, des romans noirs de Chandler, … Les personnages sont des animaux anthropomorphes. Le héros principal est un chat noir, détective privé, solitaire, comme tout detective qui se respecte. Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido, les créateurs de Blacksad, tous deux passionnés de dessin et d’animation, se rencontrent en 1990 dans les studios d’animation Lapiz Azul. Le premier volume sort chez Dargaud en 2000. Le dessin et les couleurs sont époustouflants de qualité et la narration finement ciselée. « Avec Blacksad, les auteurs réussissent paradoxalement à signer une série tout à la fois rétro et étonnamment moderne », écrit Patrick Gaumer, journaliste spécialiste de la bande dessinée. Il voit d’emblée une série qui se hisse au rang de best-seller, un futur classique.
Simon’s cat (le chat mi-ange, mi-démon)
Simon’s cat est venue de l’idée d’un propriétaire de chats Simon Tofield. Illustrateur et spécialiste de l’animation, Simon poste une première vidéo sur YouTube en 2008. Il s’inspire d’une situation que beaucoup de propriétaires de chat connaissent, celle d’un chat qui harcèle et finit par réveiller son maître très, très tôt le matin désirant avoir absolument sa pâtée. Cette vidéo cartonne tout de suite. En viennent plusieurs autres, toutes trouvant le succès. Tant et si bien, que Simon Tofield monte toute une équipe de production pour faire évoluer encore plus professionnellement son projet. Imaginatif, drôle, Simon Tofield explore à travers Simon’s cat la relation d’un chat et de son maître. Et des situations, il en connaît beaucoup puisque 4 chats habitent chez lui (Jess, Maisy, Hugh, Teddy) Les situations parlant directement au spectateur, pas étonnant, que cette magie, issue des vidéos, ait été prolongée aussi par une série de livres en 2009. Ce chat, c’est le chat que tout le monde s’imagine avoir ou presque.
Chi (manga) (le mignon petit chat de la famille)
Dans un autre registre et dressant le portrait d’un chat au sein d’une famille, Chi. Ce manga met en scène des événements significatifs de la vie d’un chat comme faire la connaissance d’un autre animal domestique à 4 pattes, un chien, apprendre la propreté, j’en passe et des meilleurs. Comme vous vous en doutez, l’autrice, Konami Kanata, aime les chats et a décidé de capter, en 2004, toutes les observations qu’elle a pu faire en voyant évoluer le chaton de son fils de 4 ans. Le récit est tendre, doux, drôle. Même si les histoires sont courtes, la narration est travaillée, soignée. Il n’y a pas de dialogues avec les personnages de la famille mais le lecteur peut subtilement entrer dans le ressenti de cette attachante et drôle chatte qui, sous ses airs câlins, a aussi du caractère. Normal, sinon ce n’est pas un chat … Manga très réputé depuis sa parution en 2008 au Japon et 2013 en France, Chi s’est vite imposé pour un public d’abord jeune mais pouvant plaire aussi aux plus âgés. Fait marquant, en France, ce manga se lit, à la différence des autres mangas, de la 1ère page à la dernière et pas de la dernière à la 1ère (à l’envers si vous préférez).
Putain de chat de Stéphane Lapuss (le chat très très malicieux)
On imagine souvent les chats tendres, câlins, drôles mais qu’est-ce qu’il se cache dans leurs têtes ? Nous veulent-ils vraiment que du bien ? Ou au contraire, veulent-ils nous en faire voir de toutes les couleurs ou même pire veulent-ils notre malheur ? C’est ce que pense ou en tout cas met en scène et dessin Stéphane Lapuss, un dessinateur belge. Extrêmement irrévérencieux, certains pourraient le trouver vulgaire carl’auteur n’y va certes pas de mains mortes dans la fourberie, la malice de ce Putain de chat. Plutôt que la douceur des pattes de velours, l’auteur préfère faire sortir les griffes et les crocs à ce matou. Pour celles et ceux qui aiment l’humour noir.
À Freddie, Anaïs, Sydney, Enola et Jodie…
À Alexandra, Cindy et Victoria, des vétérinaires formidables