C’est l’événement rock de cet été : le quatuor britpop Blur, légende des années 1990, se reforme pour un album, The Ballad of Darren et une grande tournée, huit ans après leur dernier enregistrement. De quoi remettre à l’honneur une formation qui publie de petits chefs-d’œuvre en singles depuis trente ans. En voici dix parmi les plus représentatifs.
She’s So High – 1991
Arrivés à une période de transition dans l’histoire du rock anglais, les quatre garçons de Blur – Damon Albarn, Graham Coxon, Alex James, Dave Rowntree – ont vu passer l’indie pop (The Smiths) et la scène Madchester (Happy Mondays) et débarquent au même moment que les groupes de shoegaze, comme My Bloody Valentine. Difficile, dès lors, de classer leur premier single, She’s So High, qui emprunte légèrement à ces trois genres. Extrait de leur disque, Leisure, le titre anticipe une carrière pleine de rebondissements et de changements d’ambiance.
For Tomorrow – 1993
Dès leur deuxième album, Modern Life is Rubbish, Blur trouvait un message et une forme véritablement originale. Sur le premier single, For Tomorrow, l’idée d’une pop vantant un certain esprit british habillée d’une musique nostalgique et mélodique crevait l’écran, installant le quatuor londonien parmi les groupes les plus hypes du Royaume-Uni.
Girls & Boys – 1994
Un an après l’album Modern Life is Rubbish, c’est Parklife qui installait définitivement Blur au sommet. Et leur offrait un tube intemporel, Girls & Boys, mélodie allègre autour de l’ambiguïté de genre. Construit sur une rythmique dance-pop et un riff lancinant de synthétiseur, le titre est incroyablement dansant, son refrain catchy, et a parfaitement supporté trois décennies de diffusion. Au panthéon de la britpop, le titre est d’ailleurs régulièrement cité auprès de quelques autres hymnes des années 1990, comme Animal Nitrate de Suede, Common People de Pulp ou Alright de Supergrass.
Parklife – 1994
Single ayant suivi Girls & Boys, Parklife fait revenir les guitares sur le devant de la scène, tout en proposant une sorte de vignette de la vie absurde autour des parcs londoniens. Incluant un texte lu par Phil Daniels, de nombreuses références (dont l’accent) à la vie dans la capitale anglaise, et une bonne dose d’humour, le morceau raconte aussi, musicalement, le melting-pot de la pop britannique, avec des cuivres venus du ska et des accords de piano sortis tout droit du glam-rock.
Country House – 1995
En 1995, un groupe fait de l’ombre aux « fellas » hype de Londres. Les Mancuniens d’Oasis, avec leurs titres rentre-dedans, leurs frasques, leur arrogance teintée de nonsense, dament le pion à Blur, Liam Gallagher n’hésitant même pas à provoquer Damon Albarn sur le terrain de la vie privée… La rivalité atteint un tel degré que les labels respectifs des deux groupes participent à l’escalade, acceptant une « bataille » : Oasis et Blur programment la sortie d’un single le même jour, les chiffres de vente devant départager les deux formations. Très médiatisé, ce combat tourne court pour Oasis, puisque Blur vend davantage d’exemplaires de Country House, jolie chanson festive à propos des maisons de campagne et du mode de vie rural, qu’Oasis avec son tube Roll With It. Mais la bataille n’est pas la guerre, et avec la sortie de (What’s The Story) Morning Glory, la bande des frères Gallagher s’attirera plus de fans qu’Albarn et les siens avec le disque The Great Escape.
Song 2 – 1997
Ce devait être à l’origine une blague, un riff de guitare saturé joué comme un guitariste débutant. À l’arrivée, Song 2 demeure le morceau le plus connu de Blur. La formation réussit en effet à imposer là un mur sonore digne du rock américain le plus lourd, tout en gardant une certaine espièglerie. Dernier grand disque de l’histoire de la britpop, avec Urban Hymns de The Verve, l’album Blur contribue à la légende du quatuor londonien, par son caractère à la fois accessible et expérimental.
Coffee & Tv – 1999
Au cours des années, Blur a changé plusieurs fois de style, ce qui aboutit notamment à l’album 13 en 1999, très influencé par le rock alternatif américain du début de la décennie. Un disque qui fait également la part belle à l’écriture du guitariste Graham Coxon, qui chante d’ailleurs le très beau single Coffee & TV, mélange de folk-rock seventies, de power-pop et noise rock. Encore très présent sur scène, le quatuor s’arrête quelque temps au début du troisième millénaire, le temps pour Damon Albarn de fonder Gorillaz.
Out of Time – 2003
Blur retrouve le chemin des studios en 2002, mais un changement de taille intervient : Graham Coxon, en proie à des problèmes d’addiction, quitte le groupe pendant les sessions de Think Tank, malgré sa contribution à quelques titres. Sur le single, Out of Time, le groupe subvertit une timide ballade acoustique en étrange morceau psychédélique, s’appuyant sur un orchestre marocain et des mélodies orientalisantes pour rendre la mélodie légèrement décalée. Un pas de côté particulièrement réussi.
Ghost Ship – 2015
Après Think Thank, Blur est mis en pause, n’apparaissant plus qu’en live, à l’occasion d’événements comme leurs grands concerts à Hyde Park en 2009 ou en 2012. Il aura fallu une annulation de tournée japonaise en 2013, pour que le groupe reprenne le chemin des studios, à Hong Kong. L’album qui a été enregistré là se nomme The Magic Whip et concentre quelques perles, comme Ghost Ship, un titre groovy qui renoue avec le meilleur de la formation et se nourrit des expériences solo des différents membres.
The Narcissist – 2023
Graham Coxon avec The Waeve, Dave Rowntree avec son premier album solo, Radio Songs, Damon Albarn en solo et avec Gorillaz… Les membres de Blur ne manquent pas d’occupation ces derniers mois. Pourtant, ils se sont à nouveau réunis ce printemps pour enregistrer quelques titres comme l’émouvant The Narcissist. Un morceau pour le moins classique dans leur discographie, rappelant leurs débuts ; et un premier extrait à succès pour le disque The Ballad of Darren, un nouvel album événement.